PROUST, Marcel.
"Sur le duc de Richmond"
. Poème autographe signé adressé à Maurice Rostand.
Paris, vers 1912-1913
.
Dédicace et 8 vers autographes signés figurant sous une héliogravure tirée en bistre et collée sur
carton (438 x 348 mm) reproduisant un tableau de Van Dyck conservé au Louvre. Encadrement
d'origine sous verre en acajou de style Empire (700 x 560 mm).
A Maurice Rostand :
Sur le Duc de Richmond,
Et toi par-dessus tous, promeneur précieux
En chemise bleu pâle, une main à la hanche,
Dans l'autre, un fruit feuillu détaché de la branche,
Je rêve sans comprendre à ton geste et tes yeux.
Debout, mais reposé dans cet obscur asile,
Duc de Richmond, ô jeune sage ! — ou charmant fou ? —
Je te reviens toujours... — Un saphir à ton cou,
A des feux aussi doux que ton regard tranquille.
Marcel Proust
Ce huitain fait partie du poème consacré à Antoon Van Dyck, un des quatre "Portraits de peintres"
publiés dans
Les Plaisirs et les Jours
(1896, p. 121).
En 1891, visitant le Louvre avec Robert de Billy à la recherche de peintres cités par Baudelaire,
Proust s’arrêta longuement devant le portrait par Van Dyck appelé, à l’époque, "du duc de
Richmond" (il s'agit en fait de James Stuart, duc de Lennox). L’élégance du personnage lui
inspirera un des quatre portraits de peintres en vers qui furent récités sur une musique de Reynaldo
Hahn le 28 mai 1895 chez Madeleine Lemaire. Publiés le 21 juin suivant dans
Le Gaulois
, ils seront
édités en 1896 au Ménestrel avec les partitions de Hahn et intégrés ensuite, la même année,
dans
Les Plaisirs et les Jours
.
Ces vers inspirés par la beauté du jeune duc sont à mettre en rapport avec plusieurs hommes
aimés par Marcel Proust.
La dédicace de Proust à Rostand – alors jeune dandy ouvertement homosexuel – et la collaboration
musicale avec son amant Reynaldo Hahn entrent en résonance avec la longue dédicace imprimée
dans
Les Plaisirs et les Jours
. Marcel y évoque Willie Heath, son amour de jeunesse disparu en 1893 à
l’âge de vingt ans, en le comparant aux "jeunes seigneurs anglais qu'a peint Van Dyck, dont [il avait]
l’élégance pensive" (pp. 5-6). Après Reynaldo Hahn et Willie Heath, c'est donc au tour de Maurice
Rostand d'être associé au portrait.
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Sous
le regard de
Van Dyck :
Marcel Proust
et ses
hommes