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« Je ne cherche pas de vaines consolations. Si vous étiez ici je vous serrerais un bon moment sur ma poitrine et ce serait tout. Sachez

seulement que Denise et moi sommes de tout cœur avec vous. Nous nous y attendions, évidemment, comme vous nous y attendiez,

mais il y a des choses qu’on n’amortit pas. […] J’ai l’impression de ne vous connaître réellement que depuis notre rencontre

d’Amérique ? Là mon affection en a été très fortifiée. Il y avait des côtés de votre caractère qui m’échappaient et que, sans longs

discours, vous m’avez fait toucher du doigt. […] Tout le monde va bien. Je termine un roman avant les fêtes, le quatrième depuis

Shadow Rock Farm ! »(S.l.,

4

déc

1950

).

« Mon Dieu que le temps passe ! Il n’y a pas si longtemps que vous étiez parmi nous et voilà que c’est à nouveau le soleil, les fleurs,

et qu’un autre ami de France (Pagnol) va prendre votre place dans la petite chambre du haut que nous avons pu enfin aménager ainsi

que la plus grande partie de la maison. […] Je vais probablement avoir deux programmes de télévision par semaine à New York. Ce

serait une grosse affaire. […] Les gens du village ne vous oublient pas et me parlent souvent du Frenchman. Jean Renoir est venu nous

voir et nous en avons profité pour baptiser Johnny dont Jean est le parrain ». (Lakeville, Conn.,

14

mai

1951

).

« Je vous écris au retour de N. Y. où nous venons de passer une semaine mouvementée à l’occasion du lancement de mon dernier roman

(traduction des

Volets Verts

). Et tout de suite on vous raconte les bonnes nouvelles. Vous savez avec quel acharnement j’ai voulu refaire

ici une nouvelle carrière, une seconde carrière en somme, et je ne vous ai pas caché les difficultés qu’un projet de ce genre rencontrait.

Maintenant, enfin, le cap est passé. Succès sur toute la ligne. Mon dernier livre,

La Neige était Sale

, a dépassé les cinq cent mille

exemplaires, ce qui me met d’emblée dans la catégorie des best-sellers.

Les Volets Verts

s’annoncent comme un égal succès. Nous avons

signé un magnifique contrat. On va publier beaucoup plus de mes livres. Et l’affaire télévision est à peu près terminée ». (Lakeville,

Conn.,

3

juillet

1951

).

« Si j’ai tant tardé à vous écrire, c’est que j’espérais toujours vous donner des détails circonstanciés sur mon voyage en Europe. À trois

jours de notre départ de Lakeville, je n’en sais pas davantage, hélas ! sinon que notre agenda se noircit un peu plus tous les jours. Nous

partons d’ici dimanche matin en voiture pour N. Y. Marc, malheureusement, retenu par ses études, ne peut pas nous accompagner.

Nous emmenons Johnny et Boule. Nous embarquons le

11

mars à bord du Liberté. Et nous rembarquons au Havre le

14

mai sur le

même bateau, avec les mêmes cabines. Ce qu’il y aura entre ces deux dates est encore flou. D’abord une dizaine de jours à Paris, où

nous descendrons au Claridge, car il y aura tant de visites, d’interviews, de rendez-vous, de cocktails, de réception, etc. que les services

d’un grand hôtel sont indispensables. Ce que nous ferons ensuite ? Il nous faut, Denise et moi, aller à Genève, Zurich, Milan, Rome,

Barcelone, Madrid, puis Londres, La Haye, Amsterdam, Copenhague et Oslo, sans compter plus que probablement l’Allemagne.

Laisserons-nous Johnny et Boule à Paris ou dans le Midi, nous n’en savons rien. Ferons-nous une partie des trajets en voiture ? Point

d’interrogation aussi. Partout il y a des éditeurs à voir, des réceptions, des conférences de presse. Et, tout le début de mai, la Belgique,

Liège, Bruxelles, l’Académie et tout le tremblement ». (Lakeville, Conn.,

5

mars

1952

).

« Le courrier arrive à flots. J’essaie de décharger D. en faisant tout ce qui est à ma portée. J’écris un autre roman. Un troisième. Le

temps arrive de la visite annuelle de ma belle-mère. Nous sommes jusqu’au cou dans des affaires importantes, contrats à renouveler

un peu partout. Ici, le succès nous déborde, nous oblige à changer d’éditeur parce que nous recevons des offres de tous les côtés. Ces

messieurs viennent à peu près à tous les week-ends et ce sont des conférences d’affaires qui durent jusqu’à cinq et six heures. La petite

négresse que nous avions pour garder Johnny nous quitte pour entrer dans une école de nurses. Nous en faisons venir une d’Europe

(pas noire !) et cela prend des semaines pour qu’elle débarque de l’avion. Nécessité de la mettre au courant. Troisième. Quatrième

roman que je viens de terminer hier. Noël à préparer pour tout le monde. Impossible d’aller à N.Y. pour les achats because maternité

de D. qui n’a plus le droit de faire de longues randonnées. (Lakeville, Conn.,

5

décembre

1952

) ».

« Nous sommes toujours bousculés, plus que jamais, plongés jusqu’au cou dans les contrats d’édition et de télévision. Cette année verra

sortir

10

Simenon aux U.S.A. !… Mais ce qui nous passionne c’est notre fille, baptisée hier Marie-Georges, - Marc parrain - la femme

de Pagnol marraine, absente malheureusement.- Nous pensons beaucoup à vous. Johnny est superbe. Un beau fort garçon malin

commence toute une ménagerie de singe ». (Lakeville, Conn.,

24

avril

1953

).

« Ici, la vie continue son train-train quotidien. Des romans. De courts voyages à New York. Nous en sommes encore revenus cette

nuit. Des journalistes, des éditeurs, des producteurs, beaucoup de travail, et pour ma femme, qui a maintenant une secrétaire, et pour

moi. Mais ce qui nous passionne le plus, ce sont toujours nos enfants. Marc plus grand que moi. […] Johnny va à l’école aussi. C’est

un costaud, plein de vie, d’entrain, de curiosité pour tout. Malin comme un singe et le plus affectueux garçon de la terre. Ravi d’avoir

une petite sœur qui lui rend bien son affection. Marie-Jo commence à marcher. Elle rit toute la journée. On prétend qu’elle me

ressemble comme deux gouttes d’eau, la pauvre ! […] P.S. - La télévision américaine va en effet commencer bientôt un programme

Maigret hebdomadaire. Tout va admirablement. La vie est donc belle des deux côtés de l’eau. Shadow Rock Farm a été entièrement

remis à neuf ». (Lakeville, Conn.,

21

décembre

1953

).

« Sommes restées longtemps sans vous répondre et [je] vous écris en hâte. Il y a eu un pépin. Denise attendait un bébé pour octobre.

À la veille de notre départ pour Paris, hier, où j’avais des tas d’obligations, le docteur nous a annoncé que nous devions nous attendre

à une fausse couche dans les jours qui suivent. Denise, heureusement, est très courageuse. Et nous avons déjà deux beaux enfants, sans

compter le grand Marc. Et nous en espérons d’autres. Mais ceci a mis tous nos plans par terre ». (Mougins, A. M.,

25

mai

1955

).

« Vous savez que Marie-Jo avait fait plusieurs fois de petites néphrites. La radiographie a révélé qu’elle a trois reins et nous attendons

cette semaine un professeur de Lyon qui doit décider si on opère ou non, et quand. La gosse a été plusieurs fois au lit pour quelques

semaines. Elle retourne demain à l’école mais cela n’est pas sans nous bouleverser. De mon côté, je me suis payé une maladie rarissime,

un virus cousin de celui de la polio qui m’a immobilisé un bras et les cordes vocales, de sorte que j’ai passé des semaines dans

l’appartement, après un saut en avion à Paris pour consulter. Cela va mieux maintenant mais il me faudra encore un peu de

convalescence et c’est la première lettre que je tape depuis plus de deux mois. J’ai écrit quand même un roman, mais à la main. La

Denise, au milieu de tout cela, est débordée de travail et une secrétaire ne lui suffit plus, il en faudra deux, les affaires se multiplient,

les gens défilent, venant de partout ». (Cannes,

5

janvier

1956

).