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MANUSCRITS ET INCUNABLES

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[ATLAS NAUTIQUE].

Bifeuillet extrait d’un atlas nautique de la Méditerranée

En latin et en italien, bifeuillet enluminé, parchemin contrecollé

sur carton

Italie (Libourne ? Messine ?), vers 1600-1640.

Attribuable à un membre de la famille Oliva (?)

Bifeuillet (carte double) extrait d’un format petit in-folio, carte tracée

à l’encre, à la gouache et rehaussée à l’or, légendes à l’encre

brune et rouge, dessins rehaussés de gouache, sur parchemin

contrecollée sur un support de carton épais.

Salissures, parchemin abîmé et couleurs passées par endroits,

parchemin un peu fatigué et décollé en bordure et sur certains

coins, mouillures. Excellent candidat pour une restauration.

Dimensions : 590 x 385 mm (bifeuillet déplié).

A rapprocher des cartes attribuées aux membres de la famille Oliva,

généralement d’inspiration catalane, avec un style très coloré et imagé.

On sait que les membres de la famille Oliva sont originaires de Majorque,

puis d’Italie, avant de d’installer à Marseille comme hydrographes.

Au verso : traces de la carte précédente, lacunaire.

Cette carte double figure les côtes de l’Afrique (dite à l’époque

« Barbarie » ; on reconnait le delta du Nil dans la partie droite), les

côtes de France, la Corse et la Sardaigne, l’Italie, la Grèce, Rhodes, une

partie du Sultanat turc et une partie de la Terre sainte (figuré par une

croix). Des personnages (portant parfois des écus), des représentations

de cités, parfois dotées de drapeaux ou bannières, des palmiers en

Afrique, et quelques animaux (dromadaire) animent la carte.

Ces luxueux atlas nautiques manuscrits, indispensables à l’époque pour

les déplacements maritimes et commerciaux, indiquaient aux marins

les routes de navigation reliant les principaux ports ainsi que les reliefs

des côtes. Les atlas nautiques ou portulans ont une double valeur :

scientifique et artistique. En effet, dans leur version courante, ils étaient

emportés à bord des navires et servaient d’outils de navigation. Basées

sur un réseau de lignes (ou rhumbs) correspondant aux directions de

la boussole, ces cartes suivent le tracé des côtes, dont les noms des

ports ou havres sont notés selon un code couleur précis en fonction

de leur importance. Ces instruments indispensables aux marins et dont

la production durera jusqu’au XVIII

e

siècle ne seront détrônés que par

l’apparition des grands atlas nautiques confectionnés aux Pays-Bas.

On rapprochera ce bifeuillet d’un atlas nautique conservé sous la

cote Yale, Newberry Library, Ayer, MS Map 34 (« unsigned and not

attributed ») [on notera la ressemblance des roses des vents et de

motifs de poissons rouge et bleu se faisant face] ou encore Yale,

Newberry Library, Ayer MS Map 24, attribué à Joan Oliva et datée

Messine, 1594. Il y a des parallèles à effectuer avec la carte signée

Francesco Oliva (1603), Carte marine de la Méditerranée, Paris, BnF,

Cartes et plans, GE C 5093 (RES), puis celles plus tardives signées

Joan Battista Cavallini et Joan Oliva, hydrographes originaires de

Mayorque, installés à Libourne (datée 1641, Fundacio Bartomeu March

Servera). La souche de la dynastie « Oliva » est Bartomeu Olives, qui

quitta Palma pour s’installer à Venise, puis à Messine et à Palerme. On

compte au moins treize cartographes issus de cette famille : en Italie

ils changèrent leur nom en Oliva et à Marseille en Ollive.

20 000 / 25 000 €

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