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201. NERVAL (Gérard de). L

ES

D

ERNIERS

R

OMAINS

.

Manuscrit autographe signé

Gérard de Nerval

, suivi d’une

LETTRE AuTOGRAPHE

à l’éditeur Jules Hetzel, [Amsterdam, 23 septembre 1844], signée

Gérard

. En tout

8 pages in-8 (210 x 138 mm), sur 4 bifeuillets, adresse autographe et marques postales (p. 9), sous chemise

demi-maroquin noir moderne.

8 000 / 10 000 €

u

NIquE MANuSCRIT D

uN LONG ARTICLE DE

N

ERVAL

,

RESTÉ INÉDIT DE SON VIVANT

.

En septembre-octobre 1844, en compagnie d’Arsène Houssaye, Nerval fit un voyage en Hollande, d’où il envoya à Jules

Hetzel ce manuscrit,

copie due aux loisirs du bateau à vapeur

. Hélas, destiné au recueil collectif

Le Diable à Paris

que

préparait l’éditeur, cet article ne paraîtra jamais, bien que l’on en connaisse un jeu d’épreuves non corrigées (Bibliothèque

de l’Institut, fonds Spoelberch de Lovenjoul).

L

E THÉâTRE ET LES CLAquEuRS PARISIENS

. Malgré son titre, cet article concerne le théâtre, les

Romains

désignant, en argot

de théâtre, la « claque » :

J’ai dit cette profession aussi honnête que bien d’autres. Et d’abord qu’est-ce que le simple

claqueur ? C’est un avocat ; il protège la pièce; il en appuie les beaux côtés, il la défend devant le juge suprême; il la dit

innocente, sans être au fond bien convaincu de sa vertu : le cabaleur lui-même ne serait au plus que l’avocat de la partie

adverse ou, pour tout mettre au pire, l’avocat général; l’arrêt du véritable juge intervient toujours en dernier lieu.

L’article comporte d’abord une introduction historique relatant la claque à travers les âges, en citant Néron qui

avait pour

claqueurs jusqu’à des chevaliers romains

, avant d’entamer son vrai sujet, la claque parisienne :

Le public parisien est

devenu trop grand seigneur pour applaudir lui-même ; il laisse applaudir seulement et s’interpose en cas d’excès, ou bien

il arrête tout court une explosion maladroite. Il est certain qu’aujourd’hui une représentation non coupée

d’applaudissements serait mortellement ennuyeuse

. Avec humour et vivacité, Nerval raconte ensuite les exploits de la

claque à une représentation à laquelle il assista en tant que journaliste :

Ma conduite fut magnifique d’impartialité ; mes

voisins m’admiraient de rester si longtemps sans y être forcé ; les autres solitaires avaient déjà lâché pied et la salle

s’éclaircissait par la défection des billets donnés. Cependant l’enthousiasme ne se modérait pas ; on disait tout bas autour

de moi : « C’est détestable ! cela ne fera pas un sou ! » mais on applaudissaient

[sic]

à tout rompre et la pièce alla aux

nues... pendant trois représentations

.

À la suite de l’article et de sa signature [f°8r°], Nerval écrit une brève lettre à Hetzel. Message tout amical :

nous nous

portons bien, voilà de la copie, due aux loisirs du bateau à vapeur. La mienne est un peu longue mais vous couperez ce

que vous voudrez ou bien tout. Je vais faire l’autre

[article]

tout de suite.

Il donne de leurs nouvelles :

Le pays est charmant

et nous nous amusons beaucoup, puissions-nous le rendre au public !

I

MPORTANT MANuSCRIT

, surchargé de corrections, le seul connu de ce texte. On connait la rareté des manuscrits de textes

littéraires de Nerval.

Œuvres complètes

, éd. J. Guillaume et Cl. Pichois, Pléiade, t. I, p. 848-854 et p. 1415 pour la lettre. — Première édition

par J. Richer dans la

Revue d’histoire du théâtre

, 1948 et 1949.

Petit manque de papier (bris de cachet) f°8, ayant enlevé la fin de deux mots.

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