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Célèbre et précieux exemplaire ayant appartenu à Franz Overbeck, le compagnon inséparable de

Nietzsche.

Il porte une longue note autographe d’Overbeck sur la doublure et le premier feuillet de garde du volume

relié, recopiant deux longs passages de

Ecce homo,

l’autobiographie intellectuelle de Nietzsche, relatifs à

Zarathoustra

. Le premier passage traite de l’inspiration : “

Der Begriff Offenbarung, in dem Sinne, dass plötzlich

mit unsäglicher Sicherheit, und Feinheit etwas sichtbar, hörbar wird, etwas, das einen im Tiefsten erschüttert und

umwirft beschreibt einfach den Thatbestand. Man hört, man sucht nicht, man nimmt, man fragt nicht, wer da

giebt ; wie ein Blitz leuchtet ein Gedanke auf, mit Notwendigkeit, in der Form ohne Zögern, ich habe nie eine Wahl

gehabt. Eine Entzückung, deren ungeheure Spannung sich mitunter in einen Thränenstrom auslöst, bei der der

Schritt unwillkürlich bald stürmt, bald langsam wird ; ein vollkommenes Ausser-sich-sein mit dem distinctivsten

Bewusstsein einer Unzahl feiner Schauder und Ueberrieselungen bis in die Fusszehen

” […].

[L’idée de révélation, si l’on entend par là l’apparition soudaine d’une chose qui se fait voir et entendre à quelqu’un

avec une netteté et une précision inexprimables, bouleversant tout chez un homme, le renversant jusqu’au tréfonds,

cette idée de révélation correspond à un fait exact. On entend, on ne cherche pas ; on prend, on ne demande

pas qui donne ; la pensée fulgure comme l’éclair, elle s’impose nécessairement, sous une forme définitive : je

n’ai jamais eu à choisir. C’est un ravissement dont notre âme trop tendue se soulage parfois dans un torrent de

larmes ; machinalement on se met à marcher, on accélère, on ralentit sans le savoir ; c’est une extase qui nous ravit

à nous-mêmes, en nous laissant la perception de mille frissons délicats qui nous parcourent jusqu’aux orteils ;]

Le deuxième passage s’arrête sur le personnage de Zarathoustra.

Sur la couverture de la quatrième partie, Overbeck a noté le titre d’un article de Théodore de Wizewa paru dans

le

Figaro

du 10 avril 1892.

Nietzsche et Franz Overbeck (1837-1905) se rencontrèrent à Bâle en 1870 ; ils venaient d’être nommés à

l’université de la ville, Nietzsche à la chaire de philologie, Overbeck se voyant attribuer l’enseignement de

l’histoire ecclésiastique ancienne et moderne. Les deux amis ne devaient plus se quitter. C’est à Overbeck que

Nietzsche dédia son

Hymne à l'amitié

composé en 1875. “Nous sommes deux naturels de savant qui cherchent

à se dépasser”, constate Overbeck lorsqu’il cherche à expliquer la solidité des liens qu’il avait tissé avec son ami.

Très précieux ensemble : l’exemplaire le plus désirable de ce livre majeur de l’histoire des idées.

Ex-libris

Georges et Geneviève Flore Dubois

. La reliure est usagée. Le dos du volume broché a été refait.

(

Printing and the Mind of Man,

n° 370.- Schaberg 36-39.- Zimmermann, 30-32 & 34.- Borst, 3580.- Wilpert-

Gühring, 12.)

30 000 / 40 000