![Show Menu](styles/mobile-menu.png)
![Page Background](./../common/page-substrates/page0059.jpg)
58
Stéphane
MALLARMÉ
– Deux lettres autographes
signées [
à Méry Laurent
, 1893 et 1894], présentées sous
une reliure petit in-12 carré, plein maroquin vieux-rose,
dos lisse, titre doré au dos et au plat supérieur, le nom de
l’auteur au dos, étui [Alix].
150
Stéphane
MALLARMÉ
(1842-1898)
– Lettre autographe
signée adressée à Armand Renaud. Tournon,
Lundi 27 juin
[1864]. 4 pp. in 8.
Mallarmé se plaint du silence de son ami puis évoque ses
travaux encours : « …l’articleque j’ai fait surles chers
Caprices
de boudoir
[d’Armand Renaud] a-t-il paru dans
l’Artiste
?... Je
viens d’en terminer un sur
les Flèches d’Or
[d’Albert Glatigny,
paru la même année]… J’ai fait peu de vers depuis ceux que
j’ai envoyés à Cazalis, mais quelques poèmes en prose…et
une symphonie littéraire où Th. Gautier, Baudelaire, et de
Banville entrent comme motifs… »
Il annonce la future naissance de sa fille qui le contraint
à demeurer loin de Paris : « ...Je resterai auprès d’elle
autant que possible, mais
je ne saurais, sous peine de
déchéance spirituelle, rester toujours – j’ai besoin
d’hommes, de parisiennes, de musique et de tableaux.
Je suis déjà aux trois quarts abruti
… »
Références :
Correspondance de Mallarmé
(H. Mondor
et J.-P. Richard puis L.J. Austin 1959-1985, Gallimard) et
Lettres sur la poésie 1872-1898
(Bertrand Marchal, coll.
Folio, Gallimard, p.183).
€ 1’500 - 2’000
149
« Valvins, Dimanche soir [3 septembre 1893]
Tu es une personne inouïe. Quand le train te contient, il
ne s’arrête pas ; et quand il s’arrête, tu y manques.
J’ai en vain cherché à toutes les portières et appelé
Madame Méry Laurent, Élisa, rien.
Il n’y avait pas à se tromper sur le train malgré tes
indications inexactes, puisque je l’ai pris jadis, suis
descendu ici, te disant adieu, au retour de Royat.
C’est l’express de jour de Clermont retour, en gare de
Fontainebleau à 5h14. La veille j’avais été consulter le
chef de gare… » suit une énumération de rendez-vous
manqués faute d’indications précises.
Mallarmé, dépité, reprend ensuite : « …
Tu n’es pas
sans comprendre ma déception. J’avais une certaine
envie de t’embrasser. Au lieu de cela, cette lettre, qui
ressemble à un indicateur ; et que tu liras, c’est bien
fait pour toi.
Pourtant, j’avais été la veille, connaissant ton
vague de voyageuse, trouver le chef de gare lui-même.
Qu’est-il arrivé ?… Ah ! je te tire un petit peu les cheveux,
va. Tu n’as pas un mot à répondre, sinon que tu es une
dame à qui la précision dans les renseignements fait
défaut. Je t’aime bien tout de même, mais ai vraiment de
l’ennui. Je comptais sur vingt-deux minutes ensemble et
refaire provision de toi. Je ne t’embrasse pas, avec plaisir,
sur ce simple papier… »
« Honfleur, [10 juillet 1894]
Tu en auras soixante même [par référence à des crabes
évoqués dans une lettre précédente, du même jour] ; et
je recommande au plus gros de te pincer. Ils ne le sont
pas, très gros, tu sais, c’est exprès, mais tendres, parce
que cela convient au riz. Madame Mallarmé l’a dit. Nous
allons aller en ville, voir, parce qu’il n’y en a pas toujours,
et je mettrai le résultat au dos de l’enveloppe. Voilà que
j’ai un œil rouge, affreux et ne puis guère lire : cela tient
à ce qu’il y a aussi des meurtrières au Châlet. Tout irait à
souhait, pourtant, n’était ma femme assez souffrante, je
crois l’air d’ici trop puissant pour elle... »
Stéphane Mallarmé signe cette lettre verticalement, en
marge, de son monogramme.
Méry Laurent
(1849-1900) fut la maîtresse de Mallarmé
vers 1874, elle tint un salon littéraire fréquenté également
par Émile Zola, Marcel Proust et Édouard Manet don elle
devint le modèle.
Nous remercions Bertrand Marchal dont l’aide a été
précieuse pour la rédaction de cette notice.
Lettres à Méry Laurent
, éd. établie et présentée par
Bertrand Marchal. Gallimard, 1996, pp. 143-144 et 162-163.
€ 2’000 - 3’000