RADIGUET, Raymond.
Lettre-poème autographe à Jean Cocteau
, signée de ses initiales.
Paris, 7 mars 1920
.
4 feuillets petit in-4 (215 x 170 mm), encre noire, env. 22 lignes par page, verso blancs.
Bouleversant poème-confession sous forme de lettre.
Le document, qui marque les débuts de l'intense relation entre Raymond Radiguet et Jean
Cocteau – ils s'étaient rencontrés en 1918 – contient la célèbre phrase que les deux écrivains
feront imprimer en lettres capitales, quelques semaines plus tard (mai 1920), dans le numéro 1
de l'éphémère revue anti-dadaïste
Le Coq
: "Depuis 1789 on me force à penser. J’en ai mal à
la tête. Aujourd’hui je réclame la liberté de ne pas penser".
A Jean Cocteau
Je n’ai pas l’âge du service militaire
Trop jeune ou trop vieux ? je l’ignore
(…)
Reverdy a l’air de se demander pourquoi je vous
dédie un poème, non à lui. C’est bien simple.
Je ne dédie de poèmes qu’à ceux dont l’attitude
équivaut à une permission (encore le langage
des tranchées)
A Reverdy, qu’adresserai-je ? sinon un hommage
(…)
Depuis 1789 on me force à penser. J’en ai
mal à la tête. Aujourd’hui je réclame
la liberté de ne pas penser.
Aucune suite dans les idées. Forcément, je
suis l’esclave des jours qui se suivent et
ne se ressemblent pas. Mais pour ne blesser
personne ne parlons pas d’esclavage.
Devant MON capitaine, je ne vois qu’un
geste possible : le pied de nez
Bonjour mon capitaine
Voilà pour vos étrennes
Et je suis persuadé que vous êtes de mon avis.
Car j’écris à un délicieux ami que j’aime.
Pléonasme, c’est exprès.
Je continuerai à vous dédier des poèmes
quand cela m’amusera — sans savoir
pourquoi. Un jour peut-être vous m’en
dédierez un. Il ne s’agit pas de profession de
foi.
(…)
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"Depuis
1789
on me
force
à penser.
J’en ai
mal
à la tête"