marchands qui sont ou ânes ou méchants et la plupart du temps les
deux à la fois. Ils ont malheureusement une grande influence auprès
du public surtout quand ils sont riches et on les croit connaisseurs
parce qu’ils ont gagné de l’argent. C’est bien le contraire, car tous
ces gens-là ont gagné leur fortune en vendant des tableaux ou faux
ou mauvais. J’ai suivi le chemin opposé; je n’ai pas voulu participer à
ces infâmies. J’ai cru que mon devoir était d’instruire les amateurs et
d’aider les artistes et je suis devenu la bête noire des marchands ». Ils
lui ont fait une guerre terrible, comme Petit ou Boussod: « Maintenant
que j’ai préparé le terrain, il arrive pour récolter ». Son exposition,
retardée par les marchands, s’est enfin ouverte: « Mes tableaux
remplissent toutes les salles de l’académie et jamais on n’a eu dans
ce pays une telle réunion de belles œuvres. Dans une des galeries
j’ai placé exclusivement vos œuvres, celles de Pissarro, de Renoir,
de Sisley et de Puvis de Chavannes dont j’ai 10 tableaux. C’est d’un
effet délicieux. C’est la 1
ère
fois que l’on voit des Chavannes et ils sont
bien mieux compris qu’en France. […] Le succès viendra à coup sûr
mais pourrai-je en jouir moi-même. Ceux au moins pour lesquels
je me suis dévoué en profiteront; ils ne sauront jamais ce que cela
m’aura coûté d’argent, de peines et d’angoisses »…
Paris 14 septembre
. Il est rentré depuis deux mois d’Amérique, est
allé dans le Midi, en Hollande, et est pris par les travaux de la rue
Laffitte où il se réinstalle. « J’ai su avec grande satisfaction que vous
continuez à avoir beaucoup de succès. Je voudrais pouvoir vous
en dire autant pour moi, mais ce n’est pas le cas et je suis revenu
de mon voyage tout à fait démonté. C’est réellement désolant de se
donner tant de mal pour tâcher de bien faire et de rendre service à
toute une série d’artistes méritants et de rencontrer une malveillance
systématique qui entrave tout »… Il ira le voir à Giverny…
O
n joint
une L.A.S. de son fils Charles
DURAND-RUEL
(1865-1892),
8 décembre 1887 (2 pages in-4 à en-tête des
Galeries Franco-Améri-
caines, 16 Rue Laffitte
), à Monet, pour l’inciter à faire dans leur galerie
une belle exposition de groupe avec Renoir, Pissarro et Sisley, en
même temps que leur père les fait connaître à New York.
Archives Claude Monet
(Artcurial, 13 décembre 2006, n° 70).
beaux-arts
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