Le poème tel que le voulait Mallarmé n'existait donc pas encore, ce qu'il explique dans une
lettre à Gide datée du 14 mai : "Ainsi cette tentative, une première, ce tâtonnement ne vous ont
pas choqué, encore se présentent-ils mal .
a été crâne et délicieux ; mais j e n'ai pu lui
présenter la chose qu'à moitié, déj à, c'était, pour lui, tant risquer !".Après cette "tentative", ce
"tâtonnement", une édition du poème est entreprise à l'été 1897.
Le proj et réunit l'éditeur Ambroise Vollard et le peintre Odilon Redon. Mallarmé apporta
le manuscrit tel qu'il devait être imprimé à Firmin-Didot, les phrases et les mots ayant une place
très précise dans l'espace des double pages : blancs, interlignes, marges, décalages devaient être
parfaitement respectés. Les premières épreuves de l'imprimeur furent remises à Mallarmé au
début du mois de juillet 1897. Mais l'impression posant des problèmes typographiques inédits,
aucun des j eux d'épreuves qui lui furent présentés ne le satis�rent.
Le 15 septembre, Mallarmé écrivait à Vollard : "Vous savez que la maison Didot traîne in�niment :
j 'ai eu trois fois des épreuves, mais à des mois d'intervalle, les intermédiaires assez satisfaisantes ;
les dernières, inconsidérément et sans indication mienne, modi�ées. Tout ceci de petits ennuis,
tout en présentant cette gravité que j e n'ai encore tenu rien d'assez net pour le communiquer à
Redon.J e viens d'écrire, de presser et espère avoir quelque-chose de propre cette fois-ci".
Entre juillet et novembre 1897, Mallarmé reçut au moins cinq séries d'épreuves, à raison d'une
série par mois. Chacune était composée de quatre ou cinq j eux : le poète renvoyait un j eu corrigé
à l'imprimeur, en gardait un autre comme "témoin" pour lui, et distribuait les quelques autres,
non corrigés, à ses amis.
Cosmop olis