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les collections aristophil

1070

PASTEUR Louis

(1822-1895) [AF 1881,

17

e

f].

MANUSCRIT autographe,

Existe-

t-il des chiens (races ou sujets

individuels) naturellement

réfractaires à la rage ?

, Arbois

octobre 1884 ; 1 page et quart in-4

remplie d’une petite écriture, avec

ratures et corrections.

4 000 / 5 000 €

Importante étude sur la rage, et les expé-

riences menées par Pasteur sur sa pro-

pagation et son traitement

.

[En 1884, le savant ne poursuivait ses expé-

riences que sur des animaux ; ce n’est qu’en

juillet 1885 qu’il tenta l’inoculation sur un être

humain, le jeune Joseph Meister. Cette étude

a été publiée dans les

Œuvres

de Pasteur

(t. VII, p. 78-79.]

À diverses reprises, Pasteur a lu que la rage

n’existait pas à Constantinople. Il paraît cer-

tain que des cas de cette maladie sont fort

rares dans ces contrées ; on peut habiter fort

longtemps en Turquie sans entendre même

parler de l’existence de chiens rabiques…

« J’ai eu l’occasion de voir dans le cours de

l’année 1884 le D

r

SERGENT, médecin sani-

taire français à Beyrouth qu’il habite depuis

27 ans. Il m’a assuré n’y avoir jamais vu un

seul cas de rage soit sur les chiens, soit sur

l’homme. Les faits dont je parle autorisent la

question qui fait le titre de cette note. Afin de

la résoudre expérimentalement j’ai prié M.

le D

r

Sergent de vouloir bien m’adresser de

Beyrouth quelques chiens de cette ville afin

d’éprouver leur réceptivité pour la rage. Le 19

juillet 1884, je recevais [...] quatre chiens de

la race qui habite ce pays. Le 21 juillet, après

avoir reconnu que 3 d’entre eux n’avaient

point souffert du voyage [...] j’inoculai l’un

d’eux à la surface du cerveau par la méthode

de la trépanation par la matière du bulbe d’un

chien mort rabique le matin, après avoir été

mordu le 26 juin chez M. Paul Simon, vété-

rinaire à Paris. En même temps on trépana

et on inocula un lapin, par ce même bulbe,

pour en vérifier la virulence. – Le 30 juillet,

le chien trépané change d’allures. Il est agité.

C’est le 9

e

jour de l’incubation. Le 31 juillet,

il est mordeur, a la voix rabique et paralysé

du train de derrière. Le 1

er

août, il est de plus

en plus enragé et mordeur. Le 4 août, après

avoir eu une rage furieuse et mordeuse avec

voix rabique, le chien de Beyrouth a une

rage mue. Gueule toujours ouverte – ne peut

la fermer – aboie à peine. Le 5 août, il est

mourant » ; il meurt le lendemain.

« Dès le 4 août, le lapin, trépané le 21 juillet

avait commencé à accuser qu’il était pris de

rage, par un commencement de paralysie.

C’était après 14 jours d’incubation, ce qui est

une des durées ordinaires de l’incubation de

la rage de nos chiens des rues, quand on

passe de ces chiens aux lapins. Quoiqu’il fût

bien évident que le chien de Beyrouth fût

mort de rage, on a voulu vérifier l’existence

du mal en communiquant sa maladie à deux

lapins, inoculation par trépanation, qui ont

été pris de paralysie rabique après 16 et 18

jours d’incubation ». Expérience confirmée

avec d’autres lapins inoculés…

« En résumé, pour les chiens de la race de

Beyrouth, tout se passe comme pour nos

chiens de France. Si la rage n’a jamais été

constatée à Beyrouth […], si elle n’existe pas

en Syrie, c’est qu’on ne l’y a pas importée.

Les chiens de ces contrées y sont aussi

sujets que les nôtres vraisemblablement.

On est conduit à répondre négativement à

la question qui fait le titre de cette note. On

trouve ici un argument puissant en faveur de

l’opinion que la rage n’est jamais spontanée.

Enfin je dois dire qu’il m’a été facile de rendre

réfractaires à la rage par des inoculations

préventives les deux chiens de Beyrouth,

compagnons de route de celui auquel j’ai

communiqué la rage »...