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228.
Georges MÉLIÈS
. L.A.S., Paris 18 avril 1928, à Auguste
D
rioux
; 5 pages in-8.
1 000/1 200
A
u
directeur
de
P
assez
M
uscade
,
bulletin
trimestriel
des
prestidigitateurs
. Les deux
numéros contenant ses deux
premiers articles sont parfaits,
et il atteste l’authenticité
de l’histoire du « claquoir
automatique » qui, du temps
d’Émile
R
obert
-H
oudin
, faisait
démarrer les applaudissements
dès le premier tour. « Certains
soirs, l’artiste a devant lui un
public charmant, de bonne
humeur, ne demandant qu’à
s’amuser, et très démonstratif
et très chaud, dès le tour
d’introduction. D’autres soirs,
on tombe sur un public glacial ;
des gens qui semblent avoir
peur de se faire du mal en
riant, ou plutôt qui se croiraient
déshonorés en ayant l’air d’être
étonnés par un prestidigitateur.
C’est alors qu’il faut redoubler
de gaîté et d’entrain pour
arriver à les dérider et à
perdre leurs figures de croque-
morts »… Méliès a retrouvé des
photographies de grands trucs
au Magnésium, où figurent
Legris, Duperré, Harmington, etc. « Le servant de scène
Marius
, fut pendant 17 ans de mon temps, une célébrité. Je
n’en ai jamais eu un comme celui-là, car il a fait la joie de tout Paris : tout le monde le connaissait, comme on connaît les
Fratellini. C’était un pince-sans-rire d’une cocasserie étourdissante, quoique flegmatique et d’une tenue impeccable
en scène. De plus c’était un aide des plus précieux et des plus adroits pour l’artiste. [...] Qui ne l’a pas vu faire
enferrer
un spectateur trop malin, avec les différentes feintes qui accompagnent le tour du secret de contrebande (de Robert-
Houdin) n’a rien vu, car elles étaient exécutées avec un naturel et une finesse incroyables »…
229.
Georges MÉLIÈS
.
M
anuscrit
autographe,
L’Impression des couleurs à distance
, [octobre 1928]
; 4 pages
in-fol. (fentes réparées).
1 200/1 500
I
nstructions
et
«
explication
»
d
’
un
tour
de
R
obert
H
oudin
,
modernisé
par
M
éliès
, destiné à
Passez Muscade, bulletin
trimestriel des prestidigitateurs
.
L’« expérience » consistait à écrire sur une feuille de papier secrètement enduite de produits chimiques, et qui sous
la pression de l’écriture, se colorait grâce à un courant électrique, alors que « l’opérateur » prétendait faire passer la
couleur par un ruban. « Aujourd’hui, le truc serait immédiatement compris et percé à jour. J’ai néanmoins repris
l’idée
,
en la modernisant, et voici comment j’ai réalisé une très curieuse nouveauté inédite, à l’une de nos représentations de
gala de la Chambre syndicale des illusionnistes »… Suivent des instructions précises pour la mise en scène d’objets
divers : un chevalet, des feuilles de papier, un coffret contenant des flacons de couleurs fermés par un bouchon percé,
une pile de bichromate, une bobine de Ruhmkorff, une chaise, un guéridon, un cordon, une pince à linge, deux
planchettes, un foulard, etc. « Et vous annoncez : une expérience de transport à distance 1° d’un
dessin
, deuxièmement
de la
couleur de ce dessin
, le tout compliqué par un phénomène de
télévision mystérieuse
»… Il donne le détail des
gestes à accomplir… « Vous faites fonctionner la bobine en mettant la pile en action. On entend un ronflement, puis
une sonnerie électrique se fait entendre (en coulisse) vous arrêtez le courant, en disant :
C’est fait
. […] L’effet est
stupéfiant »… Et pourtant ce tour « est des plus simples », comme le démontre son « explication »… « Naturellement,
on ajoute des plaisanteries, dans la présentation ; par exemple en remettant la lorgnette à un spectateur, en l’engageant
à regarder l’enveloppe tenue en l’air, en lui demandant :
Que voyez-vous ?
–
Rien
, répond-il. –
Comment, rien ? Vous
ne voyez pas l’enveloppe
–
Ah, si. – Eh bien, c’est déjà quelque chose, mais si vous ne voyez pas ce qui est écrit à
l’intérieur, c’est que j’ai oublié de vous dire qu’avec cette lorgnette, il faut toujours fermer l’œil avec lequel on regarde.
C’est ce que je vais faire : Parfait, je vois distinctement !
(etc. etc.) »…
Jeudi 20 juin 2019 à 14 heures