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MARINO, Giovan Battista, dit le Cavalier.

L'Adone...

Con gli argomenti del Conte Fortuniano Sanvitale, et l'allegorie di Don Lorenzo

Scoto.

Paris, Olivier de Varennes, 1623

. In-folio (339 x 225 mm) de (12) ff., pp. 3 à 581 mal ch.

575 et (3) ff. (sans le feuillet blanc A

1

tenant lieu de p. 1-2) : veau fauve moucheté, dos à nerfs,

compartiments ornés de fleurons, palettes en tête et en pied, pièce de titre de maroquin brun,

plats ornés à la Du Seuil, tranches mouchetées rouges

(reliure anglaise du début du XVIII

e

siècle)

.

Édition originale.

Le chef-d'œuvre de la poésie maniériste et baroque italienne.

L'ouvrage, tour de force de la typographie française du XVII

e

siècle, est orné d'une vignette de

titre gravée sur cuivre montrant les armes royales et d'un grand nombre de lettrines historiées,

bandeaux et culs-de-lampe finement gravés sur bois.

Giovan Battista Marino (1569-1625) conçut l'idée de

L'Adone

à Naples, sa ville natale, à la fin du

XVI

e

siècle. Il y travailla toute sa vie, transformant un poème d'une centaine d'octaves en une

prodigieuse "machine" poétique, l'un des textes les plus extravagants et les plus longs des lettres

européennes (20 chants, 5 183 huitans, 40 984 vers).

En 1615, Marino s'établit en France, où Marie de Médicis l'avait invité dès 1609. C'est dans

l'environnement de l'hôtel de Rambouillet – où il fréquenta Malherbe, Vaugelas, Guez de Balzac,

Voiture et Chapelain – qu'il mit la dernière main à son ouvrage, imprimé sous ses yeux par

Abraham Paccard et achevé, après la mort de ce dernier, par Olivier de Varennes. Le livre imposa

un style contourné et précieux, le

marinisme

, qui irriguera les principaux courants littéraires

baroques.

Marie-France Tristan a remarquablement mis en lumière l'intérêt scientifique et philosophique

de

L'Adone

, Marino manifestant "une sensibilité exacerbée aux perpétuelles transformations

et transmutations des substances matérielles, associée à un goût marqué pour les récentes

découvertes scientifiques", tant astronomiques que médicales.

L’épître à Marie de Médicis est suivie d'une longue préface composée en français par Jean

Chapelain (1595-1674). Le jeune critique (il s'agit de sa première publication) y oppose l'épopée

de la guerre, sujet traditionnel du genre épique, à la nouvelle épopée de la paix telle qu'elle se

déploie dans le poème érotico-mythologique de Marino. Chapelain jette aussi les bases d'une

théorie singulièrement moderne de la narration, "allant jusqu'à nier la notion d'événement, à lui

ôter la qualité d'unité de mesure du narratif" (G. Pozzi).

L'exemplaire a appartenu au poète Nicolas Vauquelin des Yveteaux (1567-1649).

On trouve au bas du titre l'ex-libris à la plume de cet extravagant poète libertin (fils aîné de Jean

Vauquelin de la Fresnaye) dont Tallemant des Réaux nous a laissé un étonnant portrait dans l'une

de ses

Historiettes

("De la librerie de Vauquelin des Yveteaux"). Les annotations à l'encre dans les

marges – des traductions françaises de mots italiens – sont très vraisemblablement de la main de

ce littérateur singulier, qui fut le précepteur du jeune Louis XIII avant d'être renvoyé de la cour,

en 1611, pour ses mœurs licencieuses.

De la

bibliothèque

d'un poète

libertin