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les collections aristophil
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MAGRITTE RENÉ (1898-1967).
Les Bijoux indiscrets
, lithographie en couleurs,
avec légende autographe, signée en bas à droite ;
23,3 x 30 cm sur feuille 31 x 40 cm (sous verre).
2 000 / 3 000 €
Lithographie avec titre autographe en bas au centre : « Les Bijoux indis-
crets », justifiée en bas à gauche « H.C. 11/20 », et signée « Magritte »
en bas à droite.
C’est la première lithographie de Magritte, tirée avant la lettre en
1963 à 75 exemplaires, plus 20 hors-commerce
(un tirage d’environ
2000, pour
XX
e
siècle
de San Lazzaro, sortira la même année, titré
dans la planche).
Kaplan & Baum,
The Graphic Work of René Magritte
, n° 3.
provenance
Anciene collection Suzi GABLIK (Sotheby’s New York, 5 décembre
2013, n° 152).
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MAGRITTE RENÉ (1898-1967).
L.A.S. « RM »,
Bruxelles
Mardi [24 décembre 1963],
à André
BOSMANS
; 2 pages in-8 à son en-tête.
1 500 / 2 000 €
Belle lettre sur sa peinture, l’art moderne et Chirico
.
Commentaires sur la première ébauche proposée par André BOS-
MANS de sa monographie sur Magritte, étude qui s’adresse à un
public « non averti » : « Le texte que vous écrirez sera plus difficile
que s’il était destiné à des “spécialistes”. C’est cependant d’un tel écrit
que les “spécialistes” ont réellement besoin si des malentendus ne
doivent pas permettre un accord donné d’avance. [...] D’un point de
vue “historique” il pourrait être bon de noter que l’évolution de l’art
moderne (depuis le réalisme jusque l’art abstrait en 1910) s’est terminée
avec l’arrêt d’un “progrès” terrible. Ce “progrès” accompli jusque
1910 étant en réalité une suite de différentes manières de concevoir
l’art de peindre en ce qu’il a d’étroitement artistique ou esthétique.
Dès lors, s’il s’agissait encore de peindre, à l’importance accordée à
l’esthétique devait se substituer l’importance d’une présence moins
accessoire : celle du monde et de la pensée – qui n’est pas douteuse
quoique ignorée dans une certaine mesure et du même coup tenue
pour négligeable. C
HIRICO
fut le premier à concevoir une peinture qui
manifeste directement cette présence et qui en évoque le mystère. A
l’égard de cet événement, l’ignorance générale est telle que Chirico
fait figure d’un peintre “intéressant” sans doute, parmi d’autres, mais
qu’il est “dépassé” par les “recherches” actuelles, tenues pour un
progrès et qui ne sont, en réalité, que produits d’imitations superflues
et faciles de l’art abstrait de 1910. Dans la voie inaugurée par Chirico, il
n’y a pas de “progrès” possible : il y a mieux : une fécondité possible
et sans fin comme celle du monde et de la pensée »...
Lettres à André Bosmans, 1958-1967
(p. 333).
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