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AUGIÉRAS (François).

Ensemble autour de François Augiéras contenant :

- 5 lettres autographes signées de François Augiéras à Etiemble (1957-1959), 7 pp. au total.

- 3 lettres dactylographiées signées avec corrections et ajouts autographes, 10 pp. au total.

- 4 photographies représentant François Augiéras, dont trois légendées de sa main.

- 16 photographies représentant ses toiles.

- 1 dactylographie de la préface du

Voyage des Morts.

- Divers documents autour de François Augiéras (coupures de presse, lettres autour d’une

exposition, etc).

Très belles et importantes lettres de François Augiéras sur son œuvre,

accompagnées de rares photographies.

François Augiéras (1925-1971) est une des figures hautement singulière de la littérature

française de la seconde moitié du XX

e

siècle. Auteur d’un récit publié à petit nombre sous

pseudonyme (

Le Vieillard et l’enfant

), qui fit l’admiration d’André Gide, il poursuivit par la

suite une œuvre inspirée de sa vie errante et mouvementée.

Etiemble avait évoqué le livre de François Augiéras,

Le Vieillard et l’enfant

dans un article

repris dans

Littérature dégagée

en 1955. Il appréciera encore plus

Le Voyage des morts

, qui parut

en 1959 avec un bandeau reprenant un jugement de lui :

« Des pages admirables »

.

Les deux hommes prirent contact et François Augiéras, dans ces lettres, livre de précieuses

analyses qui éclairent son œuvre.

12.12.57 :

« Je voudrais que vous conserviez ce

Voyage des Morts

, qui plus tard pourrait trouver

un éditeur, être considéré comme un document, comme un essai, d’une pauvreté peut-être un peu

désarmée, émouvante comme certains Douanier Rousseau. »

18.2.58.

« Le Voyage des Morts est un effort un peu étranger à la littérature, valant surtout par la

Réalité atteinte ; il s’agit d’abord d’un système de forme exemplaire, né d’une indiscutable maîtrise

dans les rapports de l’Homme avec le Monde, et d’un érotisme souvent accordé à la splendeur des

astres ; on s’apercevra aussi que le type humain assez primaire décrit dans cette œuvre mérite pour

le moins de retenir l’attention par ses structures mentales, par sa vitalité, et par ses possibilités de

mutations. »

25.10.57.

« Dans la N.R.F. Madame Dominique Aury n’a rien compris à l’émotion de Gide,

grand lecteur de la Bible, gêné, ému de page en page : qu’un enfant séduit chante la gloire de son

tortionnaire déguisé en Dieu, c’est la plus profonde des intrigues, la seule grave. Le mot “Père”

revient sans cesse. Cette erreur, cette abominable confusion est la clef de ce livre hanté par Dieu,

puéril, atrocement religieux. »

30.8.58.

« En effet ma trajectoire est de toute évidence au service d’un langage, d’un système

de forme, à l’ heure actuelle plus ou moins conquis sur le désordre apparemment irrémédiable

de mes premières œuvres. Art d’appel si je n’atteins pas la maîtrise, de toute façon volonté de créer

en rivalité plus ou moins avouée avec les artistes de mon temps ; je dis bien les artistes, et non pas les

écrivains, car cette trajectoire s’inscrit dans le prolongement de l’art moderne, qui fut certainement

plus atteint par la Résurrection de Dieux que notre littérature dans son ensemble, mes petits livres

en couleur, du désert expédiés vers l’Asie, vers l’Europe, vers l’Océanie, par leur virulence, étant

certainement plus proches des audaces valables de nos peintres que des romans de ce temps. »

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