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212

les collections aristophil

1177

ZOLA Émile

(1840-1902).

MANUSCRIT autographe,

Notes

parisiennes

, Paris 23-24 juin [1876] ;

8 pages in-8 sur 8 ff de papier surfin

bleu (un feuillet découpé pour

l’impression et réparé anciennement),

montés sur onglets et reliés

cartonnage bradel demi-vélin vert

amande.

2 000 / 2 500 €

Chronique sur la réception de Jules Simon

à l’Académie française

.

[Élu le 16 décembre 1875 au fauteuil de

Charles de Rémusat, Jules SIMON (1814-

1896) fut reçu sous la Coupole le 22 juin

1876 par Charles de Viel-Castel. Les

Notes

parisiennes

de Zola étaient publiées dans

le journal

Le Sémaphore de Marseille

. Le

manuscrit, qui a servi pour l’impression,

présente quelques ratures et corrections.]

Les deux premières pages (chiffrées 6 et 7),

datées « Paris 23 juin », parlent du temps :

« Hier, nous avons eu trente-deux degrés de

chaleur. C’est une température bien élevée

pour les Parisiens » ; un orage a éclaté le

soir… La réception de Jules Simon promet

d’être curieuse…

24 juin

. « La réception solennelle de M. Jules

Simon, jeudi, à l’Académie française, a eu un

éclat tout particulier », différent des froides

cérémonies du genre… Jules Simon est

« d’une souplesse adorable, et il a en lui assez

de finesse pour se ménager un succès »…

Parmi la foule énorme, Zola distingue des

hommes politiques, et évoque l’entrée de

Thiers sous les applaudissements. « Il faisait

une chaleur terrible qui inondait tous les

visages de sueur. Les femmes, plus braves

que les hommes, ne s’essuyaient même pas,

tant leur curiosité était grande ». Jules Simon

prend la parole : « La voix est d’abord flûtée,

embarrassée, presque inintelligible. Peu à

peu, elle se pose, elle s’étend. […] elle prend

des inflexions si caressantes, des souplesses

si irrésistibles, qu’on est gagné à l’avance […]

L’orateur connaît parfaitement le charme de

son instrument. Il en joue avec une adresse

extrême. Je l’ai vu, à la Chambre, remporter

ainsi des succès extraordinaires »… Il a fait une

vraie conférence sur Charles de RÉMUSAT :

« Jamais les dames, sous la grave coupole

de l’Institut, ne s’étaient trouvées à pareille

fête. Aussi le succès de l’orateur a-t-il été des

plus vifs, malgré la longueur inusitée de son

discours. Le public s’amusait, chose énorme

et qui semblait stupéfier les académiciens

sur leurs banquettes »… Quant à la réponse

de Viel-Castel, « quel seau d’eau froide ! »…

Mais au moment de la sortie du public, un

orage formidable éclata, un vrai déluge de

cinq heures…