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GIDE (André).

Lettre adressée à un ami

[Valery Larbaud ?].

Bruges, sans date

[mai 1911].

Lettre autographe signée “André Gide” ; 2 pages in-folio à en-tête de

The St. Catherine Press Ltd.

Les débuts difficiles des éditions de la N.R.F. : à propos de

L

a

M

ère

et

l

’E

nfant

de Charles-Louis

Philippe.

En mai 1911, André Gide note dans son

Journal

qu’il passe neuf jours à Bruges “à l’imprimerie de Verbeke

pour corriger les épreuves de

L’Otage,

de

La Mère et l’Enfant,

d’

Isabelle,

de

Corydon

et du numéro de juin de la

revue” – c’est-à-dire des premiers livres de la N.R.F. La publication du roman de Charles-Louis Philippe suscite

une polémique dont Gide s’ouvre à son correspondant, en même temps qu’il se plaint des fautes d'impression.

Je n’ai pas le temps de vous écrire longuement ainsi que je le désirerais. Recommandation amicale de garder tout

votre calme dans ces stupides potins autour de la Mère et l’Enfant, et surtout de craindre d’échauffer la querelle,

que j’apaise de mon mieux (faisant du reste toute réserve sur les procédés que je trouve injurieux pour vous et

pour moi – mais passons).

Je rentre à Paris dans quelques jours (le plus tôt possible) et irai aussitôt converser avec Marguerite Audoux,

Jourdain

[…]

etc. J’ai écrit, par désir de conciliation, que je ne ferai pas mettre en page avant de leur avoir parlé.

J’ai relu soigneusement à mon tour les épreuves et y ai encore retrouvé 8 fautes !

Mais il reste un petit doute au sujet de « Le curé parlait de moi à des maçons : Voyez-vous, on fait instruire des

enfants et ensuite on ne sait pas ce qu’en faire.

[

»

]

?? (fin du 12

ème

[chapitre]

avant la fin du livre).

Et encore… Mais brusquement je songe que vous n’auriez plus le texte pour vérifier. Je regarderai donc ça moi-

même à Paris – puisqu’aussi bien je ne donne pas encore le « bon à tirer ».

[…]”

Souvenirs d’enfance et de jeunesse de Charles-Louis Philippe (1874-1909),

La Mère et l’Enfant

ont paru pour

la première fois à compte d’auteur en 1900, mais dans une version fragmentaire. Après la mort prématurée

de Philippe, ses amis de la

NRF

(André Gide, Henri Bachelin et Valery Larbaud) décidèrent de rééditer ce

livre devenu introuvable, mais dans une version intégrale où tous les fragments inédits étaient rétablis d’après

le manuscrit. Dans le même temps, pour dissiper les critiques et les scrupules que cette édition suscitait chez

d’autres amis de l’auteur comme Marguerite Audoux ou Francis Jourdain, la

NRF

publia une édition réduite,

reproduisant l’originale de 1900.‎

Curieusement, la formule maladroite relevée par Gide, qui sera corrigée dans l’édition (“ne sait pas qu’en faire”)

a été reproduite tel quel dans une conférence sur Charles-Louis Philippe prononcée par Valery Larbaud à

Moulins le 27 avril 1911. Il n’est pas impossible que la lettre de Gide s'adresse précisément à Larbaud.

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