![Show Menu](styles/mobile-menu.png)
![Page Background](./../common/page-substrates/page0046.png)
44
On connaît une autre photographie de Corbière, en uniforme de collégien, sans doute un peu antérieure (vente Jacques
Guérin, VII, 20 mai 1992, n° 32 — vente
Rimbaud, Verlaine, Mallarmé et leurs amis
de la bibliothèque Eric et Marie-
Hélène B., 15 décembre 2010, n° 5).
Poème reproduit in
Œuvres complètes
(éd. P.-O. Walzer), Pléiade, p. 863, sous le titre de “Sous une photographie de Corbière”.
52. CORBIèRE (Tristan). Lettre autographe à son père Édouard Corbière, signée
Tristan
, datée
Saint-Brieuc
23 octobre 1859
, 4 pages in-8 (207 x 132 mm), sous chemise demi-maroquin noir moderne.
7 000 / 8 000 €
L
ONGuE ET BELLE LETTRE DE JEuNESSE
,
É
CRITE À L
’
âGE DE
14
ANS À SON PèRE
, capitaine au long cours, journaliste et écrivain.
Edouard-Joachim (futur Tristan) Corbière, l’auteur des
Amours jaunes
, est alors interne en classe de quatrième au lycée
impérial de Saint-Brieuc où il est très malheureux. Sa lettre évoque en détail sa vie de lycéen et montre que Corbière enfant
portait déjà sur le monde un regard assez sarcastique.
La majorité de sa correspondance date de cette époque où il écrit régulièrement à sa famille dont il souffre d’être séparé.
S’il n’a pas écrit, c’est parce qu’il était triste et avait
le cœur gros
, après la visite de ses parents. Mais bientôt ce sera Noël,
puis Pâques... Il parle d’exemplaires du
Négrier
(roman de son père, 1832) à donner à diverses personnes, puis :
J’ai eu
une très bonne place en version grecque, et c’est ça qui m’a rendu probablement si guilleret et si agréable
... La vie au
collège n’est pas très amusante :
lever à 5 heures du matin [...] pour aller à l’étude, où ne pouvant garder ses gants pour
écrire, on a les doigts morts de froid pendant que vos pieds gèlent sur place [...] il fait un soleil magnifique mais qui ne
réchauffe pas plus que les poëles, qu’on n’a pas encore songé à installer [...] Arago dit dans ses voyages autour du monde
que les misères d’un baleinier devraient le faire regarder comme un ange.
Ils auront bientôt une fanfare au lycée :
je
pourrais espérer du chef de Musique une place de cymbale dans sa fanfare. Il va sans dire que c’est le Lycée qui fournit
l’instrument harmonieux pour lequel j’ai tant de vocation.
Il espère avoir un prix de dessin :
il suffit d’avoir un bon
caractère car le maître-dessinateur, qui sort du 3
e
régiment de zouaves [...] bâcle ça comme il veut et comme il donne la
première place à ses favoris, et qu’il aime les caractères conciliants, je puis espérer le prix par mon bon naturel...
Il a fait
des vers latins :
j’en ai déjà fait dix il n’y en a que neuf et demi de faux, je ne me croyais pas si fort en vers, et si j’avais en
fait de vers français une haute opinion de moi-même, il n’en était pas de même pour les vers latins.
quant à son devoir de
géographie :
C’est une lutte entre la paresse et le génie, et je crois que la paresse triomphera
. Il pense avec tristesse à la
maison paternelle :
Maintenant il est neuf heures, et vous allez commencer la journée, tandis que moi il y a 4 heures que
je suis debout et j’ai déjà fait 10 vers latins, j’ai déjeuné, et j’ai été à la messe, et je suis à l’étude
. Sa mère ne pourrait-elle
lui changer sa montre :
en une minute elle fait le tour du cadran, c’est bien marcher
. Il en voudrait
une autre, qui marcherait
modérément et avec moins d’ardeur
. Il va terminer, car il a quantité de devoirs à faire :
le meilleur moyen d’en finir est de
faire tous ses devoirs les uns après les autres, et de ne pas se préoccuper s’ils seront finis ou non
.
L
ES LETTRES DE
C
ORBIèRE SONT D
’
uNE GRANDE RARETÉ
: « Tous ceux qui s’intéressent à Corbière ont regretté que les lettres
conservées du poète des
Amours jaunes
soient si rares » (P.O. Walzer, p. 919).
Œuvres complètes
, Pléiade, 1970, p. 956-959 (publ. in H. Matarasso, “Lettres à son père”,
Les Lettres nouvelles
, sept.
1954, pp. 408-411).
53. CORBIèRE (Tristan). Lettre autographe à son père Édouard Corbière, signée d’un paraphe, datée
Mardi
après-midi le 7 février 1860
, 3 pages in-12 (210 x 135 mm) à l’encre brune, sous chemise demi-maroquin
noir moderne.
7 000 / 8 000 €
L
ETTRE IN
É
DITE DE JEuNESSE À SON PèRE
.
Aujourd’hui je n’ai pas le temps de t’écrire une longue lettre car il ne me reste plus que 3 quarts d’heures
[sic]
d’ici la fin
de l’étude
. Il donne cependant longuement de ses nouvelles (sur trois pleines pages très denses). Ce soir, il doit faire une
narration
et c’est là qu’est ma chance, mais je suis sûr de ne pas en faire une fameuse et de n’avoir qu’une place très
ordinaire car en voulant trop bien faire je m’en vais m’enfoncer.
Il a réussi à abréger
des trois quarts le terrible pensum
donné par son professeur d’histoire. Il évoque les Bazin, amis de la famille, chez lesquels il passe ses jours de sortie.
Amusante description d’un concert populaire auquel il a assisté :
il y en avait deux qui étaient de vrais géants. Ils auraient
bien mangé des crêpes sur la tête de Mr. Kermoasan et avalé bon papa [...] Les deux grands ont des voix de bœuf et je
n’en ai jamais entendu de si grosses.