Previous Page  100-101 / 308 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 100-101 / 308 Next Page
Page Background

861

RABELAIS, François.

La Plaisante, et Joyeuse Histoyre du grand geant Gargantua

. Prochainement reveue &

de beaucoup augmentée par l’autheur mesme.

Suivi de

:

Second livre de Pantagruel

, roy des Dipsodes, restitué à son naturel : avec les faictz & prouesses

espouventables. Plus les merveilleuses navigations du disciple de Pantagruel, dict Panurge.

Suivi de :

Tiers livre des faictz, et dictz heroiques du noble Pantagruel

. […]

Suivi de

:

Le Quart livre des faictz & dictz Heroiques du noble Pantagruel

.

Valence, Claude La Ville,

1547-1548

[Genève ?, vers 1600 ?].

4 parties (les deux dernières à pagination continue) reliées en 2 volumes in-16 [113 x 73 mm] de 246 pp.,

la dernière non chiffrée, (5) ff. blancs ; 320 pp. titre compris [la

Pantagrueline prognostication

et le

Voyage

& Navigation de Panurge

, qui occupent les pp. 215-320, sont reliés en tête du tome II] ; 349 pp., (1) f.

blanc pour la troisième partie [le

Quart livre

, qui occupe les pages [281]-349, est précédé d’un titre

particulier] : maroquin rouge, dos à quatre nerfs richement ornés à petit fer, large dentelle dorée

“à La Vieuville” encadrant les plats avec armes dorées au centre, coupes décorées,

doublures de maroquin

rouge

encadrées d’une roulette, de deux filets et d’une large dentelle fleurdelisée dorés, tranches

dorées sur marbrures

(reliure de la fin du XVII

e

siècle)

.

Édition illustrée des quatre premiers livres de Rabelais.

Elle porte sur les titres l’adresse et la date de la première édition collective (Valence, 1547) mais

elle a été imprimée une cinquantaine d’années plus tard : elle est généralement attribuée à des presses

genevoises vers 1600, mais pourrait avoir été imprimée à Rouen vers 1610 ou 1620.

Les deux premiers livres suivent le texte de l’édition Dolet de 1542, le troisième celui de Lyon, 1546.

Le

Quart livre

est publié d’après l’édition de 1548.

L’illustration, gravée sur bois, comporte 166 vignettes tirées dans le texte (nombreuses répétitions).

Exemplaire ravissant, relié à la fin du XVII

e

siècle pour un des Curieux, en maroquin

doublé orné de la dentelle dite “à La Vieuville”.

On connaît aujourd’hui une trentaine de spécimens de ce type de reliures exécutées par Luc-Antoine

Boyet vers 1690-1710. Elles étaient destinées à l’un des membres de la famille La Vieuville, “soit le

marquis René François de La Vieuville (1652-1719), soit, plus probablement, son frère cadet le bailli

Jean de La Vieuville, dont un certain nombre de livres ont pu passer à sa mort, en 1714, à son frère

aîné. L’un et l’autre appartenaient au petit cercle des “curieux” qui s’est développé à Paris à la fin du

règne de Louis XIV et dont l’activité anticipe le grand mouvement bibliophilique du plein XVIII

e

siècle” (Jean-Marc Chatelain).

Ce groupe, qui comptait également Jérôme Duvivier – l’ami de La Fontaine – et Antoine Leriche,

a fait l’objet d’une exposition au Musée Condé de Chantilly en 2002, sous la direction d’Isabelle de

Conihout et de Pascal Ract-Madoux :

Reliures françaises du XVII

e

siècle, grands décors et reliures pour les curieux

.

La Bibliothèque Mazarine conserve un second exemplaire de cette édition antidatée de Rabelais,

en maroquin olive, aux armes de René-François de La Vieuville ; si bien que l’exemplaire proposé ici

revient vraisemblablement à son frère Jean.

Le titre de la première partie porte en tête une note manuscrite à destination du relieur : “

doublé dehors

et dedans 2. v

[olumes].” Jean-Marc Chatelain cite deux autres reliures La Vieuville comportant cette

indication manuscrite.

Le Rabelais

d’un Curieux,

somptueusement

relié en

maroquin

doublé

à La Vieuville

Par ailleurs, la

Pantagrueline prognostication

et le

Voyage & Navigation de Panurge

, qui forment les pages

215 à 320 du

Second Livre

, ont été reliés en tête du tome II afin d’obtenir deux volumes d’égale

épaisseur, témoignant d’un souci bibliophilique remarquable.

Aux armes de Le Fèvre de Caumartin.

Intendant des Finances puis conseiller d’État, Louis-Urbain Le Fèvre de Caumartin (1653-1720)

fut un des amateurs les plus raffinés au tournant des XVII

e

et XVIII

e

siècles. Sa bibliothèque de Saint-

Ange, près de Fontainebleau, était renommée : Guigard fait observer qu’il avait pour habitude de

faire dorer ses armes sur les livres déjà reliés dont il faisait l’acquisition ou qui lui étaient offerts,

ajoutant son ex-libris armorié gravé, comme ici.

Les feuillets blancs de la première partie contiennent une longue notice manuscrite à l’encre de la fin

du XVII

e

siècle retraçant la vie de Rabelais ; elle s’achève sur le dernier feuillet chiffré et les feuillets

blancs du second volume.

Quelques rousseurs ; manque angulaire de papier au feuillet B

3

du

Tiers livre

, sans perte de texte.

Provenance :

Jean de La Vieuville

, pour qui la reliure a été exécutée.-

Louis-Urbain Le Fèvre de Caumartin

(1653-1720), avec armes sur les plats et ex-libris armorié gravé.-

Henri Bonnasse

, avec ex-libris.

-

Pierre Berès

(cat. IV, 2006,

Le Cabinet des livres

, nº 32).

Rawles & Screech,

A New Rabelais Bibliography

, nº 39.- Chatelain,

Livres du Cabinet de Pierre Berès

, 2003, n° 10 : cet exemplaire.

- Conihout & Ract-Madoux,

Reliures françaises du XVII

e

siècle. Chefs-d’œuvre du Musée Condé

, 2002, pp. 64-69.- Chatelain,

La Bibliothèque de l’honnête homme : livres, lectures et collections en France à l’âge classique

, p. 133-134 et p. 155, ill. n° 40 :

“On connaît aujourd’hui, en reliure doublée ou non, vingt-sept ouvrages ornés d’une dentelle La Vieuville. À l’exception d’une édition

en italien, il s’agit toujours de textes en français, où Rabelais voisine avec Pétrone, les livres à figures avec des textes historiques du

XVII

e

siècle, les mystères d’Arnoul Gréban avec de modernes nouvelles galantes et historiques, donnant ainsi une image fidèle de ce

que pouvait être, dans toute sa diversité, l’esprit de curiosité en matière de livres chez un amateur de la fin du règne de Louis XIV,

quand recherche des livres anciens et goût littéraire restaient encore étroitement solidaires.”

40 000 / 60 000 €