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ACADÉMIE FRANÇAISE

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FARET Nicolas

(1600-1646) historien, poète, et

administrateur ;

membre fondateur

de l’Académie française

dont il rédigea les statuts [AF 1634, 9

e

 f].

L.A.S. « Faret », Toulon 26 juin 1639, à François de

BOISROBERT, abbé de Châtillon, « pres Monseigneur le

Cardinal en Court » ; 3 pages grand in-fol., adresse avec

cachets de cire rouge sur lacs de soie verte (petites fentes

aux plis, un bord un peu effrangé).

1 000 / 1 500 €

Rare et longue lettre sur la marine et les galères au port de Toulon

.

[Faret fait notamment l’éloge d’Armand de Maillé, marquis de BRÉZÉ

(1619-1646), fils du maréchal de Brézé, neveu du cardinal de Richelieu,

grand maître de la navigation et grand maître des galères.]

Un mistral furieux ayant incité le bailli de FORBIN à retarder la mise

à la mer des galères, Faret a profité du séjour à Toulon pour rendre

souvent ses devoirs au marquis de Brézé, « neveu de nostre Maistre […]

Jay remarqué en luy une grande docilité, et un grand desir daprendre,

que vous scavez estre en ceux de son âge des marques infaillibles

de reussir aux choses ausquelles ils sapliquent. Il est bien aise et

desire que M

r

le Bailly de Fourbin luy fasse entendre les raisons

des ordres principaux qui se donnent, et quand M

r

le Bailly a trop

d’affaires, je lay veu s’en entretenir avec les Cap

nes

et autres officiers

qui scavent le mieux le mestier. Je luy ay veu aussi pratiquer envers

tous ceux qui le sont venu saluer une douceur et une courtoisie

qui jointes a la presence agreable que vous scavez qu’il a, et a ses

autres qualitez, luy gaignent autant de cœurs, qu’il y a de personnes

qui l’abordent »… Le jeune homme demande des éclaircissements

et écoute les réponses sans interrompre – ce qui est « fort rare aux

jeunes gents qui ont quelque vivacité d’esprit jointe a une grande

fortune » –, et il est résistant à la fatigue. Faret raconte une récente

sortie par « Ponent si gaillard » que même les plus éprouvés étaient

pâles et souffraient de la tête, « et les chiourmes mesmes avoient

des defaillances de cœur plus que de bras » : « Jarrivay sur la capi-

tane dans cette espece de consternation, pour rendre à Monsg

r

le

Marquis des lettres de Monsg

r

le Comte […]. Je le trouvay debout sur

la pouppe, sans aucune aparence desmotion d’un si rude aprentis-

sage, bien que la vehemence du vent et de la vague – car les galeres

demeurerent mouillées hors la darse – contreignist presque tous les

autres a demeurer couchez ou a descendre dans les chambres »… Le

jeune homme s’est entrentenu avec lui, puis les consuls de Toulon,

les officiers du régiment des galères en garnison, etc., « parlant aux

uns et aux autres jusqu’à la nuit, et ayant tousjours la teste nuë dans

le mauvais temps sans tesmoigner jamais ny chagrin ny impatience.

Durant trois jours et trois nuits qu’il a fait un vent a rompre les cables,

la plus part des officiers n’ayant presque bougé de terre, il n’y est

descendu que deux fois pour ouyr seulem

t

la messe, et quand on

l’y a voulu retenir il a tousjours dit qu’il vouloit s’amariner de bonne

heure »… Faret apprend qu’il a donné très jeune, des preuves de très

grand courage : « M

r

d’Arpajon me disoit cet hyver a Paris, qu’il l’avoit

veu en lieu d’où lon ne revient gueres sans en raporter des marques »…

Provenance

 : ancienne collection FEUILLET DE CONCHES (26-29

avril 1875, n° 274), citée par Raoul Bonnet qui précise : « Les lettres

de Faret sont très rares ».

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