Previous Page  150 / 244 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 150 / 244 Next Page
Page Background

148

les collections aristophil

83

BARBATRE (PIERRE), RÉCIT DE PÈLERINAGE

À JÉRUSALEM

En français, manuscrit décoré sur parchemin

France (?), [après 1480, vers 1490-1500]

116 pp., complet (collation : i1 (garde), ii8, iii8, iv8, v8, vi8,

vii8, viii10), sur papier (filigrane proche de Briquet, no.

10387, «licorne sanglée» : Coutances, 1497; no. 10390, Frêne

d’Archêvèque (Normandie), 1499), fine écriture cursive à

l’encre brune, 27 lignes par page (justification :

93 x 144 mm), réclames sur phylactères dessinés ou ornés.

Reliure de parchemin de remploi, datable du XI

e

siècle

contenant un fragment de la «Passio Pauli» attribuée

au Pseudo-Lin et un fragment de la «Vie de saint Ethbin»,

peu lisible au plat inférieur (Légère mouillure en marge,

le dernier cahier avec une mouillure plus importante;

manque de papier au dernier feuillet avec partie inférieure

déchirée causant une perte de texte sur 9 lignes p. 115;

couverture de parchemin accidentée avec couverture

en partie détachée, permettant néanmoins une lecture

et la possibilité de mise à plat du feuillet du X

Ie

siècle).

Dimensions : 205 x 145 mm.

Rarissime récit manuscrit d’un pèlerin du XV

e

siècle.

BARBATRE (PIERRE), PILGRIMAGE TO JERUSALEM

In French, decorated manuscript on paper

France (?), [after 1480, circa 1490-1500]

116 pp., quires complete although there is a loss of text on 9 lines

on p. 115. Bound in reused parchment, leaf from an eleventh

century codex, containing fragments of the «Passio Pauli»

attributed to Pseudo-Lin and a fragment of the «Life of saint

Ethbin», both in Latin (binding tattered, some writing on parchment

faded).

Rare document containing a firsthand account in the vernacular

of a pilgrimage to the Holy Land in the fifteenth century.

40 000 / 50 000 €

texte:

p. 1, Pierre Barbatre, Récit de pèlerinage à Jérusalem (1480), incipit,

«IN NOMINE DOMINI AMEN - 1480 - L’an de grace mil quatre cens

octante, le mardi IIIIe jour d’apvril apres Pasques, je, Pierre Barbatre,

prebstre, aagé de LV ans ou environ, me party de la ville de Vernon

pour et intencion d’aler en Hierusalem visiter le Sainct Sepulchre

Nostresegneur Jesuschrist et les aultres sainctz lieulx de la Terre

Saincte…»; p. 116, explicit, «[…] et la feusme attendans passer a Ravennes,

pour tirer a Ancone a cause que avions loué une barque a Venize pour

nous passer la mer jusques audit Ancone. Et nous coutoit le passage

de maistre Nicole, de Sainct Omer, mon frere et moy .x. marcelins».

Parti de Vernon, dans l’Eure, Pierre Barbatre, prêtre, relate la seule

expédition autorisée à quitter Venise pour la Terre Sainte en 1480. La

guerre opposant Venise aux Turcs de 1463 à 1479 avait entraîné un

contrôle plus strict des embarcations et le nombre de pèlerins avait

diminué. En 1480, seule la galère pèlerine la

Contarina

est autorisée

à faire le voyage dont revint seuls une soixantaine de pèlerins: parti

de Venise le 6 juin 1480, la galère touche terre à Jaffa le 24 juillet

1480. Barbatre descend vers le sud en énumérant les différentes villes

qu’il traverse. Passant par la Savoie, il gagne bientôt l’Italie par Suse

puis Turin, et poursuit vers Milan (dont il rapporte la construction de

la cathédrale), Brescia, Vérone, Vicence, Padoue et surtout Venise

(où il séjourne un mois). Barbatre apporte des renseignements sur la

vie vénitienne, notamment les grandes fêtes, puis sur les divers lieux

visités tout au long de son périple (en particulier Rhodes qu’il décrit

avec précision) et expose son exaltation devant les Lieux Saints. Son

récit fournit beaucoup de renseignements sur le culte des reliques, sur

les mœurs locales et sur la situation politique liée à l’offensive turque.

Après son voyage en Terre Sainte, il semble que Pierre Barbatre n’ait

pas pu rentrer en France ou du moins le récit s’arrête brusquement

sur le chemin du retour, avec l’embarquement à Venise pour Ancône.

On sait finalement peu de choses sur l’auteur Pierre Barbatre et de

plus amples recherches permettront sans doute de mieux le situer.

Fait exceptionnel, nous possédons trois autres récits par d’autres

auteurs (imprimés) de cet unique pèlerinage de 1480: celui de Sancto

Brascha, milanais et chancelier de Ludovico Sforza, qui publie son

Itinerario di Sancto Brascha

... (1481), le récit de Félix Schmidt alias

Félix Faber, dominicain d’Ulm et compagnon de voyage de Pierre

Barbatre (ed. C. Hassler, Stuttgart, 1843-1849), et le récit anonyme d’un

parisien paru sous le titre

Voyage de la Saincte cyté de Hiérusalem

en l’an mil quatre cens quatre vingtz

(1517).

provenance:

1. Manuscrit copié en France (par un copiste professionnel) ou du

moins mis au propre sur du papier de facture normande (voir filigrane

ci-dessus), après 1480 date du voyage, sans doute d’après des notes

de l’auteur. – 2. Redécouverte du manuscrit en septembre 1972 par le

Dr. Lemonnier, médecin de Saint-Pé-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées).

Le manuscrit faisait partie d’un ensemble d’ouvrages appartenant à

sa belle-mère Mme Henriette Rooy, née Masmoudet, dont le père

fut instituteur dans l’Orne (voir Pinzuti et Tucoo-Chala, 1973, p. 80).

Le fonds aurait été précédemment la propriété de la famille Duguet,

liée au peintre Eugène Fromentin. – 3. Parchemin de remploi, écri-

ture du XIe siècle avec couverture supérieure : un extrait de la

Passio

sancti Pauli

attribuée à saint Lin, pape ayant succédé à saint Pierre et

datée entre le IVe et VIe siècle (ed.

Sacrae Bibliothecae sanctorum

patrum…per Margarinum de la Bigne

, tome VII, Paris, 1589, col.

219-220; Pseudo-Lin,

Passio Pauli, Acta apostolorum apocrypha

,

ed. Lipsius-Bonnet, Leipzig, 1891); couverture inférieure :

Vita sancti

Ethbini

avec titre courant : «Incipit vita sancti Ethbini monachi et

confessor» (publiée par La Borderie, Rennes, 1888 d’après le cartu-

laire de Landévennec). Il s’agit du début de la vie de Saint Ethbin ou

saint Idunet (ou Dibouan), saint breton, disciple de saint Guénolé, le

fondateur de l’abbaye de Landévennec. Ethbin fonda un prieuré qui

est à l’origine de la ville de Châteaulin et fut enterré à Port-Mort dans

l’Eure. Sa vie est racontée dans le cartulaire de Landévennec où il

est désigné sous les noms de saint Ethbin ou de saint Idiunet (saint

Idunet) [voir BHL 2621]. Voir S. Denefle, «Hagiographie sans texte : le

culte de Diboan en Cornouaille armoiricaine», in

Les Saints et les

stars : le texte hagiographique dans la culture populaire

, ed. J.-C.

Schmitt, Paris, 1983, pp. 135-143.

bibliographie:

Pinzuti, Noël et Pierre Tucoo-Chala, «Le voyage de Pierre Barbatre

à Jérusalem en 1480. Edition critique d’un manuscrit inédit», in

Annuaire-bulletin de la Société de l’histoire de France

, 1972-1973, pp.

75-172: «Le but de la présente édition est de fournir le plus rapidement

possible aux lecteurs érudits ou simples curieux, le texte de ce journal

de Pierre Barbatre sans prétendre épuiser dans l’apparat critique une

matière qui, sur de nombreux points de détail, devrait susciter des

comparaisons et des recherches plus poussées» (p. 75). – Pinzuti,

Noël et Pierre Tucoo-Chala, «Sur un récit inédit de voyage aux lieux

saints sous Louis XI», in

Comptes rendus des séances de l’Académie

des inscriptions et belles-lettres

, 117 :1, 1973, pp. 188-204. – Cantoni,

Pauline,

Les pèlerinages à Jérusalem et au mont Sinaï du XIVe au

XVIe siècle, diplôme d’archiviste paléographe

, Ecole nationale des

chartes, Paris, 1972 (Positions de thèses de l’Ecole des chartes, 1972,

pp. 33-42).