Previous Page  124 / 188 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 124 / 188 Next Page
Page Background

les collections aristophil

122

650

MONET CLAUDE (1840 - 1926)

L.A.S.,

«

Giverny dimanche 2 h. »

[1912, à Georges CLEMENCEAU ?];

2 pages in-8 au crayon.

1 500 / 2 000 €

Sur ses problèmes de vision

.

« J’y vois enfin un peu plus clair bien qu’il

me soit impossible de supporter la lumière

de dehors. Ce matin je me voyais perdu et

aveugle. De là le téléphonage. Bref je tiens

à avoir un autre avis que celui du docteur

Valude et j’espère que vous aurez pu obtenir

du docteur Morax qu’il veuille bien me rece-

voir le plus tôt possible tenant à être fixé sur le

sort qui m’attend. Je compte sur votre amitié

pour me recommander spécialement »…

651

MONET CLAUDE (1840 - 1926)

L.A.S.,

Giverny

14 septembre 1914, à

Geneviève HOSCHEDÉ; 6 pages in-8

(deuil) à en-tête

Giverny par Vernon,

Eure

, au crayon noir.

2 500 / 3 000 €

Belle lettre du début de la guerre de 1914

.

[Monet, qui a récemment perdu son fils aîné

Jean, écrit ici à Geneviève Costadau, qui a

épousé Jean-Pierre Hoschedé (1877-1961),

le dernier fils d’Alice Hoschedé, né après

qu’Alice eut rencontré Monet pour lequel

elle quittera son mari.]

Il est heureux de savoir qu’elle a de bonnes

nouvelles de J.P., dont ils ont reçu ce jour

même deux missives, « une carte pour Michel

[le second fils de Monet] et une lettre pour

moi, et à l’instant une autre lettre pour

Germaine [Hoschedé (1873-1968), sœur de

Jean-Pierre] […] il paraît très vaillant et même

content […] Tout cela plus les bonnes nou-

velles de la guerre font bien plaisir. Ici nous

sommes bien. Michel enchanté et joyeux à la

pensée qu’enfin on va appeler les réformés.

Nous resterons donc seuls, Blanche [Blanche

Hoschedé-Monet (1865-1947), fille d’Alice,

avait épousé le fils aîné de Monet, Jean;

venue s’installer à Giverny en 1914, elle y

tiendra le rôle de maîtresse de maison]

et moi, bien décidés à rester ici quoiqu’il

advienne. Certes s’il y avait un ordre ou du

danger je ferai comprendre à Blanche de

partir, mais moi je resterai quand même, trop

de souvenirs me retiennent ici où la moitié de

ma vie s’est écoulée, et en somme je préfère

mourir ici au milieu de mes œuvres plutôt

que de me sauver et de laisser tout ce qui

fut ma vie, à des voleurs ou à des assassins.

[…] Il n’y a du reste pas à s’inquiéter de nous,

il n’y a jamais eu à s’inquiéter, il y a eu ici

comme dans bien des endroits un vent de

panique bien malheureux, et auxquels je suis

sûr que bien des gens regrettent de s’être

laissé aller. Ce que nous aurons sans doute

sûrement, ce sont des troupes françaises, et

on leur fera l’accueil qu’elles méritent »… Il

embrasse Geneviève tendrement…