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GONCOURT (Edmond de).

Lettre adressée à Auguste Sichel.

Sans lieu

[Paris],

dimanche 23 août 1889.

Lettre autographe signée “Edmond de Goncourt” ; 1 page ½ in-8, enveloppe conservée.

Charmante lettre, pleine d’humour, sur les quinze jours de vacances passés chez les

Daudet dans le Midi.

Saison stupide l’été où les gens qui s’aiment et ont la mauvaise habitude de se voir sont à tous les diables les

uns des autres. Oui je suis revenu de chez Daudet où j’ai passé quinze jours à nous promener (dans le landau

de Sapho) sur des plateaux avec des vents à décorner des bœufs – on dit ça tonique, mais c’est bête. J’ai eu

tout le temps mal à l’estomac, et il y a eu des jours où je mangeais deux œufs à la coque pour tout potage

.”

Il rapporte une virée dans un “

cabaret aquatique

” appelé

Les Vieux Garçons.

Les Daudet inénarrables, des attentions à faire pleurer. Je surprenais Mme Daudet venant voir si ma

fenêtre était bien fermée le soir tout comme pour son Zézé.

[…]”

On joint deux autres lettres autographes d’Edmond de Goncourt à Mme Daudet et de son

frère Jules à un directeur de revue.

Dans la lettre adressée à Mme Daudet en janvier 1895, Edmond de Goncourt donne des nouvelles

d’une pièce de théâtre qui a été retoquée avant d’être demandée à nouveau : “

Porel dit que pour jouer ma

pièce il faut un acteur romantique, un amoureux passionné et qu’il n’y a plus que des raisonneurs. Je vous

conterai ça lundi espérant pouvoir ce jour ambuler par la ville

.” (Lettre autographe signée, 1 page in-12.)

Le 1

er

mars 1894, Jules de Goncourt accuse réception de la

Revue artistique

que son correspondant lui

a adressée de Bordeaux. Il lui suggère de consacrer au musée de la ville un article fouillé : “

Ces richesses

des musées provinciaux sont dormantes et inconnues

. […]

J’aime que vous ayez voulu voir clair dans la décen-

tralisation – ce mot, qui n’est pas un mot, et qui est un drapeau

.” (Lettre autographe signée, 1 page ½ in-8.)

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Les habitans sont trop francfortois, c’est-à-dire égoïstes, bas, sots et plats

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GOURGAUD (Gaspard, général).

Lettre adressée à John Jackson.

Francfort, le 1

er

mars 1821.

Lettre autographe signée “Gourgaud” ; 3 pages in-4, adresse avec marques postales sur la quatrième page.

L’exil amer d’un héros de la Grande Armée.

Fidèle entre les fidèles, le général Gourgaud avait accompagné l’empereur déchu à Sainte-Hélène ;

homme d’action, vouant un véritable culte à Napoléon, il supporta mal l’exil et ses relations avec

l’entourage, notamment Las Cases, s’aigrirent au point qu’il dut quitter l’île en 1818. “Qu’on ne

me parle plus de cet homme, devait déclarer l’Empereur au général Bertrand : c’est un fou. Il était

amoureux de moi. Que diable ! je ne suis pas sa femme et ne puis coucher avec lui.”

Interdit de séjour en France, Gourgaud erra à travers l’Europe, rédigeant ses

Mémoires

édités en 1822.

Dans cette lettre datée de Francfort le 1

er

mars 1821, deux mois avant la mort de l’Empereur, il s’épanche

auprès d’un ami anglais installé à Hambourg, John Jackson :

Si je meurs ici d’ennui et de tristesse, c’est au moins une consolation pour moi de voir que mes amis de

Hambourg s’amusent. Ainsi parlant de vos plaisirs vous me dites que vous êtes constamment en fêtes, en bals,

& tout cela c’est très bien – la vie est courte et il faut en jouir autant qu’on le peut

. […]”

Il lui reproche ses publications critiques, lui faisant remarquer qu’elles ne flattent que l’amour-propre,

procurant des plaisirs éphémères et sont sources d’ennuis dans la durée.

Je m’occupe aussi d’un ouvrage que j’intitulerai Souvenirs militaires de Ste Hélène. Aussitôt que je me

déciderai à le publier, je m’empresserai de vous en envoyer quelques exemplaires

.”

Il se préoccupe de son retour en France ; à cette fin, il a fait adresser par sa mère une pétition à la

chambre des Députés. Chaque mot a été pesé et tout ce qui aurait pu froisser tel ou tel a été gommé de

manière à ce que “

les plus grands ultras ne pussent s’en fâcher.

[…]

Si je ne puis pas encore rentrer en France,

je ne sais où j’irai me fixer, mais je vous assure que je quitterai Francfort ; je m’y ennuie trop et les habitans

sont trop francfortois, c’est-à-dire égoïstes, bas, sots et plats.

[…]”