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Les Halévy, une famille française
É
CRIVAIN
, L
UDOVIC
H
ALÉVY
(1834-1908) est l'auteur des livrets des plus célèbres opéras
d'Offenbach (
La Belle Hélène
,
La Vie parisienne
, etc.), la plupart écrits en collaboration avec
Henri Meilhac, et travailla également pour Bizet (
Carmen
) ou Delibes (
Les Eaux d'Ems
). Il fut
élu à l'Académie française en 1884, et laissa 55 volumes de carnets constituant une source
essentielle sur la vie théâtrale de son temps. D'une famille d'origine juive allemande alliée
à des catholiques et des protestants, sa fin de vie fut assombrie par l'antisémitisme : comme
Fernand Gregh l'écrivit à Daniel Halévy, « il avait l'affaire Dreyfus ».
D'
AUTRES
PERSONNALITÉS
CONTRIBUÈRENT
AUSSI
À
RENDRE
ILLUSTRE
LA
FAMILLE
H
ALÉVY
:
le grand-père de Ludovic,
É
LIE
H
ALÉVY
, fut un écrivain et érudit hébraïsant, son père
L
ÉON
H
ALÉVY
fut un écrivain et un disciple
de Saint-Simon, son oncle
F
ROMENTAL
H
ALÉVY
fut un des grands compositeurs du siècle, son
cousin Lucien-Anatole
P
RÉVOST
-P
ARADOL
fut un journaliste et homme politique de renom,
membre de l'Académie française, sa cousine
G
ENEVIÈVE
H
ALÉVY
, fille de Fromental, épousa
le compositeur Georges Bizet puis l'avocat Émile Straus et tint un des plus fameux salons
littéraires et artistiques parisiens du temps, ses propres fils
É
LIE
ET
D
ANIEL
H
ALÉVY
furent l'un
historien et philosophe, l'autre historien, essayiste et éditeur. La famille Halévy fut en outre
liée à d'autres figures de renom : Léon Halévy épousa la fille de l'architecte Louis-Hippolyte
L
E
B
AS
, d'une famille elle-même liée aux architectes Antoine-Laurent-Thomas
V
AUDOYER
, Léon
V
AUDOYER
et Eugène
V
IOLLET
-L
E
-D
UC
; Ludovic Halévy épousa Louise
B
RÉGUET
, issue d'une
célèbre famille d'horlogers et d'inventeurs suisses, cousine du chimiste et ministre Marcellin
B
ERTHELOT
, membre de l'Académie française, et tante du constructeur et aviateur
L
OUIS
B
RÉGUET
; par son mariage, Daniel Halévy devint le beau-frère de l'écrivain et critique d'art
J
EAN
-L
OUIS
V
AUDOYER
, également membre de l'Académie française.
Une vie en images
Cet ensemble comprend plusieurs séries, de natures distinctes.
L'
ALBUM
N
° I,
dont les clichés
datent des années 1860 à 1880, renferme essentiellement des portraits posés pris par des
professionnels, Carjat, Disdéri, Nadar, Reutlinger, etc., avec légendes de la main de Ludovic
Halévy. Il s'agit de proches de celui-ci, et de diverses personnalités en rapport ou non avec
lui. Quatre de ces portraits portent un envoi autographe signé – de Dumas fils, de l'auteur
dramatique William Busnach, de la comédienne Mademoiselle Georges et du critique,
décorateur et directeur de théâtres Émile Perrin.
L'
ALBUM
N
° II
renferme des clichés avec légendes manuscrites d'une autre main datant de
1891 et 1892 : il a probablement été constitué par Madame Straus ou un proche de celle-ci
pour Ludovic Halévy, car il comprend principalement des portraits d'elle et de personnes
gravitant autour d'elle, pris lors d'une villégiature dans sa villa d'Évian.
Viennent ensuite 3 albums légendés de la main de Ludovic Halévy, constituant 2 séries qui
se recoupent en partie par leur chronologie et leurs sujets : les
ALBUMS N
° III
ET
IV
(1893-1896,
1896-1897), et d'autre part l'
ALBUM
N
° V
(1893-1901). Ce double emploi pourrait s'expliquer
par le fait qu'à cette période Ludovic Halévy partageait sa vie entre son domicile parisien
rue de Douai et sa résidence de campagne à Sucy-en-Brie et aurait pu vouloir disposer de
photographies en permanence dans ces deux endroits. Certaines photographies ont été prises
par d'autres personnes, parfois indiquées dans les légendes, par exemple Madame Howland
et Jacques Bizet (dans un style proche du pictorialisme), ou surtout Edgar Degas. Dans leur
majorité, cependant, les clichés ont été pris par Ludovic Halévy et son épouse Louise. Les
progrès techniques en matière d'appareils photographiques dans les années 1880 (procédé
des négatifs verre au gélatino-bromure d'argent réduisant le temps de pose, apparition des