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ACADÉMIE FRANÇAISE

la venue de M. MORAINVILLE a Quito je

tacheray de reparer par mes journées le tems

perdu. […] Le banc sera posé et l’instrument

suspendu quand j’arriveray & ce que jespere

vû les instructions amples que jay donnees a

Morainville et le jour même de mon arrivée

fusse la nuit je prendray les hauteurs neces-

saires pour avoir une meridiene »…

643

LA CONDAMINE Charles-Marie de

(1701-1774) explorateur et scientifique

[AF 1760, 23

e

 f].

L.A.S. « La Condamine », Quito 17 août

1742, à Pierre BOUGUER, « Don Pedro

Buguer de la Real academia de las

Ciencias de Paris &c » à Cochesqui ; 2

pages et demie in-4, adresse.

1 500 / 2 000 €

Intéressante lettre à son confrère lors de

leur mission à l’Équateur pour mesurer

l’arc du méridien.

Il a passé cinq jours à Pitchincha parce que sa

pendule s’est arrêtée : « j’ay apelé M. HUGOT

aux feuilles de la Sybille » ; il le « somme »

de s’acquitter de ses engagements… Enfin

il conclut cette missive querelleuse en se

déclarant « mortifié » : « en voulant vous

engager au present voyage jay solicité d’etre

votre disciple en geometrie et je nay rien

tant desiré. Mais je vous ai vû proceder avec

moy avec autant de reserve que si j’etois en

etat d’entrer en lice avec vous »… Bouguer

a vu tout ce qu’il a envoyé à l’Académie

en matière de géométrie. « La protestation

que fait M. le marq. de L’Hopital dans sa

preface a l’egard de M. BERNOULLI ce ne

[l’horloger de l’expédition] au secours elle

nestoit que sale et le remede a eté promt ».

Il est content de son expérience « du pendule

invariable » sur une montagne… Il relate les

difficultés pour avoir une couronne vernie, et

se plaint avec humour des fripons d’ouvriers,

des Indiens et des Espagnols, qui retardent

leurs projets… Il propose plusieurs itinéraires

pour aller à la rencontre l’un de l’autre. « Je

me suis dit et redit cent fois tout ce que vous

me representés je vous prie d’en etre bien

persuadé, si javois pû tout disposer pour

mon départ jaurois sacrifié l’exp

e

du pen-

dule a grand regret mais elle ne ma pas fait

perdre un mom

t

. Ce sont les pyramides qui

ont été cause de tout et j’avoue qu’elles sont

cause de mon retardement du moins depuis

sera jamais que faute d’etre averti ou de

pouvoir deviner que je ne publieray pas asses

tout ce que vous est dû et qu’il vous restera

sur cela quelque chose a desirer de moy.

Nous ne sommes pas icy comme vous savés

dans le pays des sciences et des profondes

connoissances et tel que je suis je crois

sans pouvoir en tirer de vanité etre icy plus

a porter quaucun autre, sauf quelqu’un peut

etre qui ne fait pas profession detre votre

panegyriste de juger sinon parfaitement du

moins avec quelque connoissance de cause

de vos grands talents. Si a Quito et a Lima

des gens qui ne vous ont jamais vû et qui

ne sont pas en etat dentendre vos ouvrages

nignorent pas que vous etes un des premiers

geometres d’Europe et beaucoup d’autres

choses en quoy on vous rend justice vous

me devés au moins celle de croire que je

ny ai pas nui »…

Sur la dernière page, 8 lignes autographes de

Pierre BOUGUER, bref brouillon de réponse.

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