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CHARLES IX (1550-1574)
Lettre signée de CHARLES IX
adressée à son ambassadeur en
Espagne.
Lettre signée « Charles » à Raymond
de Beccarie, sieur de Fourquevaux.
Paris, 4 octobre 1568, 1 p. in-folio,
nom du destinataire au dos.
3 000 / 5 000 €
Rare et très belle lettre à son ambassadeur en
Espagne. « ... le Sr Pineau, l’un des maistres
ordinaires de mon hostel, m’a faict entendre
que soubz coulleur de ce que aucuns de la
ville de La Rochelle se sont fourvoyez en la
ville de St-Sebastien en Espaigne et auroyent
de ce leurs biens saisis par auctorité de
l’Inquisition dudict païs, icelle Inquisition
auroit par ceste mesmes voye faict aussi
saisir et arrester grande quantité de biens
appartenans audict Pineau son filz... Toutes-
fois quelque remonstrance et instance qu’il
en ay faicte et peu faire du cousté de delà,
il n’en auroit jusques icy peu avoir la raison,
me supplyant à ceste cause vous escripre
et prier d’en parler par dellà aux officiers et
ministres du Roy Catholique mon bon frère
[Philippe II d’Espagne]... » Il annonce dans
un post-scriptum qu’il a directement écrit
une lettre à Philippe II. Homme de guerre,
théoricien militaire et diplomate, le sieur
de Fourquevaux (1508-1574) débuta dans
les armes en Italie, notamment auprès du
maréchal de Lautrec. Fait prisonnier par les
Espagnols au siège de Naples (1528), il ne
rentra en France qu'en 1530 après la paix de
Cambrai. Il participa encore à la campagne
de Savoie, et occupa ensuite la charge de
gouverneur de la ville de Narbonne de 1557
à 1565 puis de 1572 à sa mort. Il tira de son
expérience militaire la matière d'un traité
intitulé Instruction sur le fait de la guerre,
qu'il publia en 1548 (Paris, Galliot Du Pré).
Fourquevaux, dont la fidélité et l'habileté
furent rapidement reconnue, se vit confier
plusieurs missions diplomatiques, en Écosse
(en 1538, pour escorter Marie de Lorraine
qui allait épouser Jacques V), en Irlande,
en Italie et en Bohême, avant d'être nommé
ambassadeur de Charles IX auprès de
Philippe II d'Espagne : de 1565 à 1572, il
occupa ce poste stratégique en œuvrant
au maintien de la paix entre les deux nations,
ce qu'il accomplit avec succès, apaisant par
exemple le conflit élevé à la suite du massacre
des Français par les Espagnols en Floride
(1565). C'est lui qui demanda son rappel à
la mort de la reine d'Espagne Élisabeth de
Valois, estimant que la fin de l'influence béné-
fique de celle-ci sur la politique espagnole
faisait planer de nouveau une menace de
guerre, et que, dès lors, il serait lui-même
plus utile à la France comme gouverneur
d'une ville frontière comme Narbonne.
les collections aristophil
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