Previous Page  154 / 244 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 154 / 244 Next Page
Page Background

152

les collections aristophil

+

85

ÉGYPTE, 1633

L.A.S. par le voyageur

Jacques

ALBERT

, au Caire

4 novembre 1633;

3 pages in-fol. (copie ancienne jointe).

[EGYPT]. Signed autograph letter by

the traveller Jacques ALBERT, Cairo

4 November 1633; 3 pages in-fol.

(transcription provided).

Firsthand account on seventeenth-century

Egypt, Soudan and Abyssinia.

800 / 1 000 €

Très rare et intéressant témoignage sur

l’Égypte, le Soudan et l’Abyssinie

.

Le R.P. Théophile et M. Magy ont sans doute

exagéré ses mérites, mais il racontera ce

qu’une longue pratique de l’Égypte lui a

appris. Le pays n’est plus gouverné comme

il l’était lors du passage du R.P. Théophile,

où l’on pouvait jouir encore d’une certaine

liberté; «mais despuis 6 à 7 ans la tirannie de

ces passas [pachas] est devenue sy grande

qu’ils n’ont point de honte de demander

de leur bouche ce qu’ils prétendent soit

d’une Nation ou daultre, vandant sy cher

les charges de la pollice du pays que par

necessitté ceux quy les ressoivent sont forcés

de faire des extraordinaires estortions envers

le menu peuple tellemant quil est une pittié

& les négotians sont tellement foullés par

les grans dasses que y sont que avec peine

personne y peult vivre sans que les Consulz

soit de nostre Nation que celui de Venise

ly puissent mettre remede»... Seuls les 19

Sanjachs «tiennent ung peu le frain ausd.

Passas»... Albert propose de faire un rapport

sur les revenus du Grand Seigneur et sur sa

milice, et il donne des renseignements sur

la province voisine du Sohaquen [Souakin],

ses soldats, ses richesses, etc.: «le revenu

de laditte province est d’aller a la picoree

ordinairemant contre une nation ditte Fungis

gens noirs» qui ont «fort peu ou point de

Relligion» et où sont «la plus grand partie

que se servent de noirs pour esclaves». Ici

se débarquent les marchandises venant

du Mocal et des Indes. Puis Albert parle

longuement des progrès du christianisme

en Abyssinie. L’Empereur (ou Rahis) y «est

tellemant zellé a la Relligion Cationique qu’il

bat par ordinaire la Campagne avec grandis-

sime nombre de soldats le nombre desquelz

jay peine a croire pour estre ung perpet-

tuel ordinaire de cent mille hommes la plus

grand partie a cheval bonne partie sur des

Ellephans et tous ceux quil treuve qui ne se

veullent point Cattolliser on les faict mourir

ou arracher leurs langues, si bien a present

sen treuve fort peu de la Grasse de Dieu»...

Le dit Empereur, autrefois tout nu, s’habille

maintenant «a la Royalle», fait construire des

palais et des églises... Il aime «grandemant

nostre Roy» et désire lui envoyer quelque

beau présent, comme «ung couple delephant,

ung per de giraffes, & quelques lions et leo-

pars»; on doute cependant que les Ottomans

leur laissent le libre passage. Il recommande

d’envoyer «touttes sortes d’images en taille

dousse tant divines que prophanes de tous

les empereurs Romains & principallement du

Roy & de la Reine», des livres, etc. Albert fait

hommage à son correspondant d’une pierre

d’isme portant des lettres chaldéennes, dont

il explique longuement les vertus curatives…