111
D
U
JANSÉNISME
AU
QUIÉTISME
187.
Jeanne Catherine Agnès ARNAULD, la Mère A
GNÈS
DE
S
AINT
-P
AUL
(1593-1671) religieuse, sœur d’Antoine le
« Grand Arnauld » et de la Mère Angélique Arnauld, à qui elle succéda comme abbesse de Port-Royal-des-Champs.
Lettre signée « Sœur Catherine Agnes de S
t
Paul R
se
Ind », [Port-Royal] 12 janvier 1660 ; 3 pages in-4. 1 000/1 200
I
NTÉRESSANTE
LETTRE
FAISANT
ALLUSION
AUX
TROUBLES
À
P
ORT
-R
OYAL
, lors de la reprise des persécutions contre les jansénistes.
L’écrit de son correspondant est rempli de prudence et de zèle : « la verité & la droitture sont delles mesmes si raisonnables qu’en
les assaissonnant de sagesse on les fait passer dans les esprits ». Elle regrette seulement de n’avoir pu comprendre les passages en
latin... Puis après l’avoir prié de l’appeler par son nom de religieuse, « ne pouvant plus porter le poids d’une calité prophane qui
ne m’appartient point », elle évoque les troubles dans le couvent. « Japprends de nos cheres meres que ces mesmes personnes qui
les dechirent au dedans rompent leur closture pour aller jusqu’à vous enquoy je mattent que leur malice sera confondue parce que
vous ne ferez nul cas de leur ingratitude & de leurs medisances qui ne tent qu’à vous esloigner de la maison pour affliger daventage
celles qui nont de soulagement que de vostre charité mais elle est trop forte & trop enraccinée pour estre esbranlée par cet orage.
Le Saint Esprit vous enseigne comme vous devez agir quand il dit qu’il faut parler au fol selon sa folie [...] & je croy que les
menaces seront bien employées pour reprimer lorgueil qui se leve tousjours quand on ne sy oppose pas. Je tremble quand je reçois
des pacquets y trouvant tousjours quelque chose de pire que dans les precedents ce qui me fait croire que la mesure sera bientost
comblée & que si les Superieures se taisent les pierres parleront je veux dire les Seculiers qui traitteront ces ames endurcies avec
le mespris qu’elles meritent ce qui fera dautant plus paroistre la vertu de celles quils veullent opprimer »...
Librairie Les Autographes, 2006
.
188.
Angélique ARNAULD, Mère A
NGÉLIQUE
DE
S
AINT
-J
EAN
(1624-1684) fille de Robert Arnauld d’Andilly, religieuse de
Port-Royal dont elle fut prieure puis abbesse.
Lettre autographe, 2 janvier 1664, à son père Robert A
RNAULD
D
’A
NDILLY
; 2 pages in-4.
800/1 000
B
ELLE
LETTRE
DE
VŒUX
ET
D
’
AMOUR
FILIAL
.
Elle lui a réservé son premier billet daté de 1664 car elle lui doit
ses premières actions et ses premières pensées. Elle a demandé à Dieu
« quil vous rendit cette année plus heureux que toutes celles de vostre
vie, nonobstant tous les malheurs temporels dont elle nous menace
des son commencement ». Elle évoque ses sentiments « particuliers a
l’amitié & a la tendresse d’une fille qui ayme un pere qui ne ressemble
pas a la pluspart des peres mais qui par cette raison entend bien ce
que j’aurois de la peine a luy exprimer comme je le sens »... Elle doit
s’arrêter là pour aller entendre la messe, mais explique auparavant
pourquoi le paquet de M. de L
ONGUEVILLE
est ouvert : en déchirant la
contre-enveloppe qui lui était destinée, le papier a emporté le cachet
du paquet « mais ma fidelité est plus sure que tous les cachets ». Elle
ne donne pas d’autres nouvelles car son frère en fera la gazette, « il
les apprend d’ordinaire plustost que moy, on en dit de toutes sortes
bonnes & mauvaises »...
Au verso, note autographe de Robert A
RNAULD D
’A
NDILLY
: « 2 Janvier
1664. Ma fille Angelique ».
Librairie Les Autographes, 2001
.