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les collections aristophil
germanica
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WAGNER RICHARD
(1813-1883).
L.A.S. « Rich. Wagner », Baden
17 août 1860, à Julius RÜHLEMANN,
à Dresde ; 3 pages in-8 (petites fentes
au pli), enveloppe ; en allemand.
6 000 / 8 000 €
Belle lettre concernant les tempi dans ses
œuvres, et l’annonce qu’il peut enfin rentrer
en Allemagne.
Il répond en vitesse à ses derniers rapports
amicaux, puisqu’il a, comme toujours, un
service à demander. À Darmstadt, il est
parvenu à un accord sur
Le Vaisseau fantôme
(Der fliegende Holländer)
, et il le prie de bien
vouloir en adresser une partition corrigée
à la direction du Hoftheater, dès que possible.
Il autorisera le règlement des frais de copie
à Herr Mehner dès réception de son mémoire.
La copie de référence, annotée par lui-
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WAGNER RICHARD
(1813-1883).
L.A.S. « Richard Wagner », [Paris],
« Légation de Prusse » 21 juillet 1861,
[à Franz ABT] ; 3 pages in-8 à l’encre
bleue, sous boîte-étui de maroquin
noir ; en allemand.
6 000 / 8 000 €
Belle lettre après l’échec parisien
de
Tannhäuser
, alors que la ruine le menace,
et peu avant son retour en Allemagne.
[Le compositeur Franz ABT (1819-1885)
était kapellmeister à Brunswick et directeur
du théâtre. La reprise de
Tannhäuser
à Paris,
les 13, 18 et 24 mars 1861, avait été un terrible
échec.]
Il remercie Abt de sa lettre, qu’il n’attendait
pas avant la fin du mois. Le peu d’espoir
de voir satisfaire ses réclamations quant au
même, appartient à Wagner et non à Fischer.
Cependant suivant son accord avec H. Müller,
il doit mettre à la disposition de ce dernier
également une copie de celle-ci. Donc, cette
copie doit être considérée comme étant à
sa disposition. N’y en a-t-il pas d’autre ?
Toute autre devrait être considérée comme
lui appartenant… Il donne des instructions
pour que Müller fasse faire deux copies de
la partition pour piano de l’opéra, pour la
direction du théâtre de Darmstadt, à facturer
avec la remise habituelle pour marchands de
musique… Il ne sait comment satisfaire le vœu
du chef d’orchestre Julius RIETZ, concernant
des
tempi
dans
Lohengrin
(« Bezug auf einige
tempi des Lohengrin ») : l’expérience lui a
démontré qu’aucun métronome ne peut aider
le chef d’orchestre qui ne ressent pas lui-
même le tempo correct (« die bestimmteste
Erfahrung hat mir gezeigt, dass demjenigen
Dirigenten, der das richtige Tempo nicht
schliesslich vo selbst fühlt, durch keinerle
Metronom auch beigebracht werden kann »).
L’erreur est trop facile, et là où il s’agit d’être
fin, rien, en dehors de son propre sens, ne
peut décider. La justesse (“Gerechtigkeit”)
est un terme creux ; seule l’empathie peut
faire juste, et Wagner pense qu’il devra se
passer de l’empathie du chef d’orchestre
Rietz… Rühlemann doit désormais connaître la
nature de la grâce accordée à Wagner : il n’a
pas du tout été amnistié par le gouvernement
de Saxe, mais a seulement reçu l’assurance
que sous certaines conditions, on ne
s’opposera pas à ce qu’il vive dans d’autres
États de la Confédération germanique. Donc
le revoir à Dresde n’est pas envisageable
dans un proche avenir, mais ses félicitations
sympathiques lui ont donné grand plaisir !
droit de donner
Tannhäuser
sur la scène
d’Abt le fait enrager. Longtemps, Stuttgart
et Braunschweig étaient les seuls théâtres
allemands qui ne pouvaient se décider en
faveur de cet opéra, et Wagner avait juré
de se venger de leur attitude visiblement
inamicale. Puis, lorsqu’il y a trois ans
Stuttgart a daigné prendre parti pour lui, on
a (très habilement) choisi un vieil et sûr ami
comme intermédiaire, et la chose se fit. La
direction à Braunschweig a eu besoin de trois
années entières pour réfléchir au cas difficile
d’approuver son
Tannhäuser
. Il connaît les
difficultés là-bas, et l’aversion personnelle du
Duc pour lui ne joue pas en sa faveur. Donc
s’il crée des difficultés maintenant, cela ne
déçoit pas son adversaire, mais plutôt son
ami, qui a donné des preuves de bienveillance
et d’affection. Tout cela revient à dire qu’afin
de ne pas gâcher le succès de ses efforts,
Wagner devra abandonner son exigence de
50 louis d’or et se contenter de moins ! On
n’est pas censé valoir grand-chose, et malgré
tous ses succès, on doit être traité selon
l’ancien taux des honoraires jusqu’à la fin
des temps !! Il exhorte son ami à faire ce
qu’il peut : qu’il insiste sur les 50 louis d’or
tant qu’il peut ; en dernière extrémité Wagner
baisserait jusqu’à
trente,
mais pas davantage.
Si on ne lui accorde pas cela, en entier, alors
qu’on épargne aux prés de Braunschweig
le fléau de son opéra diabolique (« meiner
böser Oper »), et que l’Italie unifiée donne
à son ami, ainsi qu’à VERDI et GARIBALDI,
sa bénédiction ! Pour répondre ou pour
envoyer de l’argent, il sera à Weimar, du 1
er
au 6 août, chez Franz LISZT (Altenbach), puis
à Vienne, chez le Dr Eduard Liszt… Que son
ami Abt accepte ses remerciements sincères
pour ses efforts, qu’il ne sous-estime point.
Wagner compte envahir les territoires de la
Confédération germanique dans quelques
jours (« Ich gedenke in dieser Tager in die
deutschen Bundesländer erzufallen »)…