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137.
Bernard de MONTFAUCON
(1655-1741) bénédictin, érudit et historien. L.A.S., 3 septembre 1733, à une
Éminence ; 2 pages in-4.
800/1 000
Il expose son projet de « donner au public ou les catalogues entiers, ou de longs extraits des catalogues de presque toutes les
Bibliothèques de l’Europe que j’ai ramassés depuis plus de trente cinq ans » [sa
Bibliotheca bibliothecarum manuscriptorum nova
paraîtra en 1739]. Sur le point de publier le plan de cet ouvrage, il veut parler des manuscrits que Son Éminence « vient d’ajouter
au nombre de plus de dix mille à la Bibliothèque du Roi ; augmentation qui n’eut jamais de pareille. J’ai cru qu’avant de faire
imprimer ce plan je devois le montrer à Votre Em. pour savoir s’il y a quelque chose à ajouter ou à retrancher dans ce que je dis de
la Bibliothèque du Roi »... Il recommande son neveu l’Abbé de
B
eauteville
, rappelant « que je n’ai jamais rien demandé, quoiqu’il y
ait plus de quarante sept ans que je travaille pour l’Eglise et pour le public, et qu’à un homme qui va commencer sa quatrevintième
année les longs délais passent pour un honnête refus »…
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138.
Henry de MONTHERLANT
(1896-1972). 4 L.A.S., 1936-1943, la plupart à John
C
harpentier
; 4 pages et demie
in-4 et 2 cartes postales avec adresses.
400/500
S
ur
L
es
J
eunes
F
illes
et
L
a
R
eine morte
.
22 septembre 1936
: « Je ne vous avais pas envoyé
les J. filles
, pcq. j’avais souvenir que vous maltraitiez si constamment mes
ouvrages, qu’il ne me restait plus [...] qu’à me tenir coi, mettre la queue entre les jambes, si j’ose dire, et attendre la douche ». Mais
il est ravi que ce volume ait eu la bonne fortune de lui plaire... – Son article sur
Les
Jeunes filles
va à l’essentiel : « l’incohérence,
la fluence, les superpositions etc... dont est fait un homme normal ; car “Costa” (bien des femmes me l’ont dit) n’est rien d’autre
qu’un homme normal, exagéré dans tous les sens ; un homme, c’est-à-dire tous les hommes à la fois. La gratuité des grossièretés de
ce personnage n’est pas du tout une ostentation ». Ce n’est pas le « regret de l’Eden » qui est important dans ce livre. « Et ne disons
pas : esthète, ni même humaniste. J’ai voulu mettre beaucoup plus là-dedans »...
[29-VIII-1937]
. Il n’est pas d’accord avec son
compte-rendu du
Démon du Bien
: le terme de goujat n’est pas approprié au personnage de Costals ; quant à Mme Mandillot, « sa
complaisance infinie, loin d’être invraisemblable, la rend à mes yeux représentative de tout un troupeau de mères entremetteuses,
troupeau fort abondant dans les pays latins »...
15 août 1943
, sur
La Reine morte
: « C’est [...] la chose la plus rare qu’un critique
littéraire quitte son repos pour écrire à un auteur le bien qu’il pense d’un de ses ouvrages. […] je crois qu’il est bon qu’une œuvre
se détache ainsi, entièrement, de son auteur, et que celui-ci assiste aux interprétations qu’on en donne, sans apporter son mot dans
le débat. Que chacun y trouve sa nourriture, que peut-il souhaiter d’autre ? C’est le but même de l’œuvre d’art »... Plus une carte
à François
D
uhourcau
(
12.III.1937).
Reproduction page précédente
139.
Henry de MONTHERLANT
. 11 L.A.S., 1938-1946, à René
L
acôte
; 15 pages la plupart in-4 (trous de classeur),
4 enveloppes.
700/800
B
elle
correspondance
sur
la
poésie
de
M
ontherlant
.
[Paris 19.XI.1938]
, au sujet de son recueil
Encore un instant de bonheur
: Montherlant remercie Lacôte de s’intéresser à son œuvre
poétique, « qui n’a guère les faveurs de mes confrères en “poësie”. C’est avec plaisir que j’apprends que vous ferez lire le
Minos
,
que je crois le meilleur poëme de ce recueil, et qui a toujours épouvanté les récitants tant de la radio que de la Comédie f
se
».
L’éditeur de
Pasiphaé
est Armand
G
uibert
à Tunis. Il félicite Lacôte de son poème, « gonflé d’un mouvement cosmique auquel je
suis très sensible »...
[27.XI]
. C’est avec plaisir qu’il lira son étude : « La partie techniquement “poëtique” (vers libres, versets) des
Olympiques
est en effet importante, et vaut d’être étudiée », d’autant que c’est la plus décriée par leurs compatriotes. Son projet
d’
Almouradiel
« comprend 200 pages dactylo. Commencé en 1928. C’est de la prose entrecoupée de versets, et dans l’esprit des
poëmes d’inspiration africaine de
L’Instant de bonheur
. J’ai mes raisons pour ne publier ce livre qu’après d’autres œuvres, et je ne
pense pas qu’il voie le jour avant huit ans environ »...
13 mars 1939
. Il trouve à son retour à Paris ses deux lettres et son article
sur
L’Équinoxe de septembre
: « Merci de votre attachement à ce que j’écris ». Pour l’étude sur ces poèmes, il songe à une revue,
mais préférerait une plaquette. Il déconseille
G
uibert
, « qui a déjà publié un petit volume sur moi, et ne peut recommencer. Mais
vous pourriez tâter E.
C
harlot
[...] à Alger, qui publie la collection
Méditerranéennes
et vient de me faire demander de faire partie
du Comité de rédaction de sa revue ». Mais s’il décidait de l’éditer lui-même, Montherlant tâchera de trouver un mécène pour le
financement. « Combien vous avez raison dans votre article sur
l’Équinoxe
de parler des erreurs ou des conformismes du public !
La critique (comme la politique) est devenue chez nous primaire ; et ceux de mes confrères qui vaudraient la peine d’être étudiés
sont traités presque aussi légèrement que moi »...
21 avril
. En parcourant quelques opuscules de poësie de ses contemporains, il
constate « qu’eux et moi nous parlons deux langues incommunicables l’une à l’autre ». Il remercie encore Lacôte de son étude,
l’une des plus intelligentes consacrée à sa poésie ; il conseille d’étoffer pour une réédition le passage sur
Pasiphaë
...
[1940 ?]
« Pour
dire vrai, et contrairement à ce que professent mes amis, il me semble que rarement la France ressentit moins de besoin de poësie
qu’aujourd’hui. Blindée contre, et plus solidement que sa ligne Maginot »...
Bourgogne 1941
. Il veut venir lui dire de vive voix le
plaisir que lui a donné son étude : « Ma vieille habitude du désert me fait en effet caravaner qqfois dans les étendues désertiques
du bled Barbet de Jouy Vaneau »...
[Décembre 1943]
Il le remercie de toujours penser à son étude, mais «
Almouradiel
est avec
toutes mes préparations de romans, dans une banque en Angleterre, et je ne sais si je les reverrai jamais ; à vrai dire, je ne m’en
soucie guère » ; il lui enverra des places pour
Fils de personne
.
[28 avril 1944]
. « Au milieu des tristesses et des horreurs dont
nous sommes entourés, votre mot m’est, autant qu’une surprise (et très forte) une joie »...
4 juillet 1944
. Il le remercie pour son