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GALLAND, Antoine.
Les Mille et Une Nuit
[sic].
Contes arabes, traduits en François par Mr. Galland.
Nouvelle édition corrigée.
Paris, par la Compagnie des Libraires, 1745-1747.
6 volumes in-12 : veau blond, dos à nerfs ornés, pièces d’armes dorées dans les angles des plats,
tranches filetées or, bordures intérieures décorées, tranches rouges
(reliure de l’époque).
Troisième édition de la célèbre traduction d’Antoine Galland.
Les éditions en six volumes publiées dans la première moitié du XVIII
e
siècle, à partir de 1726, sont
toutes recherchées en raison de l’extrême rareté de l’édition originale, dont les douze volumes ont
paru sur une douzaine d’années chez trois éditeurs différents.
Le tome IV est ici daté de 1745 ; les cinq autres tomes sont à la date de 1747. Il s’agit de toute
évidence d’une remise en vente de l’édition de 1745 avec de nouveaux titres.
L’Orient rêvé enfin dévoilé.
Cette admirable version française – la première adaptation des
Mille et Une Nuits
dans une langue
occidentale – connut un succès extraordinaire dès sa première publication à Paris de 1704 à 1717,
imposant aussitôt la mode du conte oriental dans toute l’Europe.
“Cette œuvre offre l’insigne particularité d’avoir connu le jour en Orient, mais la célébrité
en Europe. Conçu, on l’a dit, comme un délassement, le livre de Galland devait s’avérer,
au fil des ans, l’une des sources essentielles de la connaissance des mœurs et des mentalités du
Proche-Orient médiéval. Rares, en tout cas, sont les œuvres qui, autant que celle-là, connurent
un succès immédiat, considérable, universel et constant. L’entreprise de Galland suscita, en de
nombreuses langues, une foule d’autres traductions, à partir de sa version même ou d’autres
manuscrits, des éditions, des recherches inépuisables : le
délassement
était encore une œuvre de
savant” (André et Janine Miquel).
L’orientaliste Antoine Galland (1646-1715) travailla à partir d’un manuscrit libanais renfermant
des contes en majorité persans traduits en arabe à la fin du VII
e
siècle. Il y ajouta des récits tirés
de manuscrits variés – dont les cycles de
Sindbad
et d’
Ali Baba
– et des contes transmis oralement par
Hanna Diab, un Maronite qui lui avait été présenté en 1709 par le voyageur Paul Lucas.
Le personnage de Shéhérazade, dont l’histoire sert de fil conducteur aux
Mille et Une Nuits
, fut doté
par Galland de traits empruntés à Mme d’Aulnoy et à la marquise d’O, dédicataire de l’ouvrage et
fille de Guilleragues, ancien ambassadeur de Louis XIV en Turquie, qui avait permis le troisième
séjour de Galland au Levant.
Une fortune littéraire hors du commun.
“L’orientalisme dont est marqué le XVIII
e
siècle français sort tout droit et pour ainsi dire tout de
suite des
Mille et Une Nuits
, depuis les
Lettres persanes
, qui paraissent en 1721, trois ans seulement après
les deux derniers volumes de Galland, jusqu’aux romans dits philosophiques de Voltaire, tels
Zadig
en 1748 ou
La Princesse de Babylone
en 1768, sans oublier les polissonneries de Crébillon fils (
Le Sopha
,
1740) et de ses innombrables imitateurs, dans la masse desquels se distingue le Diderot des
Bijoux
indiscrets
(1748). Bien plus qu’une simple traduction, ce fruit tardif et monumental des veilles d’un
savant consciencieux, modeste et solitaire, est en réalité un des plus authentiques chefs-d’œuvre de
la fin du règne de Louis XIV” (
Patrimoine littéraire européen
VIII, Bruxelles, 1996, p. 1000).