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Elle a appris aussi « que le duc de N
OAILLES
a fait quelque chose dheureux en Catalogne »... M
ME
DE
M
AINTENON
PREND
ALORS
LA
PLUME
, pour annoncer l’envoi d’une lettre sur ce qui s’est passé en Flandres. Son amie Mme de D
ANGEAU
est partie cette nuit en
poste, sans argent ; M. Voisin lui en a prêté, et elle-même s’interroge : « Quoy que jaye peu dargent, et que jen aurai encore moins
si les choses continuent comme elles sont, je nen suis pourtant pas a vingt pistolles près, devrois je en pareil cas prester de largent
a une amie jen ai fait scrupule jusques icy ne voulant rien oster aux pauvres, quoy que je comprenne bien lhoneur que de tels
procedes me feroient, car tout est tousjours sceu. Mais il est vrai que jay reduit toutes mes depenses et tous mes plaisirs a donner
a de pauvres familles et surtout aux nobles. Mes proches en murmurant, faut il changer ma conduitte. Mon cœur est bien serré, le
Roy est très resigné. Priez pour moi lun et lautre. Ma santé est très bonne. Je crois que Dieu la soutient pour me faire souffrir. »
Noël Charavay, 1919
.
201.
Marthe-Marguerite de V
ILLETTE
, marquise de CAYLUS
(1672-1729) nièce de Madame de Maintenon, élevée par
sa tante, elle joua dans
Esther
de Racine à Saint-Cyr ; épouse d’Anne de Grimoard marquis
de Caylus, elle a laissé d’intéressants
Souvenirs
, publiés par Voltaire.
Lettre autographe signée (paraphe), Marly 7 mai [1711 ?], à son beau-frère Mgr
Charles de C
AYLUS
, évêque d’Auxerre ; 3 pages in-4, adresse avec cachet de
cire rouge à ses armes et marque postale
De Versailles
(portrait gravé joint).
1 000/1 500
B
ELLE
LETTRE
PARLANT
DE
SA
TANTE
M
ADAME
DE
M
AINTENON
.
« J’ai cru ne pouvoir mieux faire pour vous donner un bon conseil que de consulter
ma tante et de luy lire vostre lettre. Son sentiment est que vous ne remuyés rien
presentement que vous laissiés tout dans lestat quil est de remarquer bien ce
qui se passe de mal dans la conduitte de ceux qui vous font de la peine et que
quand toutes les affaires presentes seront terminées vous parlerés ». M. V
OYSIN
est du même avis. « Ainsy mon cher frere demeurés donc en repos. Ma tante doit
seulement indirectement conter quil est revenu quil y a des gens à Auxerre qui
tiennent une conduitte imprudente affin de prevenir ce qui est un grand point
en ce pays icy, soyés donc tranquille mon cher frere soufrés patiemment. Je suis
persuadée que vous serés bien sensible a ce dernier coup il rappelle tous les autres
et pour les mesmes circonstances, nous passons nostre vie dans les larmes du passé
et du presant avec la crainte des horreurs avenir. Vous estes bien heureux de n’avoir
qu’a prier Dieu. La santé du Roy est bonne celle de ma tante fait trembler ceux qui
sy interessent comme je fais, elle semble ne se soutenir que par un courage miraculeux.
Pour moy je ne me porte point mal quoy que toujours languissante »...
Ancienne collection Antoine-François B
OUTRON
-C
HARLARD
puis Edmond F
RÉMY
(30 octobre
1998, n° 14).
202.
Marie-Jeanne d’AUMALE
(1638-1756) secrétaire de Madame de Maintenon.
Lettre autographe signée « d’Aumale », 25 mars 1714, à une dame ; 2 pages in-4.
300/400
« Permettez moi de vous rendre mille tres humbles graces de la bonté que vous [avez] eu de m’honnorer dune reponce au sujet
de la comtesse de V
AUZEL
. Pardonnez moi aussi Madame la liberté que jay prise de vous en demander des nouvelles il suffit que
vous lhonnoriez de vos bontez pour lui croire tout le merite possible »…
203.
Marthe-Marguerite de V
ILLETTE
, marquise de CAYLUS
(1672-1729) nièce de Madame de Maintenon, élevée par
sa tante, elle joua dans
Esther
de Racine à Saint-Cyr ; épouse d’Anne de Grimoard marquis de Caylus, elle a laissé
d’intéressants
Souvenirs
, publiés par Voltaire.
Lettre autographe signée de son paraphe, Paris 16 mars [1722], à une demoiselle ; 10 pages petit in-4. 1 000/1 500
B
ELLE
ET
LONGUE
LETTRE
SUR
L
’
ARRIVÉE
DE
LA
PETITE
FIANCÉE
DE
L
OUIS
XV.
Elle félicite cette « campagnarde » d’être à portée de s’instruire : « Vous voyés du nouveau et des estrangers, mais je mimagine
qu’un congrès est une beauté sy serieuse que tous les divertissements que donnent messieurs les ambassadeurs ne peuvent guere
legayer et je vous avoue que le jour d’Avrincourt me plairoit davantage, je m’en fais une idée delicieuse »… Elle évoque ses courses
à la campagne de l’automne dernier, « simplement pour estre ailleurs » : à Sens, en Sologne, à Suilly et chez Mme de V
ILLETTE
où
elle a retrouvé le duc de V
ILLEROY
: « il a toujours esté de mes amis, et depuis la mort du Roy il me la témoigné par tant dattentions
et par tous les services qui ont dependu de luy que je n’ay pas creu a mon aage devoir faire la mignone en ne voyant pas un homme
dont la societé est douce et lamitié seure, voyla en verité Mademoiselle a quoy se renferment toutes mes veues et mes pretentions
de ce costé la »…
Elle évoque ensuite l’entrée à Paris de l’I
NFANTE D
’E
SPAGNE
[âgée de trois ans, Marie-Anne-Victoire était proposée comme fiancée
à Louis XV] : « je devrois m’estendre sur toutes les festes et les divertissements quil y a eu ici pour larrivée de linfante, mais la
gazette vous en fera les détails, je me borne a vous dire que cette infante charme tout le monde, je ne l’ay pas encore veu et jattends
que lempressement soit un peu moderé, je conte que j’iray un matin chés M
me
de V
ANTADOUR
, juger aussy d’une partie de ses
agreements, [...] le Roy est serieux avec elle, et elle en est un peu blessée, elle n’a pas un trait de beauté, mais de la grace jusques
au bout des doigts, [...] ma parresse augmente sy fort et mon eloignement pour les rues de Paris que je ne voy plus du tout que
ceux qui ont la bonté de me venir chercher. Je ne say plus que garder ma chambre ou courre la campagne en poste »…