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WAGNER Richard (1813-1883).

L.A.S. « Rich. Wagner », Baden 17 août 1860, à Julius

RÜHLEMANN, à Dresde; 3 pages in-8 (petites fentes au pli),

enveloppe; en allemand.

Belle lettre concernant les tempi dans ses œuvres, et l’annonce

qu’il peut enfin rentrer en Allemagne

.

Il répond en vitesse à ses derniers rapports amicaux, puisqu’il a, comme

toujours, un service à demander. À Darmstadt, il est parvenu à un accord

sur

Le Vaisseau fantôme

(

Der fliegende Holländer

), et il le prie de bien

vouloir en adresser une partition corrigée à la direction du Hoftheater,

dès que possible. Il autorisera le règlement des frais de copie à Herr

Mehner dès réception de son mémoire. La copie de référence, anno-

tée par lui-même, appartient à Wagner et non à Fischer. Cependant

suivant son accord avec H. Müller, il doit mettre à la disposition de ce

dernier également une copie de celle-ci. Donc, cette copie doit être

considérée comme étant à sa disposition. N’y en a-t-il pas d’autre ?

Toute autre devrait être considérée comme lui appartenant… Il donne

des instructions pour que Müller fasse faire deux copies de la partition

pour piano de l’opéra, pour la direction du théâtre de Darmstadt, à

facturer avec la remise habituelle pour marchands de musique… Il

ne sait comment satisfaire le vœu du chef d’orchestre Julius RIETZ,

concernant des

tempi

dans

Lohengrin

(« Bezug auf einige tempi des

Lohengrin »)

: l’expérience lui a démontré qu’aucun métronome ne

peut aider le chef d’orchestre qui ne ressent pas lui-même le tempo

correct (« die bestimmteste Erfahrung hat mir gezeigt, dass demjenigen

Dirigenten, der das richtige Tempo nicht schliesslich vo selbst fühlt,

durch keinerle Metronom auch beigebracht werden kann »). L’erreur

est trop facile, et là où il s’agit d’être fin, rien, en dehors de son propre

sens, ne peut décider. La justesse (“Gerechtigkeit”) est un terme creux;

seule l’empathie peut faire juste, et Wagner pense qu’il devra se passer

de l’empathie du chef d’orchestre Rietz… Rühlemann doit désormais

connaître la nature de la grâce accordée à Wagner : il n’a pas du tout

été amnistié par le gouvernement de Saxe, mais a seulement reçu

l’assurance que sous certaines conditions, on ne s’opposera pas à ce

qu’il vive dans d’autres États de la Confédération germanique. Donc

le revoir à Dresde n’est pas envisageable dans un proche avenir, mais

ses félicitations sympathiques lui ont donné grand plaisir !

4 000 - 5 000 €

TB

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WAGNER Richard (1813-1883).

L.A.S. « Richard Wagner », [Paris], « Légation de Prusse » 21 juillet

1861, [à Franz ABT]; 3 pages in-8 à l’encre bleue, sous boîte-étui

de maroquin noir; en allemand.

Belle lettre après l’échec parisien de

Tannhäuser

, alors que la ruine

le menace, et peu avant son retour en Allemagne

.

[Le compositeur Franz ABT (1819-1885) était kapellmeister à Brunswick

et directeur du théâtre. La reprise de

Tannhäuser

à Paris, les 13, 18 et

24 mars 1861, avait été un terrible échec.]

Il remercie Abt de sa lettre, qu’il n’attendait pas avant la fin du mois.

Le peu d’espoir de voir satisfaire ses réclamations quant au droit de

donner

Tannhäuser

sur la scène d’Abt le fait enrager. Longtemps,

Stuttgart et Braunschweig étaient les seuls théâtres allemands qui ne

pouvaient se décider en faveur de cet opéra, et Wagner avait juré de

se venger de leur attitude visiblement inamicale. Puis, lorsqu’il y a trois

ans Stuttgart a daigné prendre parti pour lui, on a (très habilement)

choisi un vieil et sûr ami comme intermédiaire, et la chose se fit. La

direction à Braunschweig a eu besoin de trois années entières pour

réfléchir au cas difficile d’approuver son

Tannhäuser

. Il connaît les

difficultés là-bas, et l’aversion personnelle du Duc pour lui ne joue pas

en sa faveur. Donc s’il crée des difficultés maintenant, cela ne déçoit

pas son adversaire, mais plutôt son ami, qui a donné des preuves de

bienveillance et d’affection. Tout cela revient à dire qu’afin de ne pas

gâcher le succès de ses efforts, Wagner devra abandonner son exi-

gence de 50 louis d’or et se contenter de moins ! On n’est pas censé

valoir grand-chose, et malgré tous ses succès, on doit être traité selon

l’ancien taux des honoraires jusqu’à la fin des temps !! Il exhorte son

ami à faire ce qu’il peut : qu’il insiste sur les 50 louis d’or tant qu’il

peut; en dernière extrémité Wagner baisserait jusqu’à

trente

, mais

pas davantage. Si on ne lui accorde pas cela, en entier, alors qu’on

épargne aux prés de Braunschweig le fléau de son opéra diabolique

(« meiner böser Oper »), et que l’Italie unifiée donne à son ami, ainsi

qu’à VERDI et GARIBALDI, sa bénédiction ! Pour répondre ou pour

envoyer de l’argent, il sera à Weimar, du 1

er

au 6 août, chez Franz LISZT

(Altenbach), puis à Vienne, chez le Dr Eduard Liszt… Que son ami Abt

accepte ses remerciements sincères pour ses efforts, qu’il ne sous-

estime point. Wagner compte envahir les territoires de la Confédération

germanique dans quelques jours (« Ich gedenke in dieser Tager in die

deutschen Bundesländer erzufallen »)…

4 000 - 5 000 €

TB

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Livres & Manuscrits

20 février 2020