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188

les collections aristophil

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PROUDHON PIERRE-JOSEPH (1809-1865)

Lettre autographe signée adressée au « Procureur

impérial près le Tribunal de police correctionnelle

de la Seine ».

S.l., 10 novembre 1858, 6 pages in-folio à l’encre

2 500 / 3 000 €

Condamné à la sortie de son ouvrage

De la Justice dans la Révolu-

tion et dans l’Eglise

, en 1858, Proudhon, polémiste et précurseur de

l’anarchisme, s’exile à Bruxelles pour échapper à sa peine. Son livre

a été interdit mais il est autorisé à publier un « mémoire » pour sa

défense et en attendant une révision de son procès. Or le ministère

de l’Intérieur a saisi le livre avant même que celui-ci ne soit diffusé.

Dans cette lettre adressée au procureur, Proudhon demande à ce que

son droit soit respecté et en profite pour souligner les abus de l’Etat

et le manque de recours des citoyens. Le motif de l’ajournement était

un mémoire que l’auteur du livre poursuivi se proposait de publier

pour sa défense, et que, sur le refus des imprimeurs français, il s’était

vu dans la nécessité de faire imprimer à l’étranger. Le 20 septembre,

un premier ballot, contenant vingt-cinq exemplaires de ce mémoire,

était adressé de Bruxelles, par l’entremise de la douane, à MM. Gar-

nier frères, libraires à Paris, rue des Saints-Pères, n° 6. – En même

temps, avis de l’expédition était donné au ministre de l’Intérieur, avec

prière à ce haut fonctionnaire de vouloir bien donner des ordres

pour que cet écrit, privilégié par la loi du 17 mai 1819, art. 23, pût

entrer librement en France, en tel nombre qu’il plairait à l’écrivain.

Le ministre de l’intérieur ne répondit pas : avertissement officieux fut

seulement donné aux frères Garnier, de s’abstenir de réclamer le

ballot, parce que, s’ils le réclamaient, ils se compromettraient. C’était

la continuation du système d’intimidation pratiqué par la police vis-

à-vis des imprimeurs et des libraires, dont le refus de concours avait

obligé le soussigné à aller à Bruxelles. C’était aussi la conséquence

des mesures adoptées par le ministre de l’Intérieur contre l’auteur

du livre De la Justice, dont une brochure philosophique, venant de

Bruxelles, avait été déjà retenue à la douane et qu’on avait même

daigné prévenir qu’aucune publication sortie de sa plume ne serait

désormais tolérée en France.