ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 182

178
303.
Jean-Henri G
OURGAUD
, dit DUGAZON
(1746-1809) acteur, sociétaire de la Comédie-Française, un temps marié à
la célèbre soprano.
Pièce autographe, [décembre 1778] ; demi-page in-fol.
250/300
D
ÉPENSES
POUR
LES
PROVERBES
JOUÉS
À
T
RIANON
POUR
M
ARIE
-A
NTOINETTE
.
« Mémoire de Débourcé fait à l’occasion des différents habillements pour les proverbes ». Compte pour différentes locations de
costumes : habits de femmes, robes, bonnets, perruques…, dont un « habit noir de chansonnier pour la fete de Trianon », et des
habits de paysan pour le sieur Musson « pour les proverbes chez la reine »..., le tout se montant à 654 livres.
304.
Marguerite B
RUNET
, dite Mademoiselle MONTANSIER
(1730-1820) comédienne, et directrice de théâtre à
Versailles puis au Palais-Royal.
Lettre autographe signée « De Montansier », Versailles 19 février 1779 ; 2 pages et demie petit in-4.
250/300
Réclamation pour un paiement qu’on lui a diminué : elle a reçu le mandement de 1000 livres. Il était pourtant convenu avec le
maréchal de R
ICHELIEU
qu’ils examineraient à l’assemblée des Premiers Gentilshommes de la Chambre sa réclamation « des 1600
ll
qui
mont été diminué pour les fois que la roine [M
ARIE
-A
NTOINETTE
] a honoré mon spectacle de sa presence »... Elle comptait sur cette
somme et en a grand besoin. Elle a toujours tout fait pour obliger son correspondant et le lui rappelle : « si vous saviez ce quil m’a
couté de garder M
lle
... vous conviendriez que vous ne pouvais pas vous dispenser de mobliger »... Elle compte sur lui pour décider
MM. les Gentilshommes de la Chambre de lui verser ces 1600 livres, auxquels d’ailleurs le maréchal de Richelieu consent...
305.
Claire-Josèphe-Hyppolite L
ÉRIS
DE
L
ATUDE
, dite Mademoiselle CLAIRON
(1723-1803) la grande tragédienne,
sociétaire de la Comédie-Française.
Pièce signée « Clairon » avec une ligne autographe, Paris 2 janvier 1781 ; demi-page in-4.
300/350
Elle reconnaît avoir reçu de « Milord Vicomte de P
OWERSCOURT
par les mains de M. P
ERREGAUX
la somme de cinq cent livres » sur
la « pension viagère que me fait ce Seigneur comme heritier de son frere »... Elle écrit
DE
SA MAIN
: « J’approuves l’ecriture Clairon ».
306.
Anne-Antoinette Clavel de SAINT-HUBERTY
(1756-1812) célèbre cantatrice, interprète favorite de Gluck,
assassinée avec son mari le comte d’Antraigues.
Lettre autographe signée « De St Huberty », 12 juin 1782 ; 5 pages in-4.
2 000/2 500
M
AGNIFIQUE
LETTRE
SUR
LE MILIEU
DE
L
’O
PÉRA
,
LA
CONDITION
DE
CHANTEUSE
,
ET
SA
CARRIÈRE
.
« On fait si promptement des mauvaises têtes dans le païs de l’opéra, et l’on y garde si peu le secret, qu’il m’est déja revenu quavec
la qualité de P
re
chanteuse de l’opéra on me qualifie aussi de mauvaise tête (il semble que l’un ne peut aller sans l’autre). Cependant
il me paroit ne point mériter, ce titre (qui pourtant marque plus le talent, que le talent même) il mimporte beaucoup dêtre justifié
dans votre esprit »... Elle s’attache à répondre aux attaques dont elle a été victime et qui lui ont valu cette réputation, et fait valoir
ses droits. Elle rappelle « les sujets de plaintes qui m’ont fait donner mon congé pour la premieres fois, cétoit donc pour le partage
que je n’avois point touché pour le titre de P
er
sujet que lon me refusoit et pour des congés que lon ne vouloit point m’accorder ».
On l’a ensuite laissée partir pour La Rochelle en lui promettant, ainsi que le ministre, d’autres congés, « et le titre que je desirois
et que j’avois tachée de mériter, céttoit donc une justice ? » Puis elle a dû réclamer congé, gratification et « les feux que l’on m’avoit
promis pour laisser les roles que je jouois, et faire toutes les répétitions de
Thésée
[de G
OSSEC
], on trouve qu’il ny a rien de plus
indigne qu’une femme qui a acquis des talens, qui a eüe le malheur de s’en servir pour pourvoir à son existence, qui a empêché que
la porte de l’opéra ne se fermâ 7 ou 8 fois au moins, qui a fait tous les efforts pour mériter plus même, qu’on ne lui promettoit,
on trouve infâme dis-je, de réclamer,
et
congé
(
le roy n’en donne aucun
)
et gratification
(
il ny a point dargent
)
et feux
gagnés (fi donc
on na point enttendu parler de cela). “Il faudroit me dit-on que les femmes a talens se déffissent de demander de l’argent cela n’est
pas noble” ». Elle s’insurge contre cela, d’autant qu’elle n’a pas les revenus qui permettent une telle « noblesse » : en retour, elle
a eu la « bassesse » de donner son congé « de maniere a ce que l’on ne me forçât pas de jouer, [...] on m’a traitée majestueusement,
une bonne lettre de cachet me remit dans le droit chemin. Cependant j’avois toujours ce maudit désir d’améliorer mon sort ». On
la rassurait en disant que tout allait s’arranger, et le bruit courait « d’une pension de la cour, d’un congé, enfin j’ai suspendu ma
grande colere » ; mais arrive « le Règne de ses messieurs du Comité qui doit finir le mien, voila le plus fort ! » Après la lettre de
cachet, c’est la mise à l’amende, on veut la forcer à quitter ses rôles, l’empêcher d’entrer dans les coulisses de l’Opéra, etc. Elle
se plaint de ces agissements et de ceux de ses camarades qui « veullent s’arroger le droit de faire les maître », d’autant qu’ils s’en
vantent et l’accusent de malhonnêteté, etc. « Tout cela danneroit un saint [...] Si tout cela prouve une mauvaise tête de ma part,
il y a gros a parier que j’ai pris mon pli et que j’aurai toute la vie la mauvaise tête de vouloir travailler beaucoup, en être bien
récompensé, ne vouloir point mériter de reproche ny souffrir d’injustice »...
Lettre publiée par Edmond de G
ONCOURT
,
La Saint-Huberty d’après sa correspondance et ses papiers de famille
(Dentu, 1882,
p. 66-70, coll. du marquis de Flers).
Reproduction page 176
307.
Louise CONTAT
(1760-1813) actrice, sociétaire de la Comédie-Française, elle créa Suzanne du
Mariage de Figaro
.
Lettre autographe signée « Contat », [1784 ?], à Stanislas C
HAMPEIN
; 2 pages in-8, adresse avec cachet de cire rouge à
son chiffre (portrait joint).
400/500
« Vous m’avez fait deux fois les offres les plus obligeantes mon cher Champein. Permettés moi de les réclamer pour un objet qui
m’intéresse vivement et qui pourtant est je le sens fort au dessous de vous, il est possible que vous ayez été témoin de l’effet que
la peur a produit sur ma petite Milli [sa sœur Émilie], la timidité de son âge, la modestie de ses moyens, le peu d’habitude tout
a dû contribuer à la troubler et ce que je vous demanderais c’est de lui faire chanter sa romance jusqu’à la seconde représentation
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