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MOLIÈRE, Jean Baptiste Poquelin, dit.

Les Œuvres.

Reveuës, corrigées & augmentées. Enrichies de figures en taille-douce.

Paris, Denis

Thierry, Claude Barbin et Pierre Trabouillet, 1697.

8 volumes in-12 : maroquin rouge, dos à nerfs richement ornés, large roulette dorée encadrant les

plats, armes dorées au centre, coupes et bordures intérieures décorées, tranches dorées sur marbrures

(reliure de l’époque).

Précieuse édition ancienne des

œuvres

de Molière.

Elle reprend le texte et les figures de la première édition collective illustrée, publiée en 1682

par les mêmes libraires. Le texte a été établi sur les manuscrits de Molière par les comédiens

Vinot et La Grange.

L’illustration comporte 30 figures gravées par

J. Sauvé

d’après

P. Brissart

à pleine page.

Cette importante édition collective de 1697 a souvent été considérée, à tort, come une simple

réimpression de celle de 1682. Si le texte est le même (hormis une modernisation de l’orthographe),

la composition typographique et la pagination sont différentes. Les eaux-fortes de cette édition de

1697 sont souvent une réimpression de celles de l’édition de 1682. Dix d’entre elles, cependant,

datent du tirage originel (cf. Guibert, pp. 648-650).

Précieux exemplaire relié à l’époque en maroquin rouge pour Jean de La Vieuville,

un des fameux “curieux” de la fin du XVII

e

siècle.

Bailli de l’ordre de Malte et son ambassadeur en France, Jean de La Vieuville était le second fils

de Charles qui, par son mariage avec Françoise de Vienne de Châteauvieux, avait acquis le comté

de Confolens et la baronnie de La Villate, tous deux en Poitou.

Charles fut gouverneur du Poitou, comme son fils aîné René-François, connu des bibliophiles

par la “dentelle La Vieuville” ornant les reliures de sa bibliothèque. Leur grand-père avait été

surintendant des finances du roi Louis XIII.

“Le bailli de La Vieuville, beau-frère de la dame d’atours de Mme la duchesse de Berry, succéda

au feu bailli de Noailles à l’ambassade de Malte et y fit tout noblement”, dit Saint-Simon,

qui ajoute : “C’était un des hommes les plus aimables que j’aie vus, et un fort honnête homme, noble

et magnifique autant qu’il le put dans son emploi, sans faire tort à personne”.

Jean de La Vieuville semble avoir partagé les goûts de son frère, au moins pour les livres.

Il mourut le premier, en 1714. “L’un et l’autre appartenaient au petit cercle des ‘curieux’ qui

s’est développé à Paris à la fin du règne de Louis XIV et dont l’activité anticipe le grand mouvement

bibliophilique du plein XVIII

e

siècle” (Jean-Marc Chatelain).

Les deux frères ont été longuement étudiés par Isabelle de Conihout et Pascal Ract-Madoux dans

le catalogue de leur exposition consacrée aux

Reliures françaises du XVII

e

siècle, chefs-d’œuvre du musée

Condé

(2002, pp. 67-68 notamment).