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ACADÉMIE FRANÇAISE

899

COCTEAU Jean

(1889-1963) [AF 1955, 31

e

f].

MANUSCRIT autographe signé « Jean Cocteau »,

L’Académie est-elle une vieille dame ?

, [1955] ; 4 pages

in-4 au crayon, avec ratures et corrections.

1 000 / 1 200 €

Beau texte rédigé en apprenant son élection à l’Académie française

le 3 mars 1955

.

«

L’Académie est-elle une vieille dame ?

Si c’est une vieille dame je la félicite d’avoir toujours reçu chez elle

ce qu’il y a de mieux – et même si elle se montrait injuste et hautaine

– ce qu’il y avait de mieux faisait tout pour aller chez elle.

Et, du reste, je suis trop chinois pour ne pas respecter la vieillesse

et pour imiter la jeunesse qui se moque des vieux comme on se

moquera d’elle demain »…

Il vient de rentrer de l’Engadine et c’est la première nouvelle qu’il

apprend. « Je n’aime pas le style à la mode qui consiste à feindre

de mépriser ce qu’on recherche par crainte d’avoir l’air enthousiaste,

c’est à dire naïf. […] En ce qui concerne l’Académie Française, je

serais ridicule d’en parler de haut. Elle est, en France, ce qui reste

de mieux dans un monde qu’un monde nouveau n’a pas encore eu

la force de remplacer ».

Il termine par la phrase de NIETZSCHE : «

Malheur à moi, je suis

nuance

. C’est ce malheur dont je lui demandai d’être digne, hier matin

même, à Sils Maria en ramassant un peu de neige sainte devant la

porte de sa maison ».

L’Académie française au fil des lettres

, p. 300-303.