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[MARTINIQUE].

Renseignemens sur les Principaux Evénemens survenus aux Iles du

Vent Françaises pendant le Cours de la Révolution. Notamment sous

le Gouvernement de Mr de Béhague Depuis 1790 jusqu’à la Paix

d’Amiens. Par un ancien Marin.

S.l. :

1804. —

Manuscrit in-4, 230 x 176, de 117 pp. Demi-maroquin

vert à long grain à coins, dos lisse (

reliure de l’époque

).

Précieux manuscrit relatant les événements survenus aux îles Sous-le-

Vent, et en particulier en Martinique, entre 1791 et 1802. Il fut écrit

par un témoin oculaire des faits racontés.

Ce témoin se présente sur le titre comme « un ancien Marin ». Une

note, d’une autre main, indique sur la première doublure qu’il s’agit

du « Manuscrit de Monsieur de la Pasture appartenant au Vte de

Maupeou. »

Le manuscrit est écrit sur les trois quarts de chaque page, le dernier

quart formant sur la gauche une marge destinée à des notes.

Le récit est divisé en 4 parties :

La première donne les renseignements préliminaires (pp. 4 à 20).

L’auteur indique qu’il veut « mettre sous les yeux du lecteur l’état des

colonies françaises d’Amérique au moment de la Révolution de 1789

et l’historique de la première insurrection qui donna lieu à l’envoi

d’une expédition militaire à la Martinique. » Il fait référence dans une

note page 13, à M

me

Joséphine de Beauharnais.

La seconde partie occupe les pages 21 à 74 ; elle est en grande partie

consacrée à Jean-Antoine comte de Béhague, devenu gouverneur de

la Martinique en 1792. L’auteur dresse tout d’abord l’état des forces

militaires stationnées aux îles Sous-le-Vent en 1791. Son récit montre

constamment le décalage entre les événements en France et leur

écho dans les îles : « Ce fut avec ce signe de l’ancienne Monarchie [le

pavillon blanc], et au moment où elle succomboit en Europe, que M.

de Mallereault sur la Calypso, accompagné du Maréchal de Castries,

se rendit à St Christophe pour en expulser la partie du convoi du G

l

Rochambeau qui avoit été y relâcher » (p. 46).

La confusion est grande ; du port de carénage « se répandaient avec

profusion des pamphlets (…) soit pour annoncer les succès des armées

de la Nouvelle République, soit pour répondre aux proclamations de

M. de Béhague ; souvent aussi pour inviter les mulâtres à jouir de leurs

droits de citoyens et les soldats et marins à se soulever et à déserter… »

(p. 56).

Après avoir essayé de soulever la colonie contre les décrets de

l’Assemblée nationale, Béhague vit son autorité méconnue à la suite

du 10 août. Les circonstances de sa retraite sont rapportées en détail :

« on s’attendoit à voir M. de Béhague s’embarquer sur la Ferme

publiquement, à la tête de tous les militaires restés fidèles au parti

Royaliste. Il n’en fut pas ainsi. Il préféra se retirer à bord d’un bâtiment

de Commerce anglais, qu’il avoit freté pour lui, et sur lequel il partit

l’avant veille de l’évacuation de l’île (…) Mais ce départ anticipé

et pour ainsi dire à la dérobée, parut peu digne du Caractère d’un

Général en chef, et anima contre lui les nombreux ennemis qu’il avoit

dans tous les partis. Enfin, le 9 janvier 1793, à la pointe du jour, la

Division Royaliste, encombrée d’Emigrants mais légère de Marins et

d’approvisionnemens, mit à la Voile pour s’éloigner de la Martinique

; et selon qu’il avoit été convenu, le Pavillon tricolore ne fut arboré sur

les Forts, que lorsqu’elle fut hors de la Baye de fort-Royal » (p. 74).

Les pages 75 à 100 forment la quatrième partie et concernent les

événements après le départ de M. de Béhague, à partir de 1793.

La colonie attend beaucoup de l’arrivée de Rochambeau nommé

gouverneur. La Martinique se soulève, de nombreuses propriétés sont

incendiées : « Mr de Béhague , de l’île de Grenade où il s’étoit retiré,

se rendit aussi à la Martinique à la nouvelle de la prise d’armes des

habitants. Mais on lui tint peu compte de son empressement. Les

griefs qui existoient contre lui n’étoient point oubliés » (p. 85).

La dernière partie couvre les pages 103 à 113 et porte sur les

événements qui se déroulèrent de 1794 jusqu’à la paix d’Amiens. « La

ville de la Basse terre fut attaquée ensuite quoique mieux fortifiée

que la Pointe à Pitre elle fut aussi facilement soumise par suite du

manque de troupe pour garnir les forts et les batteries. Marie Galante,

les Saintes îles voisines de la Guadeloupe n’essayèrent même pas de

résister, et subirent le même sort alors toutes les colonies Françaises du

Vent passèrent sous la domination de l’Angleterre » (p. 110).

Il ne s’agit ici que d’extraits pris au hasard qui ne sont hélas pas

représentatifs de l’importance de ce document pour l’histoire des

colonies françaises à l’époque de la révolution.

L’écriture est parfaitement lisible. On y trouve quelques ratures et

corrections. Frottements d’usage aux coiffes et aux coins.

6 000 / 8 000