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Henry de Monfreid : aventures et manuscrits

RTCURIAL

14 juin 2016 14h. Paris

Histoire d’Henry de Monfreid

à travers ses manuscrits

On a parlé d’Henry de Monfreid

(1879-1974), contrebandier. Il est

vrai qu’écouler 12 tonnes de haschich

entre 1922 et 1926 sur le marché de

la contrebande en Égypte – telle la

contrebande de tabac aujourd’hui -,

à la barbesdes Anglais qui veillaient

jalousement sur leur poule aux œufs

d’or, n’est pas banal ni de tout repos !

Mais là n’est pas le plus étonnant, car

les plus grandes quantités écoulées par

Henry, l’ont été vers ceux qu’il a, d’une

autre manière et avec une tout autre

substance, drogués : ses lecteurs.

Au début, dose homéopathique : une ou

deux lettres par semaine à son « cher

tout repos ! Ni pour lui-même, ni pour

ses manuscrits. S’ils ne nous

sont pas

tous parvenus – aventures oblige -,

beaucoup sont toujours là.

Plongeant à nouveau dans son trésor

initial, Henry écrivit une première

série de manuscrits d’aventures vécues

dans la même veine que son premier

livre et dont les titres parlent d’eux-

mêmes :

La Croisière du Haschich,

La Poursuite du Kaïpan, L’Homme

sorti de la Mer, Le Lépreux.

Écriture

décidée, au stylo à encre, d’un homme

d’un peu plus de cinquante ans.

Dactylographies raturées, collées,

modifiées avec sa femme Armgart

papa », puis à sa « chère amie », plus

tard sa femme, Armgart Freudenfeld.

Et cela pendant des années d’aventures

– 1911 jusque vers 1922 -, le tout

formant des centaines de lettres. Ce

trésor inestimable, ce tas de drogue

littéraire brute, sera conservée intact

1

.

Et comme pour le haschich, Henry

l’affinera et l’écoulera par petites

doses, dix ans plus tard dans un

premier livre avec les encouragements

de Joseph Kessel :

Les Secrets de

la Mer Rouge.

À partir de ce début

prometteur, commence pour Henry une

nouvelle aventure, celle de la drogue de

l’écriture. Et pour ses lecteurs, ce sera

l’addiction. L’expérience ne sera pas de

qui était très exigeante, et dont on

peut être sûr que chaque correction a

fait l’objet, sinon d’une dispute, d’au

moins une vraie discussion, voire d’une

négociation…

Mais Henry n’était pas seul dans

ses aventures, ne serait-ce que pour

manoeuvrer son cher

Fath-el-Rahman

,

ou son cher

Altaïr.

Il raconta donc

celles de certains de ses matelots, ou

les légendes qu’il avait entendues dans

la corne de l’Afrique. Ce furent les

manuscrits de

Abdi l’Homme à la

Main Coupée, L’Esclave du Batteur,

Le Dragon de Cheick Hussein, Le

roi des Abeilles.

Et là encore l’homme

Archives Henry de Monfreid © adagp