Previous Page  86 / 116 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 86 / 116 Next Page
Page Background

84

les collections aristophil

871

PROUST MARCEL 1871 1922

JEAN SANTEUIL.

Manuscrit autographe, fin 1901 – début 1902. 2 pages in-4.

15 000 / 20 000 €

Manuscrit à l’encre violette comportant en tête du texte un passage

inédit, séparé d’un trait de plume du portrait de Madame de Réveillon,

qui n’est pas sans évoquer la chambre de Combray de laquelle

le narrateur de « À la Recherche du temps perdu » entendra les

discussions dans le jardin : « Les fenêtres de la chambre élevées que

nous habitions en Provence à souvent senti, connu le soir le doux

appui de notre coude quand il faisait encore clair et les lits profonds

dans l’obscurité ont senti rouler bien des rêves »

Tel Monsieur Verdurin, antipathique personnage de « La Recherche

» se révélant très aable, ou Saint-Loup homme à femmes devenu

homosexuel, ce portrait insiste sur les renversements qui s’opèrent

sur plusieurs personnages. Madame de Réveillon, apparemment

désagréable, se montre de compagnie charmante pour d’autres :

… « De sorte que tandis que presque toutes les personnes qui voyaient

Madame de Réveillon dans le monde déclaraient avoir en son

endroit une irrémédiable antipathie, que toutes les personnes simples

souraient de sa prétention, toutes les personnes honnêtes de son

ton, toutes les personnes bonnes de son impertinence, toutes les

personnes élégantes de son genre impossible, en revanche certains

hommes avaient eu au premier abord la même impression et avaient

juré qu’ils n’iraient jamais chez elle, et aussi certaines femmes qui

savaient allier à l’amabilité et au bon genre, l’amour de jouer à quatre

mains du Bach et d’aller à Bayreuth, se plaisaient beaucoup dans

son intimité » …

Le personnage de Madame de Réveillon, qui deviendra Madame

Verdurin dans « La Recherche » est inspiré par Madeleine Lemaire.

Le nom que Proust donne à son personnage lui vient de celui de sa

propriété, le château de Réveillon où l’été elle invite ses fidèles. Dans

son salon parisien qu’il fréquente à partir de 1893, Proust rencontre

Robert de Montesquiou et Reynaldo Hahn. En 1896 paraissent « Les

Plaisirs et les jours », illustrés par Madeleine Lemaire.

Redécouverts par André Maurois, les passages épars du roman de

jeunesse de Proust seront publiés en 1952 par Bernard de Fallois qui

lui donna pour titre celui du protagoniste « Jean Santeuil ».

Simonson fit connaître ces pages à Philip Kolb qui les publia en 1968

dans les « Textes Retrouvés » p.30-32. En 1971 l’extrait est repris dans

« la Pléiade » par Pierre Clarac p.743-744.

(Usures aux plats sans incident sur le texte).

Un des très rares fragments que Proust ajouta à Jean Santeuil après

l’avoir abandonné en 1899.