les collections aristophil
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MONET CLAUDE (1840 - 1926)
L.A.S.,
«
Giverny dimanche 2 h. »
[1912, à Georges CLEMENCEAU ?];
2 pages in-8 au crayon.
1 500 / 2 000 €
Sur ses problèmes de vision
.
« J’y vois enfin un peu plus clair bien qu’il
me soit impossible de supporter la lumière
de dehors. Ce matin je me voyais perdu et
aveugle. De là le téléphonage. Bref je tiens
à avoir un autre avis que celui du docteur
Valude et j’espère que vous aurez pu obtenir
du docteur Morax qu’il veuille bien me rece-
voir le plus tôt possible tenant à être fixé sur le
sort qui m’attend. Je compte sur votre amitié
pour me recommander spécialement »…
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MONET CLAUDE (1840 - 1926)
L.A.S.,
Giverny
14 septembre 1914, à
Geneviève HOSCHEDÉ; 6 pages in-8
(deuil) à en-tête
Giverny par Vernon,
Eure
, au crayon noir.
2 500 / 3 000 €
Belle lettre du début de la guerre de 1914
.
[Monet, qui a récemment perdu son fils aîné
Jean, écrit ici à Geneviève Costadau, qui a
épousé Jean-Pierre Hoschedé (1877-1961),
le dernier fils d’Alice Hoschedé, né après
qu’Alice eut rencontré Monet pour lequel
elle quittera son mari.]
Il est heureux de savoir qu’elle a de bonnes
nouvelles de J.P., dont ils ont reçu ce jour
même deux missives, « une carte pour Michel
[le second fils de Monet] et une lettre pour
moi, et à l’instant une autre lettre pour
Germaine [Hoschedé (1873-1968), sœur de
Jean-Pierre] […] il paraît très vaillant et même
content […] Tout cela plus les bonnes nou-
velles de la guerre font bien plaisir. Ici nous
sommes bien. Michel enchanté et joyeux à la
pensée qu’enfin on va appeler les réformés.
Nous resterons donc seuls, Blanche [Blanche
Hoschedé-Monet (1865-1947), fille d’Alice,
avait épousé le fils aîné de Monet, Jean;
venue s’installer à Giverny en 1914, elle y
tiendra le rôle de maîtresse de maison]
et moi, bien décidés à rester ici quoiqu’il
advienne. Certes s’il y avait un ordre ou du
danger je ferai comprendre à Blanche de
partir, mais moi je resterai quand même, trop
de souvenirs me retiennent ici où la moitié de
ma vie s’est écoulée, et en somme je préfère
mourir ici au milieu de mes œuvres plutôt
que de me sauver et de laisser tout ce qui
fut ma vie, à des voleurs ou à des assassins.
[…] Il n’y a du reste pas à s’inquiéter de nous,
il n’y a jamais eu à s’inquiéter, il y a eu ici
comme dans bien des endroits un vent de
panique bien malheureux, et auxquels je suis
sûr que bien des gens regrettent de s’être
laissé aller. Ce que nous aurons sans doute
sûrement, ce sont des troupes françaises, et
on leur fera l’accueil qu’elles méritent »… Il
embrasse Geneviève tendrement…