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les collections aristophil
999
PROUST MARCEL 1871 1922
L.A.S. à la Princesse SOUTZO
; 8 pages in-8 à l’encre.
7 000 / 8 000 €
Lettre autographe importante signée à l’encre Marcel Proust à la
Princesse Soutzo, femme de Paul Morand.
« Comme aux temps lointains et bénis où Antoine Bibesco vous préve-
nait que je ne savais jamais d’avance comment je serais, voulez-vous
me laisser venir seulement dans la soirée. J’aurais peur, en acceptant
à dîner, si au dernier moment j’étais trop mal, de déranger votre table…
Dans l’excellente revue de fin d’année où, compère agoraphobique
et chancelant, j’entrais plus mal que bien (sans les tournoiements
destinés à nous en imposer deux secondes M. Gautier-Vignal), vous
ne m’avez pas laissé dire bonjour et vous m’avez entraîné vers Mme
Landowska en train de mordre Mlle Vacaresco à la fesse… »
« En tous cas si cela vous ennuie que Beaumont amène par la main
son cousin, il pourrait apporter dans sa poche la photographie de sa
grand-tante (Mme de Beaumont, amie de Gambetta) (il m’a promis
de la montrer) et je lui poserais d’autres questions sur de défuntes
Beaumont, bien que n’ayant pas l’intention d’écrire une monographie
mais c’est, très « temps de Cirrio et du 1
er
Ritz » que ces évocations
de vieilles dames. Au jeune Boisgelin, j’eus souhaité que Morand
ajoutât son ami Martin du Gard… Mais oublions tous cela car je ne
viendrais sans doute pas, et comme si je viens, je ne verrais que vous,
comme cela m’arrive heureusement toujours, excepté quand vous
vous dissimulez dans d’invisibles salons et restez trois heures après
m’avoir dit : je pars, afin que je constate que si vous avez prolongez,
ce n’était pas pour moi. Ce qui n’était pas à démontrer car c’était
évident et hélas je le savais déjà. » […]
999
1000
PROUST MARCEL 1871 1922
L.A.S.
, Paris,
au Dr Abel DESJARDIN;
3 pages in-12
à l’encre signé Marcel Proust, enveloppe conservée.
3 000 / 3 500 €
« Que tu es gentil de ne pas m’avoir oublié. Je te remercie de tout
cœur de ton invitation, hélas je me lève à peu près une fois par mois
le jour où je suis assez bien et il y a très peu de chance pour qu’il
tombe le jour de ta soirée justement… Ta lettre m’a laissé un sentiment
de regret assez triste mais je ne le regrette pas cependant… Car ce
qui subsistera, c’est la douceur de ton souvenir et la persistance de
notre amitié. » […]
Abel Desjardin fut l’un des camarades de Marcel Proust et de son
frère Robert au lycée Condorcet où son frère Paul Desjardin, jour-
naliste et dreyfusard, enseigna.
(Légères restaurations et pliures centrales)
1000