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Les poèmes ont été vraisemblablement composés en 1921 au Lavandou (Var), où l'auteur du
Diable au corps
séjournait en compagnie de Jean Cocteau.
On trouve à la suite une belle et intéressante correspondance autographe
signée de Cocteau à Félix Fénéon.
• Carte postale des Salettes (Carqueiranne), 23 mars 1921, 10 vers à l'encre noire dont 4 écrits
sur la reproduction : deux pièces évoquant les déboires de l'édition :
"Bien que filleul des fées né,
on / ne voit jamais sortir ses livres / a moins qu'habilement on enivre / leur geolier, Félix Fénéon".
L'enveloppe
timbrée, jointe, porte cette spirituelle adresse :
"Félix Fénéon qui rit / Des auteurs 7 Pasquier rue /
Jusqu'au moment qu'il se rue / Chez madame O RA KI RI"
.
• Carte postale du bar-tabac de Carqueiranne, 29 mars 1921, 22 lignes à l'encre noire :
Cocteau remercie Fénéon des quelques mots qu'il a consacrés au recueil
Escales
(1920), et
demande des nouvelles de Lucien Daudet.
"Ici je travaille et votre visage s'ajoute à ceux que j'ai coutume
de voir autour de ma table pendant que j'écris. Radiguet fait des merveilles. C'est la première fois qu'un poète vivant
m'étonnne"
.
• Lettre datée du Lavandou, 13 mai 1922, 1 page in-4, encre noire, 27 lignes : Cocteau remercie
Fénéon de lui avoir indiqué le Grand Hôtel du Lavandou et des mots qu'il a
"eu honte d'entendre
au téléphone mais qui, venant de vous me donnent des forces et me touchent le cœur (...) Au Lavandou j'ai l'espoir
de ne rien écrire bien que l'air de mer excite les poètes – comme le prouve l'histoire du monde. Veillez au Potomak
(soi-disant chez l'imprimeur). Vous me savez votre fidèle et très timide Jean Cocteau"
.
• Lettre datée de "Pramousquier par le Lavandou" (Var), 27 septembre [1922], 1 page in-4,
encre noire, 20 lignes : Cocteau remercie Fénéon de ses conseils éditoriaux.
"Archi entre nous
– rendez-moi l'énorme service de demander les clichés du Potomak et le livre corrigé + la préface - de les mettre
à l'abri dans votre cabinet - de les laisser attendre là une décision que je prendrai à mon retour et après une
conversation secrète avec vous. La perte de ces clichés me gènerait terriblement et je tremble pour eux si on
RANGE..."
Il s'agit probablement de clichés des dessins illustrant
Le Potomak
, dont la deuxième
édition sera finalement publiée Stock en 1924.
• Lettre datée de "Pramousquier (Var) [octobre 1922]", 2 pages in-8, encre noire, 18 et
19 lignes : des remerciements à Fénéon pour ses amabilités, mais aussi ceci :
"Quand les critiques
comprendront-ils qu'on ne mélange pas certaines choses ? – que la jeunesse ne travaille pas en bloc et que la
réussite n'est pas un record de coups de pédales. (...) Que devient la Sirène ? Attire-t-elle toujours les poètes pour
les manger ? (Je ne parle pas de vous)..."
Cocteau annonce l'achèvement du
Grand écart ("Figurez-vous
que je rapporte un joli roman – qu'il ne vous déplaira point – serait à mon travail une douce récompense"),
la réalisation d'un "gros album de dessins (oui !) des poèmes et une traduc. d'Antigone. C'est ce qui arrive aux
poètes qu'on dépose pour 6 mois sur une plage déserte"
.
L'écrivain et critique d'art anarchiste Félix Fénéon (1861-1944), ardent promoteur du post-
impressionnisme, fut l'un des directeurs littéraires des
Éditions de la Sirène
en 1920-1922.
Joint : petite photographie représentant Jean Cocteau et Raymond Radiguet assis sur un ponton
face à la mer (1923). Épreuve sur papier, 110 x 62 mm, un coin plié.
Provenance : Anthony Hobson (ex-libris).
8 000 / 10 000 €