Le XIX
e
siècle a duré longtemps. Même Picasso avec les
Demoiselles d’Avignon
n’avait pas sonné sa fin. Il fallut attendre 1913 pour que la grande vague de
Marcel Proust qui allait, tel un tsunami, déferler sur la littérature du monde
entier, nettoie le passé et annonce l’arrivée du XX
e
siècle.
Ce siècle allait être celui des guerres mondiales, des découvertes scientifiques
les plus importantes de l’humanité, d’avancées technologiques qui devaient
bouleverser la vie de chacun d’entre nous et presque nous faire changer
d’ère. 1913 survint sans prévenir, comme un tremblement de terre ! Et quel
séisme ! En littérature, Proust, Apollinaire, Roussel. Ce fut l’année où
Marcel Duchamp, Barnum de la culture, montra ses monstres à l’Armory
Show de New York puis à Chicago et Boston. Il y avait là Cézanne, Matisse,
Brancusi, Braque, d’autres. De son côté, Diaghilev avait amené à Paris dans
ses bagages russes Stravinsky et Nijinsky, et ce fut le fameux
Sacre du printemps
,
le 29 mai au théâtre des Champs-Elysées, à l’issue duquel une femme du
monde déclara : “C’est la première fois depuis soixante ans qu’on ose me
manquer de respect !”
Ce théâtre des Champs-Elysées d’Auguste Perret qui venait d’être terminé
et qui a ouvert l’ère du béton.
Avec Rabindranath Tagore qui reçoit le prix Nobel de littérature,
c’est d’une manière éclatante que 1913 annonce le XX
e
siècle qui allait
s’ouvrir tragiquement par une guerre qui devait tout bouleverser
et s’étendre au monde entier.
Pierre Bergé
1913