121
M
ADAME
DE
M
AINTENON
196.
Paul SCARRON
(1610-1660) écrivain, auteur comique et romancier, premier mari de Françoise d’Aubigné, la future
Madame de Maintenon.
Lettre autographe signée « Scarron », à Paul P
ELLISSON
; 1 page et demie in-4, adresse avec cachets de cire rouge aux
armes sur lacs de soie rose.
1 000/1 200
R
ARE
LETTRE
À
L
’
ACADÉMICIEN
P
ELLISSON
.
« Je me suis trouvé ce matin de mauvaise humeur, & nayant rien à faire jay adjousté quelque chose à la Table dattesté dont je
veux faire le Portrait de mon Fourbe en cas quil continue a me manquer de parolle. Je vous envoye un echantillon de mon labeur
que je ne montrerai jamais qu’a vous seul jusqu’a ce que je sois obligé de le rendre public. Cependant il ne fera que croistre et
embellir. Quand voulez vous donc tenir la partie que je vous ai proposée. Voulez vous que ce soit Dimanche Lundi ou Mardi »…
Ancienne collection Alfred M
ORRISON
(t. VI, p. 87).
Reproduction page 122
197.
Françoise d’A
UBIGNÉ
, marquise de MAINTENON
(1635-1719) épouse morganatique de Louis XIV, fondatrice de
la Maison de Saint-Cyr pour les jeunes filles.
Pièce signée « D’Aubigny Scarron », également signée par sa belle-sœur Françoise S
CARRON
, Paris 21 septembre 1674 ;
vélin oblong petit in-4 à en-tête impr.
Quittance pour les Rentes de l’Hostel de Ville de Paris
.
400/500
Quittance pour des rentes de l’Hôtel de Ville, au nom de « Dame Françoise d’Aubigny veuve de deffunct messire Paul Scarron
vivant seigneur des Fougerais conseiller du Roy en ses conseils », demeurant à « Sainct Germain des prez rue Vaugirard », créancière
du défunt de mille livres de rente de douaire, en communauté avec damoiselle Françoise Scarron. R
ARE
FORME
DE
SIGNATURE
.
Librairie Marc Loliée, 1958
.
Reproduction page 122
198.
Françoise d’A
UBIGNÉ
, marquise de MAINTENON
(1635-1719) épouse morganatique de Louis XIV, fondatrice de
la Maison de Saint-Cyr pour les jeunes filles.
Lettre autographe signée de son paraphe, Saint-Germain 5 avril [1681], au marquis de V
ILLETTE
; 13 pages in-4 (légères
piqures au premier feuillet).
8 000/10 000
L
ONGUE
ET
REMARQUABLE
LETTRE
SUR
SES
EFFORTS
POUR
OBTENIR
LA
CONVERSION
DE
SA
FAMILLE
PROTESTANTE
,
ET
L
’
ÉDUCATION
DE
SES
NEVEUX
ET
NIÈCES
;
ELLE
SOUTIENT
L
’
ACTION
DE
L
OUIS
XIV
POUR
ÉRADIQUER
LE
PROTESTANTISME
.
Elle ne se plaint pas du ton des lettres de son cousin, car elle connaît sa tendresse et sa raison. « Vous estes trop juste pour doutter
du motif qui m’a fait agir celuy qui regarde Dieu est le premier mais sil eust esté seul dautres ames estoient aussy pretieuses pour
luy que celle de vos enfans et jen aurois pu convertir qui m’auroient moins cousté. C’est donc lamitié que jay toute ma vie eüe
pour vous qui m’a fait desirer avec ardeur de pouvoir faire quelque chose pour ce qui vous est le plus cher je me suis servie de
vostre absence comme du seul temps ou jen pouvois venir a bout jay fait enlever vostre fille par limpatience de lavoir et de leslever
a mon gré et jay trompé et affligé Madame vostre femme pour quelle ne fust jamais soupçonnée par vous comme elle lauroit esté
si je mestois servie de tout autre moyen pour lui demender ma niepce. Voilà mon cher cousin mes intentions qui sont bonnes et
droittes »... Elle l’exhorte à lui rendre justice et à accepter cette preuve de sa tendresse, « puisque je fasche celuy que jayme et que
jestime pour servir des enfans que je ne puis jamais tant aymer que luy »...
La lettre que Villette a écrite à son fils a fait pleurer tous les gens d’honneur et de sens à qui elle l’a montrée. Elle propose : « ne
traittons jamais de controverse et gouvernons vos enfans de concert »... Son fils a « de lesprit et du sens il est doux bien né plein
de bonnes intentions ambitieux hardy et en un mot je nay rien veü de mauvais en luy quune grande presomption trop remply de
son merite tousjours occupé de luy jamais des autres questionnant tousjours trop grand parleur inquiet naymant pas la lecture et
enfin tous les deffauts dun homme qui a esté admiré » ; mais il s’est vite corrigé. « Je croyois laffliger en luy proposant lacademie et
quil auroit de la peine a devenir escollier apres avoir esté officier sur sa bonne foy et depuis homme de cour cependant cest ou je
vis son bon sens il en fut ravy et il sy conduit de façon que Bernardy me fait dire tous les jours quil na jamais eu de jeune homme
si doux si sage et si apliqué que luy. [...] jexigeay quil ne sortist que pour venir a la cour. Je say la rigueur de cet ordre la mais je
say aussy que rien ne luy seroit meilleur pour ce pays icy et quil ne peut estre trop sage sil veut plaire au Roy » ; il y vient toutes
les semaines : « cela luy est bon et plus utile que destre avec un prince du sang »...
La sœur du jeune homme a les mêmes défauts, elle n’est pas belle, mais Mme de Maintenon pense en faire une personne de
mérite : « je pretens la traitter comme si elle estoit ma fille. Elle sera aupres de moy dans les lieux de sejour et jemployeray ce temps
la a luy donner de lesprit de la raison et de la bonne grace. Elle sera dans un couvent pendant les voyages et elle aprendra a lire a
escrire a prier Dieu a travailler et en un mot ce que je ne puis luy montrer ». Elle l’a mise aux Ursulines de Pontoise « pour que
lon linstruisist a faire sa premiere confession »... Elle ne veut point lui rendre sa fille : « juges vous mesme si je dois vous la rendre
et si ayant fait une violence pour lavoir je feray encore la sottise de la rendre. Donnes moy plustost les autres par amitié pour eux
puisquaussy bien si Dieu conserve le Roy il ny aura pas un huguenot dans vingt ans. Je me chargeray de tout volontiers et ne croy
pas pouvoir rien faire qui marque plus la tendresse que j’avois pour ma tante qu’en faisant a ses petits enfans le traittement que jay
receu delle je ne vous ay point rendu de mauvais offices aupres du Roy et pleust a dieu que vous neussiez pas pour le servir une
exclusion insurmontable »... Elle donne des nouvelles des enfants, mais elle voudrait « leur oster cette maniere de se tutoyer que
je voy establie dans vostre famille et qui nest point noble du tout ».
Elle s’est réjouie de la promotion du maréchal d’E
STRÉES
: « il me dit beaucoup de biens de vous mais je luy dis que je le
connoissois et quil me feroit plus de plaisir den dire au Roy. Je ne comprens point pourquoy vous n’avez pas apris par moy la
conversion de Mr de Mursay je vous la manday le jour quil fit son abjuration a Versailles »...
Publ.
Lettres de Madame de Maintenon
(Honoré Champion, 2009), vol. I, p. 360, n° 225.
Ancienne collection Alfred M
ORRISON
(t. IV, p. 21).