Previous Page  87 / 116 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 87 / 116 Next Page
Page Background

85

Litterature

872

PROUST MARCEL 1871 1922

L.A.S. À MADAME ALPHONSE DAUDET.

Début décembre 1903. 4 pages in-12.

6 000 / 8 000 €

Lettre autographe signée Marcel Proust, relative au décès de son

père, à Madame Alphonse Daudet sur papier de deuil

… « Vous avez toujours été si gentille pour moi que je n’ai pas été

étonné que vous vous montriez si bonne au moment où je suis si

malheureux… Si je vous parlais des heures terribles de la semaine

dernière depuis le moment où tout est arrivé, je risquerais de toucher

trop profondément en vous des souvenirs personnels qui sont aussi

des chagrins pour moi (allusion à la langue maladive d’Alphonse

Daudet). Et vous vous figurez ce qu’était Papa pour moi, qui ne

quittait presque plus la maison. J’aime mieux vous dire que votre

cher et admirable Lucien m’a montré pendant ces deux semaines

non seulement cette gentillesse, cette intelligence inouïe de tout ce

qu’on sent, où va sentir qui fait que tout le monde l’aime et l’admire

tant, mais aussi cette bonté, ce cœur infini qui font que ses amis ont

l’orgueil de croire que seuls ils le comprennent complètement, ou

du moins dans la mesure où on peut comprendre et qui nous est

tellement supérieur » …

Le professeur Adrien Proust meurt le 26 novembre 1903 des suites

d’une hémorragie cérébrale, Proust fut très aecté de ce décès (« Mon

père avait pour mon genre d’intelligence un mépris su²samment

corrigé par la tendresse pour qu’au total, son sentiment sur tout ce

que je faisais fût d’une indulgence aveugle », « À l’Ombre des jeunes

filles en fleurs »).

873

PROUST MARCEL 1871 1922

L.A.S. À ANDRÉ CHAUMEIX.

Paris, 5 juillet 1922

.

8 pages in-8 signées Marcel Proust.

12 000 / 15 000 €

Enveloppe conservée, sous emboitage demi-maroquin bleu nuit,

dos titré or.

Lettre importante et très littéraire adressée à André Chaumeix, directeur

de la revue de Paris dans laquelle Proust fait mention d’Anatole

Fance pour lequel il avait beaucoup d’admiration. Il le cite comme

son maître dans la lettre.

Anatole France a inspiré le personnage de Bergotte dans « À la

recherche du temps perdu »

… « Un grand esprit enferme bien des contradictions. Un jour devant

moi (car j’ai été très lié avec lui) quelqu’un se plaignait qu’un auteur

(peut être bien Mallarmé) fut obscur. Monsieur France légèrement

agacé répondit que tout ce qui avait été nouveau avait paru obscur

et nous cite des textes prouvant que l’obscurité de Racine avait été

alléguée par ses contemporains. C’était tellement une idée qui m’était

chère (et que je n’avais jamais confiée à mon maître) que je fus ému

de le voir lui donner sans s’en douter un certificat d’authenticité ».

« Je sais que ce sont les écrits qui ne sont pas innovants et sans

mérite, qui ne sont pas clairs. Et j’ai bien peur que « À la recherche

du temps perdu » ne se retrouve classé parmi ces derniers » …