Previous Page  41 / 158 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 41 / 158 Next Page
Page Background

40

9

MARCOUSSIS (Louis).

Portrait de Monsieur G

. (Marcel Jouhandeau).

Eau-forte originale sur parchemin signée au crayon.

Sans date (année 1930).

Format 220 x 170 mm. Format de la feuille 300 x 240 mm. Format du cadre 554 x 450 mm.

Extraordinaire portrait-maléfice de Marcel Jouhandeau.

Monsieur G., c’est évidemment Monsieur Godeau, le double de Marcel Jouhandeau, qu’il

a mis en scène dans plusieurs de ses ouvrages. Marcoussis, réalisa d’ailleurs en 1933 une suite

d’estampes intitulée

Eaux-fortes théâtrales pour Monsieur G..

.

Il avait rencontré l’écrivain en 1926, et sa femme Alice Halicka se souvient :

« Nous avons

connu Jouhandeau chez Bernard Faÿ, il était professeur dans un lycée de garçons. Sa voix douce,

ses manières ecclésiastiques m’avaient frappée. »

Ce superbe portrait, d’une sûreté et d’une finesse de trait remarquables a quelque chose

d’inquiétant, qui tient au regard que l’artiste a donné à son modèle. En supprimant presque

entièrement la pupille de ses yeux, il en a fait une sorte d’être fantomatique, presque extra-

terrestre.

La forte sympathie qui les liait prit fin sans doute en 1937, date à laquelle Marcel Jouhandeau

publia

Le Péril juif

, recueil de trois articles antisémites. Bien que sa famille se fût converti au

catholicisme, Marcoussis était d’origine juive polonaise, il ne pardonna pas à son ancien ami

cette trahison.

Marcel Schneider rapporte dans

Le Goût de l’absolu

(Grasset, 1933) une conversation avec

l’écrivain, dans laquelle celui-ci évoque ce portrait :

« Imaginez-vous qu’il a gravé mon visage et

qu’il l’a entouré de clous rouillés ! Par transmission magique, ces clous doivent me transpercer... ».

L’eau-forte a en effet été clouée sur un panneau de bois à l’aide de clous rouillés, qui rappellent

ceux que l’on trouve dans certaines sculptures africaines. Le panneau est lui-même encadré

d’un tissu grenat et placé dans un riche cadre de bois doré incrusté aux motifs judaïques.

On songe aux « sorts » envoyés par Antonin Artaud à ses ennemis, ou davantage encore à un

envoutement kabbalistique.

Un objet hors du commun.

Exposition : Musée Tavet de Pontoise du 24 avril au 29 juin 1986, n° 17 du catalogue.

4 000 / 6 000