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92.
Jacques CASTERÈDE
(1926-2014). Manuscrit musical autographe signé,
Quintette
pour flûte, hautbois,
clarinette, cor et basson
, [1953] ; cahier de [1]-17 pages in-fol.
300/400
Manuscrit de ce Quintette à vents dont la première diffusion fut donnée en 1961 à la R.T.F. par le Quintette à vents de
l’Orchestre National. Il compte trois mouvements : N° 1
Allegro con spirito
; N° 2
Andantino
; N° 3
Allegro vivace
.
Le manuscrit, à l’encre noire sur papier à 24 lignes, a servi pour la gravure de l’édition chez Alphonse Leduc en 1955 (on joint
une épreuve corrigée de la page de titre et des 2 premières pages).
93.
Emmanuel CHABRIER
(1841-1894). L.A.S. « le papa Emmanuel », La Membrolle 16 mai 1890, à son fils
Marcel ; 4 pages in-8 (petites fentes réparées).
400/500
Belle lettre à son fils, en partie inédite. L’éditeur Enoch lui a raconté « votre ballade au Jardin des Plantes. Il n’est pas
mauvais, de temps à autre, d’aller faire aux bêtes une petite visite ; ça repose de l’homme. Toutefois, il faut toujours raisonner
ce que l’on voit et ne passer devant aucun objet, aucun animal, aucun produit sans se demander à quoi ça sert, comment ça vit
et ne pas s’attacher uniquement à la forme. À ton âge, une promenade de ce genre doit toujours contenir un enseignement,
ne pas être un pur spectacle pour les yeux ; ton petit cerveau doit être de la partie. Il y a tant de gens, et de ceux qui se croient
malins, qui vont à l’Exposition de peinture, visiter les églises, se promener au bois, assister à un cours, s’installer au théâtre, et
qui reviennent de tout cela la tête vide, n’ayant rien observé, ne s’étant rien assimilé de ce qu’ils ont vu ; c’est du troupeau qui
passe, ça tue le temps, en attendant le dîner, qui est la grosse affaire. Pénètre-toi bien de ce que je te dis là, tu ne seras jamais
assez curieux, dans le sens où je l’entends, naturellement, et c’est maintenant que les belles curiosités doivent s’éveiller dans
ton esprit »... Il parle de son autre fils André qui « a l’air de travailler, mais il doit avoir une croûte sur l’intellect ; ça sera long
à gratter cette épaisseur avant de trouver le bon nanan ! Je n’ai jamais pu lui faire comprendre que
cent
s’accordait quand il y
avait des chiffres devant et que ce mot était invariable quand ils étaient placés après […] Il y a certainement chez M. Pasteur
des pères de famille chez lesquels la rage s’est évidemment développée au fréquent contact de moutards pareils. Enfin, il ne faut
pas quitter toute espérance ; Dante était d’un autre avis, mais il n’avait peut-être pas d’enfants ». Ils ont une nouvelle bonne,
originaire de Mettray. Puis il fait de longues recommandations à Marcel qui doit se rendre dimanche chez les Pillon, sur les
tramways à prendre, et surtout de faire très attention en traversant l’Avenue du Bois de Boulogne…
94. [
CHANT. Archives du chanteur Roger BOURDIN
(1900-1973)]. Partitions chant et piano, mélodies séparées
ou en recueils, avec envois autographes des compositeurs à Roger Bourdin, un des créateurs de
L’Enfant et les
Sortilèges
de M. Ravel. Ensemble de 12 partitions brochées, en feuilles, avec défauts d’usage.
400/500
Alfred BRUNEAU :
Chansons d’Enfance et de Jeunesse, sur des poèmes de Marceline Desbordes-Valmore
(Heugel, 1928),
48 pp., « à Bourdin, à mon cher et éloquent interprète, de tout cœur ». – 7 partitions de Marcel DELANNOY :
Deux pièces pour
chant et piano
(Heugel, 1927), « Hommage d’un auteur qui rêve d’être chanté par lui » ;
Le Chantre
, extrait du
Poirier de misère
(Heugel, 1927), « à Roger Bourdin, avec mon admiration et amitié » ;
Quatre regrets de Joachim du Bellay
(Durand, 1931),
« Hommage très amical et très interessé » ;
Deux Chansons de Clarin
(Heugel, 1933), « affectueusement » ;
Trois Chansons
(Sénart, 1934), « à Roger Bourdin, affectueusement » ;
Deux airs pour Cromwell de Victor Hugo
(Heugel, 1935), « à Roger
Bourdin, pour le cas où… » ;
Deux Ballades
(Heugel, 1935), « affectueusement ». – 2 partitions de D.E. INGHELBRECHT :
Trois
poèmes
(Rouart Lerolle, 1932), « Pour Roger-Pelléas. Inghel », bel état ;
Par delà les fleuves taris
… (A. Zunz Mathot, 1925), « à
Roger Bourdin, son vieil Inghel ». – 2 partitions de Max d’OLLONE :
Qu’ont donc ses yeux
(Heugel, 1923), « à Roger Bourdin,
très affectueusement » ;
Colombine
(Heugel, 1925), « bien amicalement ».
95.
Gustave CHARPENTIER
(1860-1956). Manuscrit musical autographe signé,
Didon
, 1888 ; 132 pages in-fol. en
feuilles.
4 000/5 000
Partition d’orchestre de cette très belle scène dramatique qui remporta le Prix de Rome.
Élève de Massenet, Gustave Charpentier composa cette cantate pour le concours du prix de Rome en loge, en un mois à partir
du 7 mai 1887, sur un poème de Lucien Augé de Lassus (1841-1914), qui évoque les amours de Didon et Énée, l’apparition du
spectre d’Anchise, et le départ d’Énée. Parmi les autres candidats, on notait Alfred Bachelet, Pierre de Bréville, Gaston Carraud,
Paul Dukas, Camille Erlanger…
Dans ses mémoires, Charpentier raconte : « Le matin de l’entrée en loge, c’est Gounod, de sa plus belle voix, qui nous
a chaleureusement déclamé les vers de la cantate. Texte bien supérieur à ce que sont ordinairement ces poèmes. […] Trois
personnages, dont un spectre, Didon, Énée. Le spectre : Anchise, père d’Énée. Pendant que Gounod dictait, je copiai le poème
d’une main fébrile. Massenet et les autres professeurs sont là, nous assistent de leur présence, une dernière fois, avant que nous
soyons bouclés dans nos cellules. Un seul geste et une seule phrase de Massenet, à mon intention. Dans le poème, l’exclamation
d’Énée : “Anchise !” Massenet se penche sur ma copie. À côté de “Anchise !” – avec son crayon – il trace rapidement trois points
d’exclamation énergiques. Pourquoi ? Je l’entends qui me dit, de sa voix la plus calme, avant de me quitter : “Il ne s’agit pas ici
du spectre du père d’Hamlet.” […] L’apparition d’Anchise et l’exclamation d’Énée, avec le triple point de Massenet, marquent
le sommet dramatique de la “situation”. Couper court à tout délayage funèbre. Musicalement : un grand éclat, presque un
cri de triomphe pour le ténor. Une apparition non pas sépulcrale mais qui fasse jaillir la lumière. Point culminant et pourtant
il faut que ça monte jusqu’à la fin de la cantate. Pas facile à concilier. […] Les trois points d’exclamation de Massenet : trois
fulgurants traits de lumière sur les nuages de ma compréhension. Et sa phrase le quatrième trait. L’apparition d’un spectre n’est
pas nécessairement terrifiante. Elle peut éclater en apothéose. Ce n’est pas celle du Roi d’
Hamlet
. “Anchise !!!”, illumination
du héros. Ouvre la voie au finale-apothéose. Massenet a fait jaillir trois éclairs victorieux sur ma cantate »...
…/…