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Il commence ainsi (f° 1) : « Mardy 5 may. Nous devions nous mettre en route hier matin, nous nous y sommes mis aujourdhuy

à midy. C’est un petit delay quand on entreprend un grand voyage. Enfin nous avons quitté Philadelphie. Nous nous sommes

associés M

r

Guillemard et moy pour ce long et interessant voyage, je pense que c’est un des meilleurs et des plus agreables

compagnons que j’aye pu trouver. Je crois que je penserai toujours de meme, et je feray ce qu’il faudra pour qu’il soit aussy

content de moy que j’ay envie de l’etre de luy. Notre caravanne est composée de nous deux, d’un domestique anglois qu’il a pris

à ma recommandation, et sur lequel nous avons les meilleurs contes, de nos trois chevaux, d’un cheval qui porte nos bagages, de

mon fidel Cartouche, et d’un chien à mon ami M

r

Guillemard. J’ay quitté Philadelphie avec plaisir, j’en emporte des sentimens

de reconnoissance pour un grand nombre de personnes, dont j’ay été bien traité, j’en emporte des sentimens d’affection pour

la respectable famille

Chew

qui m’a reçu comme un ami, qui seroit la plus aimable de toutes les familles pour celuy meme qui

n’auroit pas tant à s’en louer que moy, qui est bonne, charmante agreable dans son ensemble et dans tous ses details, et qui a

ma tendre reconnoissance comme mes meilleurs souhaits. Mais malgré les accueils excellens que je recevois à Philadelphie je

suis aise d’en etre parti. Etranger pauvre, recevant sans cesse des honnetetés sans pouvoir en rendre, c’est à la longue une vie

penible, c’est une existence precaire, qui mene souvent à de tristes reflexions, surtout à la crainte de gener, d’enbarasser, de de-

voir à la compassion des soins qui s’ils avoient rellement ce motif, seroient cruels, et auxquels souvent on l’attribue sans raison,

parce que la defiance est la compagne inseparable d’une

situation isolée, depourvue de ressources personnelles,

et que ce qu’on appelle la

philosophie

n’a pas beaucoup

d’empire sur cette disposition »... Pour la description de

Norristown, déjà visitée, renvoi est fait à un « journal

particulier » ; n’est mentionnée que l’étape à

Sun Rising

,

avec détail sur la construction d’un puits.

Le voyage continue. 6 mai, Trapp (f° 3), Pottsgrove

(f° 7), « bourg fondé par une famille de quakers du nom

de

Pott

 » ; jeudi 7 mai, auberge de

White-horse

(f° 11),

Reading (f° 14), peuplée par des Allemands ; samedi 9,

visite de la ferme d’

Angelico

(f° 21), avec d’intéressants

renseignements sur l’agriculture ; halte à Ephrata (f° 29)

chez les

Dunkers

, « sorte de moines » ; 11 mai, Lancaster

(f° 34), où il rencontre Mr Brown, sénateur du Kentucky,

état très prospère, mais où « il y a 15,000 negres esclaves

c’est une grande tache pour l’Am. mais une tache qui

s’effacera d’elle-même »… ; mardi 12 mai, Maytown (f° 44)

et Middletown (f° 48) ; mercredi 13, Harrisburg (f° 51),

et visite au général Hannah, avec toast au marquis de La

Fayette (« dans presque toute l’Amerique c’est le 1

er

toast

bu, après celui du President et il me semble que ce petit

fait est à l’honneur de l’Amerique »), couchage à la ferme

de

M

ac

A

llister

(vergers, moulins,

whiskey

…) près de Fort

Hunter (f° 57) ; jeudi 14 (f° 61), passage des montagnes

et traversée des bois en longeant la Susquehanna vers

Sunbury, où ils arrivent le vendredi 15 (f° 69) ; dimanche

17, Northumberland, « county town » (f° 79), visite à

Joseph et William

P

riestley

, et à Mrs. Dash ; lundi 18

(f° 94), visite du moulin à scie de Mr Montgommery (et

détail sur une épidémie,

yellow water

, qui a décimé les

chevaux), de la ferme d’Abraham Miller à

Fishingcreek

(sucre d’érable), et arrivée à Berwick ; mardi 19 (f° 97),

« journée de malheur », avec divers accidents dont la perte

du cheval de Guillemard, avant l’arrivée à Wilkesbarre ;

20-21, route difficile par Huntsferry, Harding, Wyalusing,

pour arriver à la colonie française d’Asylum (f° 105), sur

la rive droite de la Susquehanna, fondée quinze mois plus

tôt par MM. Talon et de Noailles, où les voyageurs restent

douze jours chez M. et Mme de

B

lacons

(intéressants

détails sur la fondation de la colonie, le défrichement, son