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SEGALEN, Victor.

Stèles.

Pei-King, Des presses du Pei-Tang, 1912.

In-4 étroit (140 x 290 mm) imprimé d'un seul côté sur une feuille pliée formant 102 pages : reliure

formée de deux plaquettes de camphrier mâle attachées par deux cordons de soie jaune, titre gravé

en caractères chinois sur le premier plat

(reliure de l'éditeur).

Édition originale.

Tirage limité à 281 exemplaires : 81 numérotés sur papier impérial de Corée – les 21 premiers sur

un papier plus épais – et 200 sur papier vélin parcheminé. En outre, il a été tiré cinq exemplaires

non numérotés : 2 Chine, 2 Japon et 1 exemplaire de passe.

Un des 81 exemplaires numérotés sur papier impérial de Corée, “non commis à la vente” (nº 63).

L’ouvrage est orné de trois sceaux “apposés à la main et faits de cinabre impérial”.

Il existe deux sortes de couvrure pour

Stèles

, l'une constituée de deux plaques en bois de camphrier

réunies par des cordons de soie, comme ici, l'autre faite de deux cartons recouverts d'une soie

chinoise.

De la stèle au poème : “Un genre littéraire nouveau.”

Fruit du choc éprouvé par Segalen lors de sa première expédition en Chine en compagnie

d’Auguste Gilbert de Voisins (1909-1912), l’édition de

Stèles

fut conçue et financée par son auteur.

L’impression eut lieu à Pékin, sur les presses de la mission lazariste. Elle renferme près de 150

poèmes en prose, avec des épigraphes en calligraphie classique.

Dans une lettre adressée à Gilbert de Voisins, le poète explique sa démarche : “

Cette édition, avec

ses caractères chinois gravés sur bois constituera je crois une nouveauté bibliophilique, car ce n'est pas une plaquette

européenne décorée à la chinoise, mais un essai de tirage et de composition dans lequel la bibliophilie chinoise a une

part équivalente aux lois du livre européen

.”

Ainsi, outre le papier, Segalen emprunte à la tradition chinoise le pliage en accordéon et la reliure

spécifique des recueils d'estampes faite de deux planchettes de bois maintenues par des cordons

de coton ou de soie. Le format de la page est inspiré des proportions des stèles, ces monuments

lapidaires dressés dans la campagne chinoise, au bord des routes, dans les cours des temples, devant

les tombeaux : pages monolithes vantant les vertus d'un défunt, relatant des faits, énonçant des édits

ou des résolutions pieuses.

Beau livre, d'une mise en page non seulement subtile mais d'une incomparable autorité : une des

œuvres phares de la poésie du XX

e

siècle, “un genre littéraire nouveau” selon les vœux de l'auteur –

jusqu'à sa reliure formée par deux ais de camphrier mâle : bois ondé de roux sur fond beige, léger et

naguère odorant…

Précieux exemplaire offert par l'auteur en 1913 à Natalie Clifford Barney.

Il porte cette remarquable dédicace autographe signée :

A une Amazone inconnue,

ces pierres gravées du lointain pays des Sères, – en très respectueux hommage & Tribut,

Tchang-Te-fou 3 Mars 13

Victor Segalen