ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 181

177
T
HÉÂTRE
ET
OPÉRA
AU
TEMPS
DES
L
UMIÈRES
300.
Catherine Jeanne Dupré SEINE, dite Mademoiselle de SEINE
(1705-1767) actrice, de la Comédie-Française.
Copie d’époque du pamphlet
Lettre de Mad
lle
de Seine à Messieurs de l’Academie françoise
, 7 mars 1735 ; cahier
de 17 pages et demie in-4.
200/250
P
AMPHLET
POUR
SA DÉFENSE
après la lettre de cachet décernée contre elle sur la réquisition de Messieurs les premiers gentilshommes
de la Chambre. Elle met en cause bien des hauts personnages et des auteurs, désignés par des allusions et périphrases, mais dont
on a porté le nom en clair dans les marges : les ducs de Gesvres, de La Trémoille, de Rochechouart et d’Aumont, les cardinaux de
Fleury, de Rohan, de Polignac, d’autres prélats et abbés, Montesquieu, Crébillon, Mirabeau, Marivaux, etc.
301.
Marie-Françoise M
ARCHAND
, dite Mademoiselle DUMESNIL
(1713-1803) tragédienne, sociétaire de la Comédie-
Française, rivale de la Clairon.
Lettre autographe, Mannheim 14 avril 1765, à l’acteur L
EKAIN
« Comédien du Roy » à Paris ; 3 pages in-4, adresse avec
cachet de cire rouge (brisé).
400/500
C
HARMANTE
LETTRE
À
L
EKAIN
.
Après des excuses pour son retard à lui répondre, elle recommande à son « cher Kinkin » un jeune homme « qui a beaucoup de
talant, et dont le pere est notre camarade, et notre ami ; D
ENESLE
espere qu’en faveur de ce titre, vous aurés pour luy quelques
bontés, en luy fesant avoir quelquefois son entrée à la Comedie ». L
OCHERY
ne sera à Paris que pour deux mois, car il est au service
du Landgrave de Hesse-Cassel comme « premier denseur ». Denesle est toujours malade... Elle remercie également Lekain pour un
service rendu à son frère, malgré son mauvais comportement et la désagréable impression que sa conduite a laissée ; il doit changer
son caractère : « il est en etat de se soutenir seul sil veut travailler, mais il ne doit plus rien attendre que de lui-même ».
Elle félicite Lekain pour « tous vos honneurs, et vos succès multipliés, De B
ELLOY
, et les Comediens françois, sont actuellement
les heros du jour. Je jouïs de tout mon cœur, et je partage de meme toute la gloire que vous en retiré ». Elle prie Lekain de lui
envoyer des détails [il s’agit du grand succès de la tragédie patriotique
Le Siège de Calais
de Buirette de Belloy], et « quel est le
costume que vous avez suivy, et coment la piece a étés disposé chéz vous ». Elle le charge de saluer leurs amis B
ELLECOUR
et M
OLÉ
302.
Claire-Josèphe-Hyppolite L
ÉRIS
DE
L
ATUDE
, dite Mademoiselle CLAIRON
(1723-1803) la grande tragédienne,
sociétaire de la Comédie-Française.
Lettre autographe, Triesdorf 19 août 1774, à Monsieur de L
ARIVE
à Lyon ; 2 pages et quart in-4, adresse avec marque
postale
D’Allemagne
.
1 000/1 200
T
RÈS
BELLE
LETTRE
D
’A
LLEMAGNE
À
SON
PROTÉGÉ
L
ACTEUR
L
ARIVE
. [Elle va séjourner plusieurs années en Bavière chez son jeune
amant le margrave d’Ansbach, Charles-Alexandre de Brandebourg-Ansbach.]
« Ma derniere lettre mon cher enfant, vous annonce le bouleversement de notre comedie et je vois quil est impossible que nous
en ayons jamais dans ce païs ; comme je ne veux point rester, je ne veux point occasioner de dépences, il en faudroit d’énormes,
pour la fonder, magazin, salle, tout est a faire, les
appointemens, les avences demenderoient des fonds
qu’on est loin d’avoir ici ; dailleurs on trouves apeine a
la cour une douzaine de personnes qui puisse, tellement
quellement, avoir une conversation française, et tout le
reste n’en entant pas un mot ; ce n’est pas la peine d’avoir
une mauvaise troupe, ce ceroit conscience d’en avoir une
bonne. Le pais est triste, rude, sans ressource d’aucun
genre, je craindrois de vous y voir perir d’ennuy, et ne
point vous y voir, est un très grand véhicul pour croitre
le desir que jai d’en sortir. Patientons mon cher cher
enfant, je fais ici mon purgatoir, et j’espere avoir un jour
le prix de mes douleurs ». Elle le charge de préparer son
retour à Paris : « Je ne serai point riche pour Paris, ou
cependant je veux achever ma carriere, parce qu’il n’est
que Paris au monde ! J’ai tout vendu, il faut refaire, mon
economie de cette année, n’ajoutera pas grand-chose a
mes fonds, on ne me tient compte ni de ce que jai fait,
ni de ce que jai donné, et comme il seroit possible que je
perdisse en partant dici, les deux mille livres de rentes
qu’on mi fait, que même ils ne peuvent avoir d’assurance
que pendant la vie du bienfaiteur, il faut qu’à tout
evenement je m’arrenge pour les avoir de moins. Faites
donc amas de bien autant que vous le pouvés on ne peut
jamais en trop avoir quant on l’aquerre avec honeur, le
débit en est doux et facile ; on n’est pas toujours jeune,
les besoins de la viellesse sont infinis et quand on ne les
a point par sa faute, on est doublement malheureux »...
Les Neuf Muses
.
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