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[NOUVEAU, Germain, sous le pseudonyme de :] Jean de NOVES.

Valentines.

Sans lieu ni date

[après avril 1887].

Épreuves corrigées reliées en un volume in-8 de (1) f. de couverture en carton souple avec titre

calligraphié et (129) ff. numérotés au crayon rouge 1-147 [les 18 premiers feuillets imprimés au

recto et au verso sont numérotés 1 à 36], (1) f. double autographe [manuscrit du poème “Les

Lettres”] inséré entre les feuillets 120 et 121, (1) f. pour le second plat de couverture, muet :

maroquin janséniste aubergine, dos à quatre nerfs,

doublures de maroquin gris bleu

serties d'un filet

doré, gardes de soie lie-de-vin

(Marius Michel).

Unique jeu d'épreuves connu des

Valentines

, abondamment corrigé par Germain Nouveau.

Ces quelques feuillets d'imprimerie contiennent tout ce qui subsiste de l'état originel de l'ultime

chef-d'œuvre du poète de

Savoir aimer

.

Après un séjour tourmenté au Liban, renouant avec sa vie de bohème parisienne, Germain

Nouveau rencontra en 1885 dans un café de la Rive gauche, un soir d'été –

“Juin, quatre-vingt-cinq,

minuit… presque”

– , celle qui allait renouveler son inspiration, Valentine Renault. De cette femme

célébrée ici, on ne sait presque rien, sinon ce qu'en dit le poète au travers des madrigaux du

recueil. Cette rencontre fut déterminante, suggérant à Germain Nouveau l'idée de ces

Valentines

dans lesquelles il chanterait l'amour profane avec autant d'ardeur qu'il avait célébré, dans

La Doctrine de l'amour

, le sentiment sacré.

Au printemps 1887, Germain Nouveau entreprit de publier les 52 pièces du recueil. L'ouvrage

fut composé par un imprimeur dont on ignore tout – certains ont avancé le nom de Jouve – et les

épreuves aussitôt corrigées par le poète.

Avant de les renvoyer à l'imprimeur, Nouveau en confia un jeu à son ami Léonce de Larmandie

qu'il avait sollicité pour une préface. Polytechnicien catholique, hermétiste et occultiste – le

Sâr Péladan le surnomma “le plus dramatique des psychologues” –, le comte de Larmandie était

alors bien introduit dans les milieux littéraires. Auteur d'essais politiques et ésotériques, de

drames sacrés et de proses mystiques, il avait soutenu Nouveau en 1881 quand celui-ci traversait

sa première crise mystique. Larmandie ne goûta guère ces madrigaux profanes, leur préférant les

poèmes de

La Doctrine de l'amour

, recueil à ses yeux “beaucoup mieux pensé et considérablement

mieux écrit”. Saisi de “scrupules tardifs”, comme le prétendit Larmandie en 1910, “Nouveau ne

publia pas les

Valentines

, détruisit les épreuves, y compris ma préface et trouva même le moyen

d'anéantir la composition”.

En réalité, Germain Nouveau ne put jamais récupérer son jeu d'épreuves des mains de Larmandie

qui le conserva et le dissimula, faisant même courir le bruit qu'il était dans les mains de l'éditeur

Vanier (pour mieux se prémunir du poète qui continua longtemps à lui réclamer le précieux

cahier). Le 6 juin 1909, alors qu'il n'a toujours pas connaissance de la publication clandestine

par Larmandie des poèmes de

La Doctrine de l'amour

sous le titre de

Savoir aimer

, Germain Nouveau

lui écrit à nouveau :

“Quant aux épreuves des

Valentines

que vous retenez, les seules !... Ce sont les seules qui

soient restées d'un projet d'impression d'un ordre tout privé (elles ne devaient pas être mises dans le commerce), j'en ai

eu entre les mains l'attestation écrite de mon imprimeur qui n'était pas M. Vanier, ou le successeur de M. Vanier comme

vous l'inventez maladroitement ; quant aux épreuves des Valentines, nous comprenons enfin que vous ne les rendrez

ni communiquerez jamais ! Vous ne consultez dans toutes ces questions que votre seul intérêt. C'est dommage, car en

changeant le titre de l'ouvrage, en supprimant certaines pièces, en en corrigeant certaines autres cela aurait pu faire une

plaquette dont la publication eût pu m'être utile. Vous me privez de mon travail.”

Le volume ne vit donc jamais le jour et on ne connaît aujourd'hui de cette tentative que ce seul jeu

d'épreuves : les nombreuses corrections typographiques qu'il porte indiquent qu'il s'agit bien des

premiers placards imprimés, hypothèse renforcée par l'ajout du manuscrit complet d'un poème,

Les lettres

, dont les huit premières strophes manquaient à la composition.